Un dessin de Rimbaud par Verlaine vendu 585.000 euros
Ce dessin à la plume et encre brune comporte la date de "juin 1872", mais Verlaine indique qu'il représente l'adolescent "de mémoire", à une époque qui n'est donc pas certaine.
Le jeune poète, 17 ans, est représenté de profil, silhouette dégingandée, cheveux longs coiffés d'un chapeau, mains dans les poches et fumant la pipe.
Rimbaud est alors en rupture de ban, non seulement avec sa famille qu'il fuit mais aussi avec le milieu littéraire parisien où il a été introduit fin 1871 et où ses outrances ont choqué. Seul Verlaine le soutient.
"C'est à ce moment-là que le destin des deux amants va se lier", expliquait Ambroise Audoin, expert de la vente, interrogé par l'AFP avant la vente.
En juillet 1872, les deux poètes partent en voyage en Belgique et à Londres où ils vivront les moments les plus intenses de leur histoire d'amour. Elle s'achève avec les coups de feu d'un Verlaine ivre et désespéré, qui blessent légèrement Rimbaud en juillet 1873.
"La réapparition de cette image iconique de la littérature française ne pouvait que susciter un tel engouement", a commenté M. Audoin dans un communiqué.
Le trajet de ce dessin, toujours passé par des collections privées, n'est pas connu jusqu'à ce qu'il soit acheté par l'ancien directeur de l'Opéra de Paris Hugues Gall, décédé en mai. Drouot pense que l'un de ses premiers propriétaires a dû être l'éditeur Léon Vanier, qui publia les premières "Poésies complètes" de Rimbaud en 1895, de manière posthume.
Le dessin, "après une longue bataille d'enchères", bien au-delà de l'estimation haute de 200.000 euros, "rejoint une collection privée" une nouvelle fois, a précisé Drouot.
La vie de Rimbaud a laissé peu de traces visuelles. On ne connaît que six photos de lui authentifiées, une réalisée dans sa ville natale de Charleville en 1866, deux à Paris en 1871 et trois à Harar (Éthiopie) en 1883.