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Près de Damas, le bastion des groupes pro-iraniens aux mains des rebelles

Cette région au sud de Damas était depuis 2012 un bastion du Hezbollah libanais et d'autres groupes soutenus par l'Iran, qui affirmaient défendre le sanctuaire après le début du soulèvement contre le président syrien déchu.

"Samedi soir, les combattants du Hezbollah ont commencé à partir", raconte mercredi Walid Haji, 45 ans, un rebelle armé originaire de la région, posté à un barrage de contrôle qui était auparavant tenu par le Hezbollah.

Les combattants du mouvement islamiste chiite étaient déployés dans un vaste périmètre autour du mausolée, et les villas où ils vivaient étaient fréquemment prises pour cible par l'aviation de l'armée israélienne, qui menait une guerre contre le Hezbollah au Liban.

Les Iraniens avaient pour leur part réduit leur présence dans la région au cours des trois derniers mois, selon les habitants.

Des portraits du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué fin septembre dans une frappe israélienne près de Beyrouth, ont été arrachés près de l'entrée du mausolée.

Les rebelles, conduits par le groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ont lancé une offensive fulgurante le 27 novembre depuis le nord de la Syrie contre les forces de Bachar al-Assad.

Damas est tombée comme un fruit mûr dimanche 8 décembre, les militaires syriens ayant abandonné leurs positions, alors que le chef de l'Etat, qui dépendait lourdement de ses alliés russe et iranien, a fui vers Moscou.
Assurances
Dans le mausolée, qui attire d'ordinaire des pèlerins chiites de toute la région, un petit nombre de visiteurs déambulent dans l'immense cour intérieure au sol de marbre blanc.

Quelques femmes, en pleurs, sont agrippées aux grillages de la tombe en or et en argent de Sayyeda Zeinab, petite-fille du prophète Mohammad et fille de son gendre Ali, premier imam des chiites, alors que d'ordinaire le mausolée est noir de monde.

"Le mausolée est resté ouvert, et tous les employés sont revenus", assure le directeur du site, Dib Krayem. "Nous avons eu des réunions fructueuses avec le nouvel Etat, ils nous ont entièrement rassurés".

Il précise que "des responsables de HTS sont venus au mausolée et ont fourni des assurances" au sujet de la liberté de culte.

Le président Assad, issu de la minorité musulmane alaouite dans un pays à majorité musulmane sunnite, s'était érigé en champion des minorités.

Dib Krayem souligne que le mausolée, qui date du premier siècle de l'islam, il y a près de 1400 ans, attirait "entre 100.000 et 150.000 visiteurs" pendant les principales commémorations chiites, venus pour la plupart de l'étranger.

En tête figurent les pèlerins irakiens, suivis des Pakistanais, des Libanais, des Iraniens et des chiites de pays du Golfe.
"Du sang a coulé"
Le Premier ministre chargé de la transition, Mohammad al-Bachir, tout juste nommé, a assuré mercredi que la coalition rebelle conduite par HTS "garantira" les droits de toutes les confessions.

Mais les assurances des nouveaux maîtres de Damas ne suffisent pas à rassurer. "Du sang a coulé", souffle une femme au regard inquiet, qui refuse de donner son nom. "Nous nous sentons opprimés. J'espère qu'ils ne vont pas nous empêcher de pratiquer nos rites religieux".

Le maire de la localité de Sayyeda Zeinab, Jamal Awad, indique qu'il a accueilli "environ 37.000 habitants de Naboul et Zahraa", deux villages chiites proches d'Alep (nord), qui fuyaient devant l'offensive des rebelles.

Selon lui, "tous les habitants de ces villages, au nombre de 45.000 environ", ont fui.

La petite communauté chiite de Syrie, estimée à environ 250.000 personnes, craint d'être prise pour cible par le nouveau pouvoir, en raison de son association au Hezbollah et aux autres groupes pro-iraniens qui ont combattu les rebelles sunnites.

Le maire indique que près du quart des habitants de Naboul et Zahraa ont commencé à revenir dans leurs villages après des "assurances de HTS" qu'il ne leur serait pas fait de mal.

Mais ce n'est pas le cas de Ali, un habitant de ces villages chiites, qui se promène dans le mausolée. "Nous sommes venus chercher la protection de Sayyeda Zeinab", dit-il.

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