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Au procès des viols de Mazan, des avocats veulent l'acquittement pour absence "d'intentionnalité"

Ces trois avocats, qui défendent huit des 51 hommes poursuivis pour la plupart pour viols aggravés sur Gisèle Pelicot, préalablement sédatée par son désormais ex-époux, dans leur domicile conjugal de Mazan (Vaucluse), ont tous terminé leur plaidoirie en réclamant l'acquittement de leurs clients.

"Le vrai seul débat à mes yeux est celui de l'intention coupable", a expliqué devant la cour criminelle de Vaucluse Me Guillaume De Palma, estimant que ses clients "ne savaient pas, ne pouvaient pas savoir, n'ont rien compris".

Et d'enjoindre à la cour à ne pas rendre son verdict, prévu le 19 ou 20 décembre, uniquement sur la base des vidéos, au risque sinon d'avoir "une justice d'apparence, photosensible".

"Pourquoi on n’a pas dans les échanges : +Tu vas aller violer, une femme droguée, avec ton uniforme+? Pourquoi on n’a pas ça? Parce que ça n’existe pas!", a-t-il dit en parlant de Christian L., 56 ans, un ex-pompier qui s'est rendu en pleine journée, une fois, en février 2019 au domicile des Pelicot en tenue professionnelle pour y agresser sexuellement Gisèle.

Christian L. "n’était pas du tout d’accord pour avoir une relation sexuelle avec une femme endormie, droguée. Ce n'était pas le projet de Christian L", assure-t-il.
"Minotaure"
Avançant sur une ligne de crête, Me De Palma évoque un soi-disant mouvement de la main qui aurait pu faire croire à son client que Gisèle Pelicot était consciente.

"Il effectue une caresse. Ce n’est pas un geste de violeur, pardon de le dire", poursuit-il.

Sur le banc des parties civiles, Gisèle Pelicot souffle d'exaspération et lève les yeux au ciel.

L'avocat, très critiqué au début de ce procès, y compris par certains de ses confrères, pour avoir affirmé qu'"il y a viol et viol", estime que "le consentement" de son client a été "vicié" par les manipulations du mari Pelicot.

Tous les accusés, selon lui, "n’ont pas pu s’extirper de ce schéma criminel. Ils ignoraient, comme Gisèle Pelicot, sa fille, ses fils, son gendre, ses belles-filles" que Dominique Pelicot "était un prédateur sexuel", poursuit-il.

Sa consoeur Isabelle Crépin-Dehaene a elle usé de la métaphore filée autour du Minotaure que serait Dominique Pelicot, cette figure de la mythologie grecque "mi-homme mi-taureau, symbole de l’homme dévoré par ses pulsions", ici "perdu dans le labyrinthe des murs de la maison de Mazan avec ses 50 proies".

Ses clients, Redouan E. et Ahmed T. contre qui le ministère public a requis 12 ans de prison, auraient été "emportés par la folie d’un homme qui les a instrumentalisés", tombés dans "le scénario sexuel, celui de la belle endormie" qu'était, à leurs yeux, Gisèle Pelicot, soutient l'avocate.

"Pensez-vous un seul instant qu’un homme, aussi demeuré soit-il, aurait accepté, à la demande : +Bonjour, je cherche un homme pour violer ma femme droguée chimiquement+?", a-t-elle lancé.

Selon elle, tout comme sa consoeur Alexia Berard, qui défend Mahdi D. et Adrien L. (12 et 13 ans de prison requis par l'accusation), ses clients ont simplement cru à un "scénario libertin", pratique dont ils étaient friands.

"Ces hommes sont entrés chez le minotaure pour avoir un rapport sexuel consenti. Ces hommes ont été utilisés", selon Mme Crépin-Dehaene.

Pour Me Berard, le "bénéfice du doute" devrait conduire la cour à acquitter ces accusés car "la justice protège tout le monde de l’arbitraire, de la sauvagerie et des emportements de tout le monde".

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