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Il y a 30 ans, Riom a retenu son cœur de battre pour ne pas perdre sa Câblerie

Le tocsin de l’église Saint-Amable sonne. Il est midi, ce 4 novembre 1994. Sous une pluie fine, près de 4.000 manifestants se sont rassemblés. À Riom, trois jours après la Toussaint, c’est une journée « ville morte ». Tous les commerces ont le rideau tiré, des grandes surfaces aux petits commerces. Pour compléter le sombre tableau, une pluie fine tombe sans discontinuer. Cette manifestation, qui s’est tenue il y a trente ans exactement, a durablement marqué les esprits.

C’est pour le maintien à Riom de la Silec (Société industrielle de liaisons électriques, une filiale du groupe Sagem, plus communément appelée Câblerie) et de ses 400 emplois que la foule s’était ainsi rassemblée. Depuis quelques jours, depuis le 25 octobre précisément, toute la ville était en émoi. Ce jour-là, l’annonce de la fermeture de la Câblerie avait été faite par le biais d’un simple enregistrement sur une cassette audio. Ce message annonçait l’arrêt de l’activité à Riom et sa relocalisation à Montereau (aujourd’hui Montereau-Fault-Yonne, en Seine-et-Marne).

La ville « touchée dans sa chair »

« À l’annonce du transfert des activités de la Silec vers Montereau, toute la ville s’est sentie concernée, comme touchée dans sa chair. Avec le départ de la câblerie, c’est un peu de sa culture qui s’en va », notent Catherine Gréau et Thierry Gauthier, les deux journalistes de La Montagne qui couvrent la manifestation.

Manifestation contre la fermeture de l'entreprise La SILEC, la Câblerie à Riom le 04/11/1994. Photo d'archive La Montagne/Agence de Riom.

Dans un silence impressionnant, l’imposant cortège s’élance silencieusement, sous une pluie fine, qui rajoute encore au tableau de désolation que présente la ville.« Riom veut vivre », clament les banderoles. Toute la ville s’est groupée derrière ce slogan. Les employés de la Silec sont en tête, avec les syndicalistes de la CGT, majoritaires dans l’entreprise. Suivent, pêle-mêle, un impressionnant cortège rassemblant employés, commerçants, écoliers et lycéens, élus toutes familles politiques confondues, personnalités du monde culturel et même… les volleyeuses du VBCR, ces joueuses qui font la fierté sportive de la ville.

Une fin inéluctable

« Il y avait une foule immense. On pensait que ça allait faire bouger les choses, d’ailleurs, se souvient Jean-Claude Jacob, à cette époque conseiller municipal communiste, très au fait de l’activité de la Silec. Riom n’est pas une ville de manifestation comme peut l’être Issoire, par exemple. Il n’y a pas de tradition forte même pour le 1er Mai où il n’y a qu’un petit rassemblement. Ça a été un mouvement important. »

Les manifestants aboutissent devant l’usine du Maréchat, où se tient un comité d’entreprise. « On ne peut pas faire passer les comptes en banque avant la vie des gens », vitupère Bernard Pereira, de la CGT, alors que la pluie redouble et que les grilles de l’usine demeurent fermées. « La direction de la Silec semble aussi jouer le jeu de la ville morte », ironisent les journalistes.

la silec. Photo: services techniques, archives de Riom

Cette manifestation ne fut pas la dernière. Ce ne fut même pas la plus grosse. Les manifestants furent près de 7.000 en décembre. Mais elle fut incontestablement l’un des moments les plus marquants de ce choc social.Comment cet épisode s’est-il terminé ? Tristement, hélas. Les premières lettres de licenciement tombent en mars 1995. Au début de l’été, l’activité de l’usine est au point mort. Fin novembre, la fermeture est totale et définitive.

L’ancien site occupé par la Câblerie est devenu, en 1999, le parc d’activité du Maréchat, qui accueille aujourd’hui encore de nombreuses entreprises.

Jean-Baptiste Ledys

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