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Face au changement climatique, Montpellier fait le pari de l’eau à tarif éco-solidaire

Et si c’était la solution ? Depuis 2023, Montpellier applique un tarif éco-solidaire sur l’eau pour tenter de préserver cette ressource qui se tarit. Dans les 14 communes de la métropole livrées en eau par une régie publique, les 15 premiers mètres cubes sont gratuits, le prix est ensuite de 0,95 euro le mètre cube entre 15 et 120 mètres cubes ; il passe à 1,40 euro jusqu’à 240 mètres cubes et à 2,70 euros au-delà.

Résultat : Sophie Santos a vu sa facture légèrement grimper dans sa maison avec piscine de Jacou, près de Montpellier, où elle dit pourtant faire "attention" au gaspillage. Chrystelle Faure, elle, malgré sa piscine, son jacuzzi et son jardin de Murviel-lès-Montpellier, a eu droit au contraire à "une quinzaine d’euros" de remboursement l’an dernier. Mais avec trois personnes à la maison, contre cinq pour la famille Santos, la consommation n’est pas la même.

Selon le Conseil économique social et environnemental (Cese), la tarification progressive peut d’ailleurs s’avérer "injuste" pour les familles nombreuses. Un argument balayé par René Revol, président de la Régie des eaux de Montpellier. "Ce ne sont pas elles qui consomment le plus d’eau, mais les grandes propriétés", assure l’élu. Une aide basée sur le quotient familial est d’ailleurs prévue pour les particuliers. "Nous attendons le décret d’application pour utiliser les données de la CAF, mais d’ores et déjà, la tarification progressive de l’eau s’est traduite par une baisse de la facture en 2023 pour 70 % de la population."

Des pelouses arrosées en permanence

Tout dépend surtout de l’usage qu’on en fait. "Dans ma ville de Grabels, un habitant vide sa piscine chaque automne et arrose en permanence sa pelouse ; d’autres lavent leurs voitures tous les trois jours. C’est aberrant, déplore René Revol. Heureusement, ces pratiques sont en train de disparaître, la consommation a baissé de 2 % l’an dernier dans la métropole, et cela s’inscrit dans un phénomène général de prise de conscience du changement climatique." Pas suffisant pour convaincre Thierry Uso, du collectif Eau secours 34. Selon lui, "il serait plus efficace de sensibiliser régulièrement les ménages sur la nécessité de moins consommer d’eau".

Faut-il la généraliser ce procédé, comme le préconise le chef de l’Etat ? Oui, répond Jean Jouzel à L’Express. "Une tarification progressive de l’eau me semble tout à fait pertinente face à cette raréfaction de la ressource", valide le célèbre climatologue. Non, pense le Cese, selon lequel les conditions ne sont "pas réunies", notamment parce que les premiers retours sur les expérimentations menées ne sont pas assez probants. "Plusieurs collectivités l’ont adoptée, comme Dunkerque, où elle a entraîné une baisse de la demande les premières années, analyse l’universitaire Alexandre Mayol. Cependant, toutes les collectivités ne suivent pas la même voie. Si Lyon en fera de même le 1er janvier prochain, la métropole de Bordeaux, elle, a fait machine arrière. "L’expérimentation n’a pas été concluante. 41 % de la population métropolitaine vit en logement collectif et ne pouvait donc en bénéficier", explique sur place Sylvie Cassou-Schotte, présidente de la Régie de l’eau.

"C’est pourquoi il est important de faire individualiser les compteurs. Nous accompagnons le parc social dans cette démarche, précise le président de la métropole de Montpellier Michaël Delafosse (PS). Nous menons parallèlement des travaux pour lutter contre les fuites d’eau, la tarification n’est qu’un des leviers." Toulouse a opté, de son côté, pour un prix saisonnier : l’eau y est plus chère l’été. Mais Montpellier croit dur comme fer à son approche. Michaël Delafosse prévient : "On ne reviendra pas dessus ou alors, il faudra me battre aux élections !".

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