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Pour aimer nos fonctionnaires

Quand il est question de la fonction publique, je laisse sourdre mes souvenirs d’enfance et d’adolescence, des images et des odeurs.


D’abord, le départ, le soir, de ma mère pour l’hôpital de Langon (Gironde) où elle exerçait le métier de sage-femme. À l’époque, les gardes étaient de vingt-quatre heures. Son retour était une fête. À la fin de sa carrière, elle accouchait des femmes qu’elle avait fait naître.

Puis, l’école élémentaire, avec deux institutrices, Mesdames Viau et Poupeau, qui ont été présentes dans un moment compliqué de mes jeunes années. Au collège Jules-Ferry, au lycée Jean-Moulin et à l’université Michel-de-Montaigne, j’ai aimé mes professeurs qui m’ont donné le goût du savoir, de la curiosité. Et pour l’un d’entre eux, une forme d’intranquillité que j’ai toujours conservée depuis.

Lors des vingt premières années de ma vie, j’ai été un enfant du service public local. La municipalité de gauche nous offrait tant de possibilités d’activités et je les ai toutes pratiquées avec joie. Le premier départ en colonies de vacances, à 6 ans, avec la découverte des paysages pyrénéens et de la vie en communauté. Il nous faudrait aujourd’hui un plan d’urgence permettant le retour des colos partout et pour tous.

L’école de musique. Malheureusement, malgré mes efforts, le son qui sortait de mon saxophone se rapprochait davantage de celui d’une cornemuse. J’étais un Stan Getz écossais. Le Big Band que nous formions avec les copains de l’école, où mon apport artistique était des plus modestes, avait eu la grande émotion d’être programmé pour la première partie d’un concert de Claude Nougaro.

Le club de basket, avec un entraîneur-philosophe qui n’était pas tendre lors des exercices physiques mais qui, toujours, savait y mettre un supplément d’âme permettant à chacun de se dépasser. L’odeur du gymnase et la liesse locale quand, enfin, nous avons quitté le niveau régional pour accéder au premier niveau national.

Et j’en dirai, j’en dirai sur ma reconnaissance vis-à-vis des fonctionnaires et des services publics. Comme ancien élu local, je sais la très grande qualité de la fonction publique territoriale dans des missions indispensables à nos vies. De la petite enfance au crépuscule d’une existence.

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Comme citoyen, et tout simplement comme humain, je sais l’accompagnement d’un être aimé, ancien déporté, qui a terminé ses jours à l’hôpital. Il voulait toujours être bien peigné et avoir un peu d’eau de Cologne. Souvenir d’une lumière bleue qui éclairait son visage apaisé, des bruits du service, d’un colloque singulier avec les soignants.

On ne dira jamais assez combien les femmes et les hommes qui exercent une mission de service public, qui enseignent et soignent, qui nous protègent et nous accompagnent, sont de véritables héros du quotidien. Est-il besoin d’une crise sanitaire, d’un attentat, d’une catastrophe naturelle pour le leur dire ? Pour aimer nos fonctionnaires?

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Je sais qu’il y a bien des chantiers à mener pour améliorer et développer nos services publics, mais ce ne sera pas à la façon d’un Elon Musk ou de ses thuriféraires tricolores pour qui le fonctionnaire est réduit à une dépense. Un coût.

Je vous assure, tous les jours, près de chez vous, des fonctionnaires réalisent des exploits !

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