La crise de l’Occident et « les territoires perdus »
Que voulons-nous dire exactement quand nous parlons de « territoires perdus »? Les quartiers en question ont certes été abandonnés dans une certaine mesure par l’Etat, mais leurs habitants ont souvent fait le choix du repli identitaire. Résoudre ce problème n’est pas simplement la responsabilité de l’Etat mais de toute la société. Tribune de Charles Rojzman.
L’Occident traverse une crise profonde, mais celle-ci ne peut être imputée uniquement aux menaces extérieures. Parmi les défis majeurs, l’islamisme se dresse comme une idéologie totalitaire, instrumentalisant la religion pour imposer une vision oppressive et monolithique du monde. Cependant, ce phénomène trouve une part de son essor dans nos propres faiblesses : complaisance, divisions internes et refus d’affronter des vérités inconfortables.
Une complaisance coupable face à des réalités dérangeantes
Parmi ces vérités, il faut évoquer sans détour le rôle actif de certains territoires et communautés dans leur propre fermeture et dans l’essor de l’islamisme et de la délinquance. Trop souvent, les discours dominants parlent de « territoires abandonnés » comme si ces quartiers étaient uniquement victimes de l’inattention de l’État. Cette vision réductrice occulte une réalité bien plus complexe et parfois dérangeante. Ces territoires ne sont pas seulement marginalisés ; ils sont devenus, en certains points, le théâtre d’une complicité tacite ou explicite avec des forces qui minent les fondations démocratiques : l’économie parallèle et l’idéologie islamiste.
La fermeture active des territoires : entre rejet et complicité
Dans ces zones, la pauvreté et l’exclusion ne suffisent pas à expliquer les dynamiques observées. Ce sont aussi des choix collectifs, consciemment ou inconsciemment opérés, qui participent à leur isolement. Les valeurs républicaines – liberté, égalité, pluralisme – y sont souvent rejetées au profit de systèmes alternatifs : mafias locales, réseaux religieux radicaux ou autres contre-pouvoirs illégitimes.
Ce rejet ne naît pas d’un vide. Il s’appuie sur des frustrations et des humiliations – réelles ou perçues – mais il va bien au-delà de ces causes. Dans ces territoires, l’islamisme et la délinquance répondent à des besoins immédiats : une appartenance, une identité forte face à un monde perçu comme hostile, une forme de pouvoir ou de reconnaissance.
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Les familles, les leaders locaux et parfois même des institutions défaillantes ou complaisantes ont permis à ces dynamiques de s’enraciner. C’est dans ce terreau que prospèrent des idéologies et des pratiques contraires aux principes républicains.
Une responsabilité partagée
La situation ne peut être réduite à une dichotomie entre victimes et coupables. Les responsabilités sont multiples et s’étendent à tous les niveaux de la société.
Les politiques publiques : trop souvent, les dirigeants ont privilégié des solutions de court terme, fermant les yeux sur les réseaux criminels et les discours radicaux pour éviter des confrontations complexes. Parfois, un clientélisme dévoyé a contribué à maintenir ces territoires dans une paix sociale artificielle au prix d’un renoncement républicain.
Les familles : certaines familles, par abattement ou par choix, ont délaissé leur rôle éducatif. Cela a laissé les enfants à la merci de figures d’autorité toxiques : dealers, recruteurs islamistes ou leaders communautaires oppressifs. Au lieu de transmettre des valeurs d’émancipation, elles ont renforcé les logiques de repli identitaire et de rejet de l’altérité.
Les institutions éducatives : trop souvent démunies, les écoles sont devenues des lieux de confrontation où les valeurs républicaines sont activement contestées, parfois avec la complicité des élèves et de leur entourage.
L’islamisme et la délinquance : une alliance destructrice
L’islamisme et la délinquance ne sont pas des réalités séparées. Ils forment une alliance toxique, se nourrissant mutuellement. La délinquance fournit une économie parallèle et un sentiment de pouvoir immédiat, tandis que l’islamisme apporte une justification idéologique et une promesse de rédemption. Ensemble, ils créent une contre-société où les lois de la République sont remplacées par celles du crime et du dogme.
Une mobilisation collective nécessaire
Face à cette menace, il serait naïf de penser que la seule intervention de l’État suffira. Ce combat est celui de toute la société.
Les familles doivent reprendre leur rôle de piliers éducatifs, transmettant des valeurs d’ouverture et d’émancipation.
Les individus doivent cesser de se considérer comme des victimes passives et assumer leurs responsabilités citoyennes.
Les politiques doivent cesser de tergiverser et engager une reconquête républicaine véritable, avec des actes fermes et une vision à long terme.
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Cela nécessite de nommer clairement les problèmes : l’islamisme est une menace, la délinquance son alliée, et la fermeture volontaire de certains territoires une abdication collective.
Le choix du courage ou du déclin
L’avenir de l’Occident repose sur un choix fondamental : celui du courage ou celui du déclin. Si nous voulons préserver nos valeurs de liberté, d’égalité et de pluralisme, nous devons mener ce combat sur tous les fronts : dans les quartiers, dans les écoles, dans les familles. Ce n’est pas une simple question de politique ou de sécurité ; c’est une question de civilisation.
Soit nous choisissons de défendre nos principes avec lucidité et détermination, soit nous acceptons de voir nos libertés s’éteindre, rongées par l’inaction et la complaisance. Le choix est entre nos mains.
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