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« J'ai le sentiment que nous n'avons pas réussi à convaincre » : Marine Le Pen en plein doute au procès des assistants parlementaires du FN

La sérénité a laissé place au doute. Au début du procès des assistants parlementaires du Front national, le 30 septembre 2024, Marine Le Pen se disait sereine. Un mois et demi plus tard, le doute a gagné la cheffe de file du RN. Elle devait s'expliquer, ce mardi 5 novembre 2024, sur le prétendu « système » qu'elle aurait coordonné pour rémunérer, sur des fonds européens, des assistants parlementaires qui travaillaient pour le parti.

Marine Le Pen a déjà dû ronger son frein pendant plus de quatre heures. La veille, le tribunal avait pris du retard dans l'audition de Wallerand de Saint-Just. L'ancien trésorier du FN a encore été cuisiné par la présidente Bénédicte de Perthuis, essayant tant bien que mal de la convaincre qu'il y a « une absence matérielle d'éléments matériels » dans le dossier.

Une plaidoirie avant l'heure

Sur le banc des accusés, Marine Le Pen a trépigné. Soupiré. S'est agacée. Haussé les épaules quand la présidente a évoqué les éléments du dossier. Jusqu'à commenter, à voix haute : « C'est incroyable ! ». Son tour est venu à 18 heures. Et quand la présidente lui a proposé de faire des déclarations préliminaires, l'ancienne avocate n'a évidemment pas refusé.

Sa prise de parole a ressemblé à une plaidoirie avant l'heure. « Il sera difficile pour moi de répondre à un mois et demi de déclarations, a-t-elle avancé. En un mois, j'ai le sentiment que nous n'avons pas réussi à convaincre. »

« Si on part du principe qu'il y a un système, qu'on veut gruger, il est évident que vous allez trouver des choses qui viennent en soutien de cette conviction. C'est le sentiment que j'ai eu, ça m'a déstabilisé. Il faut accepter de changer de vision et de regarder de plus près les arguments de notre innocence. »

La triple candidate à l'élection présidentielle est accusée d'avoir coordonné le système de détournement de fonds européens pour rémunérer des salariés du parti entre le 16 janvier 2011 et le 31 décembre 2016, époque où elle était présidente du FN. Jean-Marie Le Pen en aurait été l'initiateur en 2004, et elle aurait repris le flambeau lorsqu'elle lui a succédé à la tête du parti d'extrême droite.

Dans sa plaidoirie improvisée, Marine Le Pen a anticipé les questions du tribunal sur une réunion du 4 septembre 2014 qui s'est tenue à Bruxelles. Aymeric Chauprade et Sophie Montel, deux anciens eurodéputés qui ont depuis quitté le mouvement, ont expliqué aux enquêteurs que leur cheffe de groupe leur avait demandé de ne recruter qu'un assistant parlementaire. Le reste de leur enveloppe serait alloué au parti. « Non, je n'ai jamais demandé à un député de recruter quelqu'un, c'est un mensonge, s'est-elle défendue. Je n'ai jamais adressé un mail, un message, c'est faux. J'ai suggéré, c'est tout. »

Quand j'ai parlé de droit de véto, c'était peut-être un peu fort, mais je souhaitais savoir qu'il n'y avait pas de gens nuisibles, on a étudié certains CV, certains qui sont politiquement toxiques.

Elle s'est aussi exprimée sur un échange de mails entre Wallerand de Saint-Just et le député européen Jean-Luc Schaffhauser, suite à cette réunion. « Ce que Marine nous demande équivaut qu'on signe pour des emplois fictifs [...] Je comprends les raisons de Marine, mais on va se faire allumer car on regardera nos utilisations à la loupe avec un groupe aussi important », a demandé ce dernier au trésorier. Qui lui a répondu : « Je crois que Marine sait cela. »

« Il avait raison d'être parano »

« M. Schaffhauser n'accuse pas du tout, il est un peu complotiste, anxiogène, a avancé Marine Le Pen. Il dit que si on engage des gens qui sont trop proches du mouvement, qui apparaissent dans un organigramme, ça servira ceux qui veulent nous combattre car nous dérangeons. Il avait raison d'être parano. »

À la barre, elle a défendu sa vision de la « centralisation », « dans la culture du FN », pour justifier le fait que la majorité des 23 députés européens élus en 2014 aient signé une procuration pour que les contrats d'assistants soient rédigés par Charles Van Houtte et que ces assistants soient rémunérés par le même tiers-payant. « Je ne sais pas ce que nous faisons de mal, je ne vois pas quelle règlementation on contredit, je ne vois pas quel soupçon on peut créer », a-t-elle lâché pour conclure son propos.

« La question, c'est de savoir si vous avez décidé de l'affectation des enveloppes des députés européens et donné instruction de recruter des personnes qui travaillaient en réalité pour le FN, a rappelé fermement Bénédicte de Perthuis. La présidente, soucieuse de remettre les points sur les i, a ensuite questionné la prévenue sur les contrats passés sur la période de prévention. L'audience doit reprendre ce mercredi 6 novembre à 13 h 30.

Antoine Compigne

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