Brest: y’a des Zazou dans mon quartier
L’influenceur Zazou Youcef, qui appelait sur Tiktok la communauté algérienne à commettre des attentats, a été arrêté par la police hier. L’affaire témoigne des nuisances fortes d’une véritable contre-société en France.
Il appelait sur les réseaux sociaux à commettre des attentats en France. À défaut de savoir quel sort lui réservera la justice, l’influenceur algérien Zazou Youcef a été interpellé par la police suite à la mobilisation des réseaux sociaux. Ceux-ci ont largement diffusé ses vidéos et interpellé Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, pour qu’il agisse. Ce dernier a effectivement réagi. L’homme a été arrêté ce vendredi 3 janvier, révélant au passage qu’il avait déjà été condamné à de multiples reprises pour des faits de droit commun et qu’il faisait l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) non exécutée, une situation malheureusement fréquente.
Un déferlement de haine
Suivi par plus de 400 000 personnes sur TikTok, cet Algérien en situation irrégulière alternait appels à la haine et incitations au meurtre dans de nombreuses vidéos. Dans l’une d’entre elles, il évoquait la guerre civile en Algérie dans les années 1990, qui avait vu les islamistes du GIA massacrer brutalement ceux qui tentaient de vivre à l’occidentale. Il pourrait également faire référence aux attentats des années 1990 en France, orchestrés par Khaled Kelkal, lui aussi membre du GIA. Compte tenu de l’argumentation incohérente de Zazou Youcef, les deux interprétations sont possibles. « On va faire comme dans les années 90. On va tirer sur vous (…) Vous voulez sortir le 1er janvier ? Tirez sur eux, il faut faire parler la poudre. Président Tebboune, tirez sur eux, ils veulent le chaos », déclarait-il. Dans une autre vidéo, il accompagnait ses propos de gestes simulant des égorgements et ponctués de violents « Nique ta mère », clamant : « Venez nous affronter. Si vous avez quelque chose à dire, on est là. On va vous niquer, pisser sur vous, vous violer, puis niquer votre mère… Vive l’Algérie, moi je vais vous achever. »
Un autre influenceur algérien, résidant à Grenoble et suivi par 70 000 personnes sous le pseudonyme « imadtintin », a également publié une vidéo incitant au meurtre. Il y appelle à brûler vif, tuer et violer sur le sol français toute personne critiquant l’Algérie ou son régime, se vantant par ailleurs, en tant qu’ancien militaire, de savoir manier les armes. Naturellement, il exprime son soutien à Zazou Youcef. Sous leurs vidéos, des centaines de messages de soutien reprennent cette rhétorique violente, vulgaire et exaltée, une rhétorique calquée sur celle du régime algérien.
Ce déferlement de haine, justifié au nom de « l’amour de l’Algérie », représente la version hystérique de discours plus policés portés par des représentants autoproclamés d’une diaspora algérienne souvent liée au régime. Si tous les Algériens en France ne soutiennent pas ce régime corrompu, ceux qu’on entend le plus et qui s’érigent en porte-voix des Français d’origine algérienne ternissent leur image. Ils accusent la France d’« islamophobie », salissent des écrivains comme Boualem Sansal — injustement emprisonné — et attisent la haine auprès d’une jeunesse souvent influencée par l’islamisme radical. Pourtant, cela fait des années que Boualem Sansal et Kamel Daoud alertent sur ces méthodes et insistent sur notre aveuglement face à la constitution d’une contre-société en France.
Un conflit de loyauté
Cette haine, profondément enracinée, est une forme de compensation. Elle prospère sur les réseaux sociaux, alimentée par les islamistes et entretenue par le régime algérien. La logique est claire : lorsqu’un pouvoir fonde sa légitimité sur la haine de l’ancien colonisateur et ne parvient pas, plus de 60 ans après l’indépendance, à construire une légitimité par ses propres actions, il ne peut fédérer que par la foi et la haine. La figure de l’ennemi sert de ciment au sentiment national. Ici, cet ennemi, c’est nous. Cette rhétorique délétère devient une composante identitaire pour beaucoup. Pour les Algériens qui s’installent en France, les propagandes islamiste et nationaliste créent un conflit de loyauté : s’intégrer en France serait, pour les premières, trahir sa foi, et pour les secondes, renier le combat héroïque pour l’indépendance. Cela rend leur situation souvent inextricable.
Une prise de conscience nécessaire
Il est urgent que nos élus reconnaissent les ingérences de l’Algérie en France, son rôle dans les tensions au sein de la diaspora, et sa volonté de structurer celle-ci en un outil de pression, voire en une cinquième colonne. Ces manœuvres compliquent considérablement la vie des Français d’origine algérienne. Les tensions liées à la double nationalité deviennent insolubles lorsque les deux modèles culturels s’opposent, surtout quand l’un des deux pays — en l’occurrence l’Algérie — alimente sa propre légitimité sur la diabolisation de l’autre.
Pourquoi Boualem Sansal et Kamel Daoud sont-ils haïs par le régime algérien ? Parce qu’en évoquant la « décennie noire » et la guerre civile, ils ramènent ce pays à une histoire qu’il cherche à effacer au profit d’un récit mythique où la France joue éternellement le rôle du méchant.
Il est temps d’en tirer les conséquences. Cela passe par l’exécution systématique des OQTF, le recours à la déchéance de nationalité pour les fauteurs de trouble, mais surtout par une prise de conscience collective et un changement de rapport de force. La dénonciation des accords de 1968 constituerait un signal fort montrant que la France a pris conscience de l’enjeu et se donne les moyens d’agir enfin.
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