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L'horreur de la prison de Saydnaya, symbole des pires exactions du clan Assad

Ce centre pénitentiaire, où de nombreuses exécutions extrajudiciaires, tortures et disparitions forcées ont eu lieu, incarne les atrocités commises par le président renversé Bachar al-Assad contre ses opposants.

Dès qu'ils sont entrés à Damas dimanche, les rebelles syriens ont annoncé avoir pris le contrôle de la prison de Saydnaya et libéré des détenus, certains entassés depuis les années 1980.

Selon l'Association des détenus et des disparus de la prison de Saydnaya (ADMSP), plus de 4.000 détenus y ont été libérés par les rebelles.

Les images de prisonniers hagards et décharnés, certains portés par des camarades car trop faibles pour s'extraire de leurs cellules, ont fait le tour du monde, révélant au grand jour les coulisses de cet établissement pénitentiaire qu'Amnesty International a qualifiée d'"abattoir humain".

Voilà ce qu'il faut savoir de la sinistre prison :
Torture et "crématorium"
La prison a été construite dans les années 1980 durant le règne de Hafez al-Assad, le père de Bachar. C'était à l’origine une prison destinée à accueillir des détenus politiques, principalement des opposants au gouvernement, dont les membres de groupes islamistes et les militants kurdes.

Au fil des années, elle est devenue un symbole du contrôle impitoyable de l’État syrien sur ses citoyens.

En 2016, des enquêteurs de l'ONU affirment que "le gouvernement est responsable d'actes qui relèvent de l'extermination et sont assimilables à un crime contre l'humanité", notamment à Saydnaya.

En 2017, Amnesty International y recense des milliers d'exécutions, décrivant une "politique d'extermination".

Peu de temps après, les États-Unis y signalent la présence d'un "crématorium" servant à détruire les restes de milliers de prisonniers tués.

En 2022, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) rapporte qu'environ 30.000 personnes avaient été détenues à Saydnaya, certaines soumises aux pires tortures, dont seulement 6.000 avaient été relâchées.
Exécutions et "saloirs"
L'Association des détenus et des disparus de la prison de Saydnaya (ADMSP) estime que plus de 30.000 détenus ont été exécutés au sein de la prison ou y sont morts sous la torture, par manque de soins ou de nourriture entre 2011 et 2018.

Elle accuse les autorités d'y avoir créé des "saloirs", des morgues de fortune servant à conserver les cadavres en l'absence de chambres froides.

La plupart des autres détenus sont officiellement considérés comme disparus, leurs certificats de décès parvenant rarement à leurs familles, à moins que leurs proches ne versent des pots-de-vin exorbitants, dans le cadre d'un racket généralisé.

En 2022, l'ADMSP publie un rapport décrivant pour la première fois les "chambres de sel" créées à Saydnaya.

D'après l'association, la première chambre de sel à Saydnaya remonte à 2013, une des années les plus sanglantes du conflit syrien.
Etrangers détenus
La prison de Saydnaya, où des milliers de proches de disparus ont accouru dimanche, pensant y retrouver les leurs dans des cachots souterrains, est désormais vide.

Les Casques blancs, des secouristes syriens, ont annoncé mardi la fin des opérations de recherche sans avoir trouvé de détenus.

De nombreux étrangers étaient détenus dans les prisons syriennes à l'instar du Jordanien Oussama Béchir Hassan al-Bataynah, rapatrié mardi après 38 ans passés dans les geôles syriennes. Il a été trouvé en Syrie "inconscient et amnésique", selon Amman.

Selon l'Organisation arabe des droits de l'Homme en Jordanie (OADHJ) "le nombre de Jordaniens détenus dans les prisons syriennes atteint les 236, la plupart dans celle de Saydnaya", près de Damas.

Un Libanais, Souheil Hamawi, 61 ans, qui a regagné lundi son pays, avait lui croupi pendant 33 ans dans ces geôles, dont Saydnaya.

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