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La renaissance de la Chapelle impériale de Biarritz

Le 9 janvier 1873, Napoléon III s’éteignait près de Londres, dans sa résidence d’exil de Camden Place, à Chileshurst. L’empereur n’avait que 64 ans. Chaque année, en ce jour anniversaire, la Chapelle impériale de Biarritz ouvre ses portes pour une messe.


Chaque année, en Grande-Bretagne, sous les voûtes néo-gothiques de l’église de l’abbaye bénédictine de Saint Michel, fondée en 1881 par l’impératrice Eugénie, et qui depuis abrite la dépouille de l’Empereur, celle du prince impérial et celle de l’Impératrice elle-même, on célèbre par une messe la mémoire de Napoléon III en présence des membres de la famille impériale qui peuvent y assister.

Mais en France, ce même 9 janvier, un autre lieu accueille un hommage à l’Empereur défunt. Il s’agit de la Chapelle impériale sise à Biarritz, laquelle ne s’ouvre au culte que quatre fois par an : pour l’anniversaire de la mort de l’Empereur, pour celle du prince impérial le 1er juin, pour celle de l’Impératrice le 11 juillet ; et le 12 décembre enfin, pour la fête de Notre-Dame de Guadalupe, sous le vocable de laquelle Eugénie avait voulu qu’on plaçât la chapelle.

Sur le vaste domaine acquis par le couple impérial pour ses séjours de fin d’été à la Villa Eugénie, un domaine très peu arboré à cause des vents de l’océan, mais qui courait alors du phare de Biarritz jusqu’à l’emplacement actuel du casino, cette chapelle avait été édifiée en 1864 afin d’y suivre la messe dominicale en toute quiétude, loin des foules qui se pressaient sur le passage des souverains. Le morcellement du domaine après que l’Impératrice l’eut vendu à une société de banque en 1881, l’incendie terrible qui ravagea en 1903 la Villa Eugénie alors transformée en hôtel et, dès lors, reconstruite dans des dimensions plus considérables, et l’édification d’un quartier sur le site, font que, de tout cet ensemble, la chapelle demeure l’unique vestige authentique de la résidence impériale. Acquise par la ville de Biarritz après être passée en plusieurs mains, enfin classée monument historique en 1981, la Chapelle impériale est devenue le témoignage de cette époque où l’Impératrice et l’Empereur donnaient à Biarritz et au Pays basque un essor inespéré dont la ville et la région leur sont toujours redevables.

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De style néo-byzantin, l’extérieur du bâtiment n’a vraiment rien d’exceptionnel. Mais l’intérieur en revanche, multicolore, délicieusement éclectique comme l’aimait la fin du XIXe siècle, a le charme indéfinissable de ces lieux où le temps a été suspendu et où semble flotter les âmes des princes qui y ont séjourné. Décorée dans un style rappelant à la souveraine sa naissance à Grenade, mais où les motifs hispano-moresques des zelliges et des azulejos côtoient hardiment des motifs floraux à la façon des faïences d’Izmir, les abeilles impériales butinant sur les colonnes ou les monogrammes enlacés de Napoléon, d’Eugénie et de Louis-Napoléon, la chapelle a aussi conservé son mobilier liturgique, le tabernacle, les six chandeliers et la nappe (en très mauvais état) de l’autel, les ornements sacerdotaux (chape, voile huméral et conopée de soie blanche brodée au fil d’or d’un semis d’abeilles impériales), les sièges et les prie-Dieu réservés sans doute aux souverains. Mais encore les nombreuses banquettes recouvertes de velours pourpre destinées aux invités et aux membres de la suite des souverains.

Tout cela infiniment émouvant, tout cela demeurant en place, tout cela étonnamment conservé à l’exception de pièces ruinées éparpillées ici et là, tout cela parfois réduit à un état de délabrement fatal quand s’accumulent les siècles.

Honneur de la ville de Biarritz oblige : il a enfin été décidé d’entreprendre la restauration de tout ce qui l’exigeait. Ébéniste et tapissière de haut vol ont déjà été requis sous l’égide des Monuments historiques et de la municipalité, et grâce à des dons privés, à des mécènes, voilà que le mobilier est restitué et que tout ce qui requiert encore restauration a été répertorié en attendant d’être rénové.

152 ans après la mort de Napoléon III, cette chapelle impériale, où les souverains avaient suivi leur dernière messe en Pays basque en 1869, recouvre son éclat. 152 ans après cette disparition, alors que les historiens ont enfin délivré de cette haine imbécile dont la République française a accablé le dernier des Napoléonides régnant, les historiens rendent justice à celui qui a définitivement mené la France vers la modernité et qui a fait de Paris l’une des plus belles capitales au monde.


Chapelle impériale, rue des Cent Gardes, Biarritz.
Visites en français, espagnol, allemand, anglais. 05 59 22 37 10.
Messe à la mémoire de Napoléon III le 9 janvier à 18 heures.

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