Lucas Delage, l’analyse d’une évolution
Dans cette interview, nous découvrons Lucas Delage, 23 ans, un analyste vidéo passionné qui a trouvé sa voie dans le football grâce à l'analyse vidéo. Persévérant et curieux, il s’inspire des parcours d’autres experts et envisage un avenir où ce métier, déjà incontournable pour la performance et le développement des joueurs, occupera une place toujours plus centrale dans les clubs. Avec un regard pointu sur le jeu, il sait que l’analyse vidéo est une clé de progression, non seulement pour les joueurs, mais aussi pour lui-même.
Peux-tu me parler de ton enfance ?
L. D. : "Je n’ai pas eu une enfance particulièrement difficile. J’ai grandi entouré de mes parents, qui étaient ensemble jusqu’à mes 3 ans, avant de se séparer. Tout s’est passé dans de bonnes conditions. La garde alternée s’est bien mise en place, et mes parents ont toujours su s’entendre pour mon bien. J’ai eu leur soutien, que ce soit dans mes études ou dans le sport, et mes grands-parents étaient aussi très présents pour m’accompagner, me conduire là où j’en avais besoin. Je n’ai vraiment pas eu de difficultés majeures dans ce cadre familial. J’ai aussi une demi-sœur et un frère. Je ne les vois que rarement, peut-être deux ou trois fois par an, car je n’habite pas tout près d’eux. Mais chaque fois que nous nous retrouvons, cela se passe toujours bien."
Comment es-tu arrivé à Dunkerque ?
L. D. : "Je suis né et j’ai grandi à Tours. À 19 ans, j’ai quitté ma ville natale pour poursuivre mes études dans le Nord, à Calais. J’y ai intégré un DEUST spécialité Foot, un programme de deux ans. À l’époque, seuls deux établissements en France proposaient ce DEUST spécialité Foot : Montpellier et Calais. J’ai postulé aux deux, mais c’est à Calais que j’ai été retenu, ce qui m’a conduit ici dans le Nord. Ensuite, j’ai suivi une formation privée pour devenir analyste vidéo. C’est dans ce cadre que je suis arrivé à Dunkerque pour un stage d’un an. Cette année-là, nous sommes montés en Ligue 2, et le coach Chabert m’a fait confiance en me proposant de rejoindre le staff. Depuis, tout se passe bien, dans la continuité avec Luis Castro, l’ambiance est très bonne.
En quoi consistait ton DEUST spécialité Foot ?
L. D. : "C’était un peu similaire aux études en STAPS, mais avec un programme entièrement orienté vers le football. Par exemple, en histoire du sport ou en musculation, tout était en lien avec le foot. On avait également des entraînements spécifiques et des cours de médecine du football, d’ostéopathie et de préparation physique, toujours en lien direct avec notre discipline. Ce qui était intéressant aussi, c’est que le programme incluait la préparation au BMF, le Brevet de Moniteur de Football, qui est le premier diplôme d’État pour entraîner. C’est cet aspect 100 % foot qui m’a attiré, car STAPS est plus général."
Donc, tu as déménagé pour t’installer à Calais, connaissais-tu du monde en arrivant ?
L. D. : "Oui, c’est ça, je suis parti à Calais à 19 ans sans connaître personne sur place. Partir ne m’a pas fait peur, car j’ai grandi en étant fils unique jusqu’à mes 13 ou 14 ans, donc j’étais habitué à être assez autonome. Ce qui a été compliqué, c’était l’adaptation. Quand je suis arrivé en septembre, il pleuvait, il faisait gris, et en plus, c’était en pleine période Covid. J’ai commencé les cours début septembre, mais je n’ai rencontré les autres de ma promotion qu’en mars ! Durant ces premiers mois, je n’avais de contacts qu’à Loon Plage, où je jouais au foot, mais les interactions restaient limitées, avec les dérogations pour les entraînements. Donc ce n’était pas le départ en lui-même qui était difficile, mais bien l’isolement dû au contexte."
Et comment as-tu vécu cette période ? Le Covid t’a vraiment impacté mentalement ?
L. D. : "Oui, un peu, je dirais. Ce n’était pas le fait de quitter chez moi qui était difficile, mais plutôt l’isolement, ne voir personne. Même si certains m’ont tendu la main de temps en temps, j’arrivais dans une région où je ne n’avais aucune connaissance, dans un club de foot où tout le monde m’était inconnu, et dans une fac où je n’ai pu rencontrer mes camarades que quatre ou cinq mois plus tard. Mentalement, ça a été un peu compliqué. Heureusement, avec les restrictions Covid, tout s’est arrêté et j’ai pu rentrer chez moi, mais ces deux ou trois mois seuls ont vraiment été éprouvants."
Et toi, ça a toujours été le foot ?
L. D. : "J’ai commencé le foot très jeune, à 4 ans. Puis, vers 6-7 ans, j’ai aussi débuté le judo, que j’ai pratiqué jusqu’à mes 11 ans. À ce moment-là, j’ai dû choisir entre sport-études judo et sport-études foot, et j’ai opté pour le foot. Depuis, c’est resté mon sport, et je n’ai plus arrêté."
Y a-t-il d'autres sports qui t’auraient intéressé ?
L. D. : "J’aime vraiment tous les sports. Mes parents viennent du milieu du cyclisme et ont un peu pratiqué le handball, j’ai souvent fait du vélo. J’aime beaucoup ça, mais ce n’est pas un sport dans lequel je me voyais faire de la compétition. Le football, en revanche, c’est celui qui me correspondait le mieux et dans lequel je me voyais vraiment évoluer."
Tu ne t’imagines pas faire du sport sans la compétition ? Pour toi, les deux sont forcément liés ?
L. D. : "Oui, pour moi, le sport et la compétition vont de pair. Par exemple, courir un kilomètre ou deux sans un véritable objectif ou classement à la fin, ça ne m’apporte pas la même motivation. J’ai toujours pratiqué le sport pour ressentir les émotions et l’adrénaline de la compétition."
Le collectif, c’est important pour toi aussi ?
L. D. : "Je ne sais pas si j’ai choisi le foot précisément parce que c’est un sport collectif. Peut-être qu’en judo, j’aurais pu évoluer de la même façon. Mais ce qui me marque vraiment dans le sport collectif, c’est le côté relationnel : rencontrer des gens, partager des moments forts avec eux. Ce sont ces liens et ces expériences communes qui, je pense, rendent le sport collectif si spécial."
La notion de partage est importante pour toi ?
L. D. : "Oui, cette notion de partage est essentielle. Dans un sport individuel, tu vis ton parcours seul, tu t’entraînes pour toi, et tes performances sont personnelles. Mais dans un groupe, tu ne peux pas tricher, car tu le fais aussi pour tes coéquipiers. C’est ce partage qui rend les victoires plus belles et les bons moments encore plus précieux."
Comment as-tu signé à Loon-Plage en tant que joueur ?
L. D. : "Pour signer à Loon Plage, c’est un peu grâce au frère de mon meilleur ami, qui a joué le rôle d'agent à l’époque. En m’installant à Calais et alors que je cherchais des logements, cette personne a contacté plusieurs clubs pour voir s’il était possible que je fasse un essai. Le premier club que j'ai approché était Grande Synthe, mais ça ne s'est pas concrétisé. Ensuite, j'ai eu le choix entre Marc en Calaisis et Loon Plage, et finalement, c’est vers le deuxième club que je me suis tourné, j’y ai joué pendant quatre ans. J’ai arrêté cette année pour me consacrer pleinement au club de Dunkerque et à mon métier."
Comment es-tu arrivé à l’USLD?
L. D. : "C’est le président de Loon Plage qui connaissait Edwin Pindi et l’a contacté, ainsi que Benjamin Rytlewski, qui était déjà à l'époque adjoint. Lorsque je suis arrivé, Benjamin s'occupait aussi de la vidéo. Mon profil l’intéressait car ils n’avaient pas de personne dédiée à cela. J'ai passé cette année-là à m'intégrer en tant que stagiaire et, par la suite, j’ai eu la chance d’obtenir un contrat. Tout a vraiment pris de l’ampleur avec l’arrivée de Mathieu Chabert. Il a intégré toutes les personnes présentes, y compris moi, sans me considérer comme un simple stagiaire. C'est à ce moment-là que j'ai réellement rejoint le staff, et cela a été un tournant. À son arrivée, l’équipe n’était pas bien classée, mais nous avons terminé la saison en beauté, avec une montée. Ces 3-4 mois ont été exceptionnels, et il m'a fait confiance pour continuer la saison suivante en tant que salarié."
À ton arrivée au club, tu étais assez réservé…
L. D. : "Oui, c'est vrai. Je suis quelqu'un de timide et réservé, et je préfère ne pas attirer l'attention sur moi. En arrivant en tant que stagiaire, je découvrais le club et j'étais vraiment reconnaissant d'avoir été accepté. Ne connaissant personne, j'étais un peu dans mon coin au début. J’essayais de faire de mon mieux dans mon travail, mais je restais discret, cherchant à apprendre dans cet environnement nouveau."
Pour toi, c'était comme un symbole de changer de bureau et d'intégrer celui du staff ? Est-ce que tu considères que c'est le début de ta carrière, à ce moment-là ?
L. D. : "Oui, tout à fait. Le premier moment marquant pour moi, c'est lorsque j'intègre le club en tant que stagiaire. Mais le deuxième moment déclencheur, c'est vraiment celui où je rejoins le bureau du staff. À ce stade, je fais partie intégrante d'une équipe, et dans ce bureau, on parle de tout ce qui concerne l’équipe et les adversaires. Cela me plonge dans l'intimité du staff, et c'est une véritable reconnaissance de mon travail. Je considère que c'est là que tout a vraiment commencé pour moi."
Est-ce que tu t'es déjà senti non légitime à tout ce que tu vivais ?
L. D. : "Non, pas vraiment. Étant quelqu'un de très réservé et qui préfère ne pas se faire remarquer, j'ai d'abord concentré mes efforts sur le travail qu'on me demandait. J'essayais même de faire un peu plus. Je ne donnais pas mon avis, sauf si on me le demandait. En arrivant dans le staff, j'étais jeune, je le suis encore aujourd'hui, mais à l’époque, je ne me serais pas permis de donner mon opinion sans y être invité."
Aujourd'hui, quand je repense au Lucas stagiaire, j'ai l'impression qu'il y a une énorme évolution…
L. D. : "Oui, je suis tout à fait d'accord. Il y a eu une grande évolution, et assez rapidement. Après ma première saison en tant que salarié avec le coach Chabert, j'ai été vraiment bien intégré au staff, ce qui m'a permis de commencer à évoluer. Ensuite, avec l'arrivée de Luis Castro, j'ai eu un rôle encore plus fort. Le coach considère que l'analyste vidéo a son importance et il m'encourage à donner mon avis, même si c'est moins que celui des entraîneurs principaux. C'est une grosse marque de confiance. On a réussi à créer une bonne ambiance au sein du groupe, même si les résultats étaient d'abord difficiles, ce qui entraînait pas mal de critiques. Mais nous sommes restés soudés et avons donné le maximum pour faire progresser l'équipe. Petit à petit, nous avons commencé à accumuler des points, et notre fin de saison a été exceptionnelle. Tout cela est le fruit d'un travail acharné et de la confiance mutuelle entre tous les membres du staff. C'est vraiment gratifiant et ça me rend très épanoui dans ce que je fais."
Pour toi, la confiance est primordiale ?
L. D. : "Oui, absolument, surtout au sein d'un staff. Nous sommes un bureau assez restreint, avec entre 8 et 10 personnes. Cela peut sembler un nombre important, mais la confiance est essentielle. On ne peut pas vraiment travailler efficacement sans elle. C'est crucial d'avoir confiance dans les capacités de chacun et d'être convaincu de ce que les collègues peuvent apporter au groupe. Je pense sincèrement que le point le plus important au sein d'un staff, c'est cette confiance mutuelle."
Et dans la vie de tous les jours, c'est aussi important pour toi ?
L. D. : "Oui, c'est essentiel. Que ce soit dans ma vie de famille, avec mes amis ou au travail, avancer sans confiance est vraiment difficile. Pour moi, c'est l'un des points les plus importants de la vie. Avoir confiance les uns dans les autres facilite les échanges, les conversations et les confidences. Je prends le temps d'apprendre à connaître les gens, mais je ne suis pas du genre à hésiter à accorder ma confiance. Je l'offre assez rapidement, mais il est crucial que cette confiance ne soit pas trahie. Si elle l'est, regagner cette confiance devient compliqué. En général, je suis quelqu'un de simple, tranquille, qui ne se prend pas trop la tête."
C'est les trois caractéristiques qui te définissent : « Simple, tranquille, qui ne se prend pas la tête » ?
L. D. : "Oui, ça me décrit bien. Je suis quelqu'un de tranquille et calme, avec un rythme de vie assez détendu. Bien sûr, le travail occupe une grande partie de ma vie, mais j'apprécie aussi mes moments de loisirs. J'aime aller voir des événements sportifs, que ce soit du hockey, du basket, ou même des matchs locaux. J'ai la chance d'avoir une copine qui partage ma passion pour le football, ce qui rend les choses plus simples. Elle est comme moi : elle aime beaucoup le sport en général. Partager ces centres d'intérêt est vraiment important comme le sport joue un grand rôle dans ma vie."
T’es plutôt "les opposés s'attirent", ou "qui se ressemblent, s'assemblent" ?
L. D. : "Je crois davantage à "qui se ressemblent, s'assemblent". Je pense qu'une relation sans beaucoup de centres d'intérêt communs peut être plus compliquée, car c'est difficile de partager des activités et des moments ensemble. Dans mon cas, c'est beaucoup plus naturel et facile de faire des choses qu'on aime tous les deux. Dans notre métier, on n'a pas énormément de temps, avec seulement quelques jours de congé à Noël et en fin de saison. Du coup, c’est plus simple de partager des moments avec quelqu'un qui comprend et apprécie les mêmes choses. Cela dit, on peut toujours découvrir ensemble, mais à partir d’un terrain d’entente partagé. C’est ce que j’aime et qui me convient."
Y a-t-il des domaines en dehors du sport que tu aimerais explorer ou découvrir un jour ?
L. D. : "Peut-être voyager un peu plus, mais là encore, comme je l’ai dit, il faut avoir un peu de temps pour ça. Je pense que voyager serait la seule chose qui pourrait vraiment nous intéresser, dans le but de découvrir de nouvelles choses, mais c’est quelque chose qu’on fera probablement quand on aura plus de temps devant nous."
Te vois-tu faire ce métier toute ta vie, ou envisages-tu de ralentir pour, par exemple, fonder une famille ?
L. D. : "Je me vois faire ça toute ma vie. Ça ne veut pas dire que je ne ferai jamais autre chose, mais ce serait toujours dans le football. J’aime énormément ce que je fais en tant qu’analyste vidéo, mais pourquoi pas, peut-être, un rôle d’adjoint en passant des diplômes, ou même un rôle à double casquette, analyste vidéo et adjoint. Mais si je devais rester dans ce rôle toute ma vie, ça m’irait très bien. Pour moi, ça n’empêche pas de fonder une famille. Certes, ce métier prend du temps : un week-end sur deux ou parfois en semaine, je suis pris, donc c'est vrai que ma copine et moi ne nous voyons peut-être pas autant que d'autres couples. Mais ce sont des sacrifices, comme dans beaucoup de métiers. Cela dit, je pense que c’est parfaitement compatible avec une vie de famille."
Est-ce que José est un modèle pour toi ? Après tout, il est aussi analyste vidéo, et maintenant adjoint.
L. D. : "Oui, j’ai déjà réfléchi à son parcours, et c’est vrai qu’il est vraiment intéressant. José a la double casquette ici d’adjoint et d’analyste vidéo, et il me semble que c’est sa première expérience dans ce rôle combiné. Il a eu une belle carrière, il a découvert beaucoup de pays, et il a même joué en Ligue des champions pendant deux ans, si je ne me trompe pas. Donc oui, c’est quelqu’un qui peut m’inspirer par son parcours."
Dirais-tu que tu te nourris des autres pour te construire, ou que tu te construis tout seul ?
L. D. : "Les deux. Il faut se construire de sa propre expérience, mais il est aussi essentiel de se nourrir des autres, de leurs parcours et de ce qu’ils ont vécu. C'est important d'apprendre des expériences des autres tout en forgeant la sienne."
Tu te verrais travailler à l'étranger ?
L. D. : "Oui, je me verrais travailler à l'étranger. Il faudrait que je progresse un peu en langues, mais c'est vraiment quelque chose qui m'attire et que j'aimerais découvrir. En Europe, il y a de nombreux championnats intéressants, comme en Italie, Allemagne, Espagne ou Portugal. Ça pourrait aussi être une expérience au-delà de l’Europe. Je n'ai pas de championnat en particulier en tête, mais découvrir d'autres pays dans ce milieu-là serait vraiment intéressant."
Est-ce qu'il y a cette déformation professionnelle où, quand tu vas voir d'autres sports, tu te retrouves à analyser le jeu ?
L. D. : "Ça m’arrive surtout quand je regarde des matchs de foot, car je ne me force pas, c'est devenu naturel. Mais non, quand je vais voir le hockey, par exemple, ça ne ressemble pas au foot. Je connais un peu, mais pas assez pour juger les performances ou les aspects tactiques et techniques. Donc, quand je vais voir d'autres sports, c'est vraiment pour le plaisir. Par contre, j’aime bien échanger avec des analystes vidéo d’autres disciplines pour comprendre leurs méthodes, ce qu’ils font. C’est toujours intéressant et enrichissant pour moi."
Et dans la vie quotidienne ?
L. D. : "Oui, je suis quelqu’un qui observe énormément, qui analyse ce qu’il se passe autour. Par exemple, quand je marche dans la rue, je regarde tout, je remarque les petits détails. C’est assez drôle, parce que souvent, la personne qui m’accompagne n’a pas vu les mêmes choses que moi, et je lui dis : « Tu as vu ça ? » La plupart du temps, non ! C’est naturel chez moi de regarder tout ce qui se passe, de faire attention aux détails. Je pense que ça fait partie de ma personnalité."
Qu’est-ce que ça t’apporte d’observer tout ce qui se passe autour de toi ?
L. D. : "Je ne sais pas vraiment si ça m’apporte quelque chose de concret, mais je trouve ça intéressant de prendre le temps de regarder, d’observer les gens, les détails. Parfois, ça peut me faire remarquer des petites choses, me donner des perspectives, mais je ne saurais pas dire exactement quoi. C’est surtout ma manière d’être, j’ai toujours été comme ça. C’est une habitude, un trait naturel, et même si je ne sais pas précisément ce que ça m’apporte, j’aime bien le faire."
Comment fais-tu face à tes angoisses ?
"Je ne dirais pas que j’ai vraiment des angoisses. Je suis rarement angoissé, à part peut-être pour les gens que j’aime, ma famille, mes proches. Sinon, le seul vrai souci que je peux avoir, c’est de bien faire mon travail et d’entretenir les relations avec les autres. Globalement, je suis quelqu’un de serein, qui n’angoisse pas facilement."
Plutôt zen alors ?
L. D. : "Oui, très zen, très tranquille, sans trop de prise de tête. Je pense que ça vient beaucoup de mon père. Il est très calme, ne s’énerve quasiment jamais. Parfois, c’est bien de s’énerver un peu pour faire passer un message, mais j’ai hérité de ce côté tranquille de lui. Ma mère, par contre, a un caractère plus fort, ce qui crée des relations très intenses entre nous, avec un peu plus de chamailleries. Mon père travaillait dans le commerce, donc il était souvent absent pour m’emmener à mes matchs. C’était donc ma mère et mon grand-père qui m’emmenaient. Mais j’ai toujours eu des relations très fortes avec mes parents, nous sommes très proches même s’ils se sont séparés."
Quel est ton plus beau souvenir d’enfance ?
L. D. : "Un des souvenirs les plus forts, c’est ma qualification avec Tours en U13 pour les finales nationales à Cap Breton. À l’époque, c’était vraiment différent : il y avait des jonglages, mais surtout des matchs, et le but était d’être le meilleur pour aller à Cap Breton. Nous y sommes allés sans pression, en pensant que nous n’étions pas la meilleure équipe. Mais au fil des trois jours, nous avons battu des clubs prestigieux comme Reims et Saint-Étienne, et nous avons fini par nous retrouver en finale ! On a joué contre Metz et, même si on a perdu 2-1, c’est l’un des meilleurs moments de ma jeunesse. La qualification pour les Championnats de France, plus cette finale inattendue, c’était incroyable. Ce sont des moments qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire."
Tu es resté en contact avec tes coéquipiers de l'époque ?
L. D. : "Oui, j'ai encore des contacts avec certains d'entre eux. Dans le milieu du football, c’est assez difficile de rester proches au fil du temps. Après mon passage au centre de formation, certains de mes anciens coéquipiers ont continué leur parcours avec moi, mais avec les années, beaucoup changent de club ou de trajectoire. À 18 ans, certains passent pro, d'autres non, et ça rend les retrouvailles compliquées. Cela dit, même si on ne se voit pas souvent, cela n'empêche pas de garder de bonnes relations."
Comment tu as découvert le métier d'analyste vidéo ?
L. D. : "Après le bac, j'étais sûr d'une chose : je voulais travailler dans le football. Mon premier objectif était de devenir professionnel, ce qui ne s'est pas concrétisé. Mon deuxième objectif était de rester dans ce milieu, alors j'ai commencé à explorer les différents métiers disponibles. Je ne voulais pas du tout m'orienter vers le médical, comme kiné, ni devenir préparateur physique. Au début, je savais que je ne pouvais pas commencer directement comme entraîneur, mais l'analyse vidéo commençait à prendre de l'ampleur. J'ai eu un entraîneur à Tours qui avait lancé une formation en analyse vidéo, et je l'ai contacté. C'est ainsi que je suis rentré dans la promotion et que j'ai réalisé que c'était un bon choix de carrière pour moi."
Comment tu imagines le futur de ce métier ?
L. D. : "Je pense que l'analyse vidéo va devenir de plus en plus cruciale. Actuellement, le rugby est le sport qui a le plus d'avance en la matière, avec des analystes pour chaque ligne de jeu. Dans le football, on commence tout juste à réaliser l'importance de ce métier. Analyser l'adversaire et ses propres performances, que ce soit collectivement ou individuellement, est essentiel. La vidéo est un outil puissant pour progresser. Quand quelqu'un fait une erreur, il peut dire qu'il n'est pas d'accord, mais si tu lui montres la vidéo, il ne peut pas contredire les faits. Cela s'applique aussi à d'autres aspects de la vie. En somme, la vidéo est devenue indispensable dans le football et dans le sport en général, et je crois que ce métier va continuer à se développer et à prendre de l'importance au sein des clubs."
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