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Après une longue attente, la Roumanie et la Bulgarie à 100% dans Schengen

Déjà un pied dans la zone avec la levée des contrôles en mars 2024 dans les aéroports et ports maritimes, elles ont reçu mi-décembre l'aval de leurs partenaires européens pour bénéficier des mêmes privilèges aux postes-frontières terrestres.

Des cérémonies sont prévues en différents points de passage peu avant le basculement prévu à minuit (22H00 GMT).

C'est la fin d'une longue attente pour les deux anciens pays communistes, parmi les plus pauvres de l'UE. Ils remplissent les critères techniques depuis 2011 mais "à chaque fois, des Etats membres émettaient des objections", rappelle l'analyste Valentin Naumescu.

Ce problème est devenu au fil des ans "une source de frustration exploitée par les partis anti-UE dénonçant un traitement injuste de la Roumanie", dit-il à l'AFP, comme lors de la récente élection présidentielle qui a vu émerger un candidat surprise d'extrême droite avant d'être annulée.

Avec l'accession à Schengen, "ce sentiment d'être des citoyens de second rang" s'estompe, estime l'expert.
Contrôles temporaires
Des deux côtés, les dirigeants ont salué "une décision historique", soulignant qu'il s'agissait d'un "objectif clé" "depuis leur entrée dans l'UE" en 2007.

Créé en 1985, l'espace Schengen comprend désormais 25 des 27 pays membres de l'UE ainsi que leurs voisins associés que sont la Suisse, la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein.

Plus de 400 millions de personnes peuvent en principe circuler sans être soumises à des contrôles.

Cette pleine adhésion de la Roumanie (19 millions d'habitants) et de la Bulgarie (6,5 millions) a été rendue possible par la levée du véto de l'Autriche.

Réfractaire depuis 2022, Vienne avait finalement accepté une adhésion partielle de Sofia et Bucarest au printemps dernier et établi une feuille de route pour une éventuelle expansion.

Le pays alpin déplorait un afflux de demandeurs d'asile qui s'aggraverait en cas d'élargissement terrestre de Schengen, mais il estime que les mesures mises en place ces derniers mois ont permis "une réduction massive des passages".

Selon un accord présenté en novembre à Budapest, des contrôles temporaires vont être effectués "pour une période initiale de six mois, afin de minimiser le changement potentiel des routes migratoires".

La surveillance de la frontière bulgaro-turque, qui devient la frontière extérieure de l'espace Schengen, va par ailleurs être renforcée.
Touristes impatients
On attend d'importants bénéfices économiques, susceptibles de doper le Produit intérieur brut (PIB) d'au moins 1% dans les deux pays, d'après les estimations.

Les transporteurs routiers, las de patienter parfois pendant près de 20 heures, se frottent les mains.

"C'était une pure perte de temps pour les conducteurs qui ne pouvaient même pas se reposer car ils devaient déplacer leur véhicule toutes les 10 minutes", relate Beniamin Lucescu, président d'une Fédération de transports en Roumanie.

En Bulgarie, le piètre état des infrastructures devrait cependant limiter l'impact positif: routes étroites, autoroutes souvent mal entretenues, peu de ponts sur le Danube délimitant la frontière avec la Roumanie, chemins de fer inexistants ou vétustes...

Côté tourisme, les acteurs du secteur misent sur une augmentation du nombre de voyageurs se rendant dans la Grèce voisine.

"C'est une excellente nouvelle", se réjouit Ivaïlo Kirkov, responsable des ventes de 46 ans, propriétaire d'une maison dans le nord du pays. "Nous attendions avec impatience la pleine adhésion à Schengen".

Pour Gueorgui Grantcharov, guide et enseignant de grec, nul doute que les Roumains comme les Bulgares privilégieront désormais la Grèce comme destination. Sans files d'attente, "il faut un peu plus de quatre heures pour se rendre de Sofia à Thessalonique, c'est aussi rapide que d'aller sur le littoral bulgare de la mer Noire".

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