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Orange: un dispositif de préretraite relance la question du mal-être des salariés

Des salariés au bord de la "rupture", selon la CGT-FATP, une "montée de la crise sociale" pour la CFE-CGC: ces organisations tirent la sonnette d'alarme, au moment où des négociations sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) -une procédure obligatoire- ont débuté en septembre.

Dans ce cadre, le géant français des télécoms a proposé début novembre de remettre au goût du jour un dispositif déjà expérimenté chez Orange, le temps partiel sénior (TPS).

Comparable à une préretraite, la proposition de la direction permettrait à des salariés de quitter le groupe avant l'âge de la retraite, en bénéficiant d'une rémunération pendant 5 ans. Elle se situerait à hauteur de 70% de leur salaire la première année, travaillée à mi-temps, puis à 60% de leur salaire les quatre années suivantes, non travaillées.

"Tout se fait exclusivement sur la base du volontariat", souligne Orange, qui assure que cette proposition a été faite à la demande de ses employés.

La CGT-FATP, l'un des trois syndicats représentatifs au sein de l'entreprise, a d'ailleurs affiché sa satisfaction de voir sur la table des négociations un dispositif qu'elle avait "fermement demandé".
Des garanties demandées
Mais le syndicat "ne signera pas sans des garanties d'emploi", explique à l'AFP Samira Gouja, déléguée syndicale centrale. Car le plan en question pourrait conduire au départ anticipé de 6.000 à 8.000 personnes.

"Ce qu'on attend de la direction, c'est qu'elle comble" ces départs, poursuit Mme Gouja. "Aujourd'hui, la sonnette d'alarme est déjà tirée sur la charge de travail."

Délégué syndical CFE-CGC, Sébastien Crozier ne cache pas son scepticisme. Pour lui, ce dispositif pourrait aboutir au départ de "services entiers" et accroître la déstabilisation d'une entreprise déjà marquée par "des processus de délocalisation et de sous-traitance à outrance".

Le dernier rapport annuel de la médecine du travail, concernant 2023 et consulté par l'AFP, pointe d'ailleurs un effet "déstabilisant" des dispositifs de fin de carrière sur les équipes d'Orange, avec par endroits des "charges de travail et charges mentales reportées sur ceux qui restent".

"Il y aura bien évidemment un volet recrutement dans la discussion de la GEPP", promet Vincent Lecerf, directeur des ressources humaines du groupe interrogé par l'AFP.

"Au global, chez Orange, les études menées auprès des salariés nous disent que la charge de travail est majoritairement perçue comme raisonnable", assure-t-il.

Mais depuis plusieurs semaines, les syndicats alertent sur des cas de suicides de salariés, que la CFE-CGC lie à une "crise sociale" en interne.

"Les réorganisations et restructurations incessantes créent un climat délétère, une pression sur les salariés", dénonçait pour sa part Sud-PTT dans un communiqué publié début octobre.

Depuis le début de l'année, huit salariés du groupe ont mis fin à leurs jours. Avec une accélération en octobre, mois durant lequel trois employés se sont suicidés, ont rapporté les syndicats.

"On a une histoire tout à fait particulière chez Orange, on ne l'oublie pas, on la prend en compte. Ca nous oblige en matière d'attention et d'accompagnement", a affirmé M. Lecerf, en référence à la vague de suicides qui avait marqué France Telecom à la fin des années 2000.

Face au "mal-être" des salariés, la CGT-FATP a réclamé un moratoire sur la transformation de l'entreprise. Une option refusée par la direction, qui met en avant le besoin de s'adapter à un secteur des télécoms en évolution rapide.

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