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Les panneaux solaires s'invitent dans le paysage typique d'Amsterdam

Minces et hautes, parfois penchées, les maisons emblématiques de la capitale néerlandaise, qui datent du XVIe, XVIIe ou XVIIIe siècle, sont mal isolées et énergivores, et sont loin du modèle durable du XXIe siècle.

Les panneaux solaires sont déjà autorisés sur les toits de monuments protégés qui ne sont pas visibles depuis la rue. La municipalité d'Amsterdam veut désormais aller plus loin.

"En 2025, des panneaux solaires pourront être installés en vue sur tous les toits des monuments et des bâtiments situés dans les zones protégées", a-t-elle déclaré.

Dans le quartier du Grachtengordel (ceinture de canaux, en français), quartier du centre-ville construit autour de quatre canaux et inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, Karel Loeff fulmine à l'idée de voir des panneaux solaires sur les toits.

"Bien sûr, la durabilité est très importante. Mais à notre avis, ces panneaux solaires sont vraiment laids et ils ne devraient pas être autorisés sur les toits visibles depuis le canal", affirme auprès de l'AFP ce président d'une association de protection du patrimoine, Erfgoedvereniging Heemschut.

"Ce serait un dommage visible de ce que vous voyez maintenant, un beau pignon du XVIIIe siècle d'origine", déplore-t-il.
"Chaos"
Avec environ un tiers du territoire sous le niveau de la mer, les Pays-Bas sont particulièrement vulnérables au réchauffement climatique, mais également l'un des plus gros émetteurs par habitant en Europe.

L'objectif du pays de réduire de 55% en 2030 les émissions de CO2 par rapport à 1990 semble hors de portée, selon des estimations officielles. Le nouveau gouvernement de coalition, menée par l'extrême-droite, doit proposer des mesures au printemps.

"Nous devons contribuer à la durabilité dans tous les domaines et à la réduction des émissions de CO2. Cela s'applique également aux monuments", déclare Alexander Scholtes, adjoint de la maire écologiste d'Amsterdam.

Face à des factures énergétiques exorbitantes, beaucoup de propriétaires souhaitent rendre leur maison plus durable, ajoute M. Scholtes, 42 ans, précisant qu'Amsterdam compte presque 10.000 monuments.

"On peut parvenir à une durabilité responsable avec moins de règles et des procédures plus rapides, tout en tenant compte de ce patrimoine culturel", poursuit-il auprès de l'AFP.

Ce ne sera pas la jungle, insiste M. Scholtes. Il y aura des règles, notamment sur l'alignement et la couleur des panneaux.

Quand bien même, "ce sera le chaos", prévoit Karel Loeff, 55 ans.

L'énergie solaire pourrait être l'une des options pour rendre ces maisons plus durables, mais les propriétaires n'ont qu'à investir dans des champs solaires en dehors du centre historique, estime-t-il.
"Sans gâcher la vue"
L'association des Amis du centre-ville d'Amsterdam se dit également favorable à l'énergie solaire, mais "l'installation de panneaux solaires en vue porte gravement atteinte aux paysages urbains protégés".

La capitale n'est pas la seule ville néerlandaise à assouplir les règles. Rotterdam, Utrecht et d'autres font de même.

L'Agence du patrimoine culturel des Pays-Bas, qui fait partie du ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sciences, encourage les efforts pour rendre les monuments plus durables. Il a notamment été convenu que les monuments protégés doivent conjointement parvenir à une réduction des émissions de CO2 de 40% en 2030 et de 60% en 2040.

"Il y a environ 120.000 monuments aux Pays-Bas, dont quelque 60.000 monuments nationaux, 30.000 habitations, 10.000 fermes et 5.500 châteaux, manoirs et parcs", rapporte Jan Rotmans, professeur et scientifique dans le domaine du changement climatique.

"Ces monuments consomment au total 1% de la consommation de gaz et 1,5% de la consommation d'électricité aux Pays-Bas", note M. Rotmans, contacté par l'AFP.

"Il s'agit donc de quantités importantes, et rendre les bâtiments monumentaux plus durables peut conduire à des économies d'énergie et à une réduction de CO2 significatives", estime-t-il.

Cela contribue aussi à pérenniser ce patrimoine culturel, voué à disparaître si rien n'est fait, observe le professeur.

Et ce, "sans vraiment gâcher la vue", affirme Alexander Scholtes.

"Même avec des panneaux solaires sur nos toits, la ceinture de canaux reste belle".

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