Ferdi dépoussière le jazz: "ça peut être cool de faire du sax"
"La première volonté, c'était d'amener mon instrument, le sax, dans un registre et un environnement beaucoup plus modernes", estime Ferdi, de passage à Paris, auprès de l'AFP.
L'artiste français de 29 ans veut démontrer que "ça peut être cool, moderne, jeune de faire du sax" et, grâce à la post-production, "le mettre en avant vraiment comme une voix".
Pour le chambrer, ses amis l'ont surnommé "One-take-man", l'homme qui n'a besoin que d'une seule prise lors d'un enregistrement en studio. C'est donc en toute logique que Ferdi a nommé son premier opus solo "Take 01", "prise numéro 1" en français, à paraître sur le label Pias.
Il "représente plein de périodes de ma vie et tous mes goûts", résume Ferdi, qui situe cette musique "à la frontière entre l'indie pop, le jazz", avec un rappel de sa formation classique et "un peu de rock aussi".
"Fétiche"
Le voyage démarre dès les premières notes, qui se mélangent à la vibration du souffle sur la fine anche, celle par laquelle le saxophone tient son appartenance à la famille des bois.
Celui dans les mains de Ferdinand Lemoine, de son nom complet, est un Selmer, la crème des saxos. Le modèle, un Mark VI alto, en laiton et finement gravé, porte les traces du temps passé. Et pour cause, ce petit bijou de production française date de 1955.
"Il vibre trop bien", s'enthousiasme l'artiste, qui rêvait "depuis tout petit" de dénicher un tel "instrument de légende" dans un bon état et ne quitte plus son compagnon "fétiche".
Entre Ferdi et le saxophone, l'histoire date de l'enfance, passée à Somain, petite ville du nord de la France d'environ 11.500 âmes. Bercé par le milieu artistique de ses parents, il débute, quelque peu en dilettante, à l'école de musique du coin.
"Je suis tombé amoureux tout de suite de la forme, ça brillait", confesse-t-il. Malgré les turbulences de la crise d'adolescence, "le sax, c'est le seul truc dans ma vie où j'ai toujours été assidu."
L'alchimie opère si bien qu'il passe ensuite par les conservatoires de Douai et Valenciennes, est initié au jazz par un "prof incroyable" et, après une décennie d'apprentissage classique, prend la tangente au conservatoire de Bruxelles, département jazz.
A 18 ans, il découvre "un autre monde", les soirées d'impro appelées "jam sessions", "une scène avec une effervescence de fou", la vie dans une capitale. "Je me prends une claque culturelle énorme", se souvient-il.
Le musicien décide cinq ans plus tard d'emprunter son propre "chemin", lui qui aime "piocher un peu partout" pour s'inspirer et écoute "beaucoup de musique américaine", bien au-delà des incontournables Charlie Parker et John Coltrane.
"Droit au but"
Depuis, il explique avoir épuré son jeu pour mieux faire passer des émotions. "Je vais plus vite droit au but", résume l'artiste, par ailleurs "complètement fan de l'OM".
Les effets ajoutés aux morceaux de l'album sont dosés, parfois légers, parfois plus colorés avec un chorus par-ci, une guitare électrique par-là.
L'originalité de Ferdi s'étend à sa direction artistique soignée, jusqu'à son style auquel ce collectionneur invétéré de T-shirts de musique - et de foot - porte une attention particulière.
Le musicien s'inscrit peu à peu dans le paysage: il sort l'EP "Val Duchesse" en 2022, puis l'album "Romance" avec l'artiste funk Dabeull, passe au Montreux Jazz Festival en 2023, travaille avec son ami trompettiste Béesau, s'acoquine avec Sofiane Pamart. Le pianiste, qui a joué à la cérémonie d'ouverture des JO de Paris, lui a dédié un titre et le rejoint pour un morceau en duo sur "Take 01".
Ferdi sera en concert au New Morning, à Paris, le 28 janvier.