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Au président Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko : Lettre ouverte du Pr M.Serigne Touba Guèye

Son Excellence Monsieur le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et de Monsieur le Premier Ministre, Ousmane Sonko, Permettez-moi de vous adresser cette missive empreinte de profond respect et d’admiration à l’aube de votre mandat, qui s’ouvre sous les auspices d’une victoire électorale éclatante, triomphante tant lors des législatives du 17 novembre que des présidentielles du 25 mars 2024. Cette victoire n’est pas seulement la vôtre ; elle incarne la résilience, l’espoir et l’aspiration d’un peuple tout entier, et plus particulièrement d’une jeunesse qui s’est battue avec une détermination farouche, au prix de sacrifices inouïs, pour assurer l’avènement de votre projet politique et la restauration d’une gouvernance éclairée.
Cette jeunesse, Monsieur le Président et Monsieur le Premier Ministre, s’est levée contre les vents contraires, endurant l’iniquité et les affres d’une répression implacable sous le régime précédent. Plus de mille incarcérations arbitraires ont été recensées, éteignant des voix audacieuses qui, pourtant, ne réclamaient que justice et équité.

Les blessures de ces injustices, tout comme les vies fauchées – quatre-vingt-six martyrs pour la liberté – doivent trouver écho dans les décisions qui façonneront votre gouvernance. Il est impératif de rendre justice à ces âmes braves et d’offrir réparation à ceux qui ont perdu leur emploi pour s’être dressés contre l’oppression.

Votre accession au pouvoir, auréolée d’un large soutien populaire, vous confère la responsabilité sacrée de redresser les fondations vacillantes de notre État. La reddition des comptes doit être un pilier inébranlable de votre administration : il est temps d’exiger des audits rigoureux et de poursuivre sans relâche ceux qui, par cupidité, ont pillé les ressources de notre nation.

Une levée de l’amnistie serait salutaire afin de juger ceux qui, dissimulés derrière une immunité fallacieuse, ont perpétré des torts irréparables à l’encontre du peuple sénégalais.


Il en va de la crédibilité de nos institutions que l’Assemblée nationale, autrefois théâtre de querelles partisanes, retrouve sa dignité et devienne un sanctuaire voué aux intérêts supérieurs de la nation, et non un prolongement des ambitions personnelles. L’édification d’un État fort nécessite un cadre législatif où les élus œuvrent en serviteurs dévoués de la République, capables de sanctionner avec fermeté lorsqu’il le faut.

Sur le plan de l’éducation, les défis sont colossaux. Comment comprendre, dans un État soucieux de son avenir, qu’un professeur de l’enseignement moyen (PEM) détenteur d’un diplôme d’études supérieures, Bac+4 minimum, ou un professeur de l’enseignement secondaire (PES) avec un Bac+6, se voie contraint, pour aspirer à une meilleure rémunération, de concourir à l’École Nationale d’Administration (ENA), au risque de se retrouver rétrogradé dans une hiérarchie inférieure ?

Il est impératif de revaloriser le statut des enseignants, de garantir une rémunération en adéquation avec leurs qualifications, et de veiller à la formation continue des formateurs, car l’éducation ne saurait être le jouet des contingences budgétaires.

L’injustice éducative se manifeste également dans la disparité criante de l’accès à l’instruction. Des régions comme Matam et Kédougou souffrent d’un manque alarmant d’enseignants qualifiés.

Il est urgent d’allouer des ressources suffisantes pour éradiquer les abris provisoires et offrir des infrastructures adaptées. L’État doit, dans sa politique d’aménagement, s’évertuer à ce que chaque contrée, de Dakar à la plus reculée des localités, ressente la présence bienveillante de la République.

La santé publique, autre pilier fondamental, exige des infrastructures modernes et sophistiquées, témoins de la dignité et du respect dûs à chaque citoyen. Dakar, Thiès et Saint-Louis ne doivent plus incarner à elles seules le visage du Sénégal. Il est de votre devoir de redessiner la carte sanitaire du pays, d’ériger des centres hospitaliers à la pointe de la technologie, de sorte que chaque Sénégalais, où qu’il soit, bénéficie de soins de qualité.

En outre, la réconciliation nationale s’impose comme une nécessité impérieuse. Les vicissitudes politiques ont semé la discorde et engendré des rancœurs tenaces. Il vous appartient, en tant que garants de l’unité nationale, de panser ces blessures, de rallier les cœurs et d’instaurer un climat de confiance et de sérénité. L’État, fort dans ses décisions, doit également veiller à ce que les discours irresponsables soient encadrés, et que ceux qui usent de leur voix pour semer le désordre soient rappelés à l’ordre.

Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, l’histoire vous observe, et avec elle, la postérité. Que votre mandat soit celui du renouveau, où la justice, la probité et le progrès cessent d’être des vœux pieux pour devenir la réalité quotidienne de chaque citoyen.

Puisse votre vision éclairée guider le Sénégal sur la voie de la prospérité et de la paix. Que le sens du devoir, la rigueur et l’amour de la patrie soient vos boussoles inébranlables.

Que la concorde nationale, l’équité et la solidarité imprègnent chacun de vos actes. Nous formulons pour vous des vœux de réussite, de santé et de courage indomptable dans l’accomplissement de cette mission ardue et noble. Qu’à travers vos efforts conjugués, le Sénégal renaisse dans sa grandeur et s’illumine aux yeux du monde comme un exemple de démocratie, de justice et de développement harmonieux.

Que le Tout-Puissant vous accorde sagesse et discernement pour surmonter les épreuves qui jalonneront votre chemin, et que votre mandat soit béni d’une réussite éclatante, empreinte de l’admiration et de la reconnaissance éternelle de votre peuple.

Avec l’expression de mes hommages les plus respectueux.

M. Serigne Touba Gueye,
Professeur de mathématiques, écrivain, chroniqueur.

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