World News in French

Histoire de l'avenue Victor-Hugo, à Tulle, symbole du développement économique et des évolutions de la société

Il y a cent ans tout pile, l’avenue Victor-Hugo était une fourmilière. Pas moins de 63 commerces y avaient pignon sur rue, d’après le recensement de la population.

Au hasard, six auberges-restaurants, un biscuitier, deux meuniers (avec roue à aube sur la Corrèze), quatre cordonniers, trois bourreliers, deux marchands de charbon et cloutiers, deux marchands de chaux et trois ferblantiers, mais encore un vendeur de pianos et de disques, un de faïence, porcelaine et cristaux et trois chaisiers.

« Cette avenue, c’est l’emblème du développement économique de la ville à la fin du XIXe et au début du XXe siècle », constate Pierre Courteix. Dans les documents d’archives, l’historien local a encore trouvé deux bouchers, quatre magasins de confection, un vendeur de bougies et cierges et deux banquiers.

« Dans cette rue, la modernité a toujours été présente. On y trouve tous les petits métiers de l’époque, mais elle a marqué le début de la société bourgeoise de consommation. » Les échoppes s'alignent le long de l'avenue (Archives départementales FRAD019_022Fi_1086)

A la pointe de modernité

Au début de cette ère prospère, les commerces de bouche sont les plus nombreux. Puis, l’habillement et le bâtiment s’y multiplient pour devenir les plus représentés ; au début du XXe siècle encore, seules des entreprises présentes dans l’avenue Victor-Hugo érigeront l’École Normale d’instituteurs.

On y passe de la traction animale aux moteurs à explosion et « l’ancêtre de Desjacques, qui vendaient les premiers disques et matériels audio, a aussi installé la première antenne, avant même l’ORTF », salue Pierre Courteix.Les pas-de-porte n’y sont pas très grands, mais les ateliers profonds, jusqu’à la rivière (depuis le quai de Rigny, tracé plus tardivement, on en voit encore les vestiges). La circulation s’y fait à double sens jusqu’au milieu du XXe siècle. On voit quelques habitations, à l’étage des magasins.

D'une simple tranchée à une avenue commerçante

Au Moyen-Âge, elle prend pied dans le faubourg Saint-Jacques, avec sa chapelle et le fameux chemin qui la borde. « Le vieil itinéraire passait par le pont de la Pierre, La Bachellerie, le bois des Malades, la côte du Carmel pour toucher à l’octroi. Cet octroi, rappelle Pierre Courteix, est resté en place près du pont de la Barrière jusque dans les années 1950-60. Au XIXe siècle, les paysans se sont révoltés à cet endroit contre la vie chère, il y a eu un mort. »Les petits artisans sont nombreux dans l'avenue (Archives départementales FRAD019_051Fi_0951)

Au début du XIXe siècle, la rue du Faubourg Saint-Jacques est percée. « Quand le train est arrivé, il a fallu que la Manufacture et la gare soient reliées au centre-ville, c’était le début de la rue qui fonctionnait. Les gens l’appelaient alors la Tranchée. Il y avait peu de maisons. Au fur et à mesure du développement industriel de la ville, elle est devenue l’axe de liaison entre le sud et le nord, le lien entre la gare, la campagne et le centre-ville, un passage obligé. »

Au grand homme

Le 28 mai 1885, au lendemain de la mort de Victor Hugo, le conseil municipal d’Ernest Brugère lui donne le nom de l’illustre écrivain. L’opinion publique apprécie. Un hommage aussi à son oncle, Louis Joseph Hugo, qui a été maire de la ville de 1849 à 1851. Et un clin d’œil à sa cousine bien-aimée, qui fut religieuse au carmel situé juste au-dessus. « Les carmélites faisaient des pâtisseries que les gens venaient acheter. »

« L’avenue a été dynamique pendant longtemps, se souvient l’historien local. Les grands magasins lui ont fait du tort. » 

Histoire de la rue Jean-Jaurès, à Tulle, une voie gourmande et intellectuelle

Au fil de la rue

Mobilités. Avenue Victor-Hugo, la révolution des transports est en marche. On passe de la traction animale au moteur à explosion et au vélo. Au 84 de l’avenue, le magasin de sellerie et de harnachement Guionie en est le symbole, le fils posant fièrement avec une bicyclette. Chez Guionie, chevaux et vélos cohabitent. (Archives Départementales FRAD019–051Fi – 1509) 

Générations. Au 11 de l’avenue, Charles Brival a monté son affaire de cycles vers 1928 ; les motos y sont déjà en bonne place. Quatre générations plus tard, c’est le numérique qui gagne du terrain. Charles Brival devant son magasin de cycles avec une moto en 1928 (collection famille Brival) 

Alimentation. En 1924, cinq épiceries alimentent les Tullistes, dont L’Économat du Centre, preuve que les modes de consommation ont déjà commencé à changer. Le Monoprix suivra. Avec 17 enseignes, les commerces de bouche sont les plus nombreux. Les commerces de bouche sont les plus représentés au début du XXe siècle (Archives départementales T 046399-50799) 

Production. Rue du Faubourg Saint-Antoine, puis avenue Victor-Hugo, de nombreux ateliers sont en activité : tous les petits métiers d'alors sont représentés, même des meuniers. Deux minoteries plongent leur roue à aube dans la Corrèze. La minoterie vue côté Corrèze (Archives municipales 9Fi1_2)

Blandine Hutin-Mercier

Читайте на 123ru.net