"De lourdes pertes commerciales"
Margareth Ruchti, présidente du Groupement rollois des entreprises et commerçants, revient sur les conséquences du chantier.
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Le Groupement rollois des entreprises et commerçants (Grec), fort à ce jour de plus de 65 membres, n'a pas été constitué en janvier 2013 avec pour seul objectif de défendre le point de vue des acteurs du tissu local durant toute la période du chantier de la Grand-Rue. Pourtant, ce dossier a mobilisé toute son énergie. Interview de sa présidente.
Margareth Ruchti, quel est votre bilan à l'approche de la fin du chantier de la Grand-Rue?
Le bilan est lourd en pertes commerciales. Une quinzaine d'enseignes ont disparu pendant la période des travaux, ce que je regrette sur un plan commercial mais aussi humain. Et pour ceux qui sont restés et qui ont gardé le cap durant cette longue traversée du désert, ces mois ont été extrêmement difficiles. On se réjouit d'arriver au terme des travaux, de pouvoir passer à autre chose et d'offrir à nouveau une vraie accessibilité des commerces à la population rolloise et des environs. La Grand-Rue est un axe très important et fréquenté dans la région, cette fréquentation a manqué à la ville et à ses commerçants. Tout le monde a hâte de retrouver sa Grand-Rue, les commerçants aussi bien que les habitants qui ont eux aussi souffert de l'ampleur du chantier.
En tant que présidente du Grec, est-ce que vous soutenez la démarche des quatre commerçants qui réclament une indemnisation à la commune?
Oui, si la justice le prévoit, c'est elle qui tranchera. On a demandé aux commerçants de faire un effort non pas sur 2 à 3 mois mais sur 22!
Précisément, ne pensez-vous pas avoir été trop durs avec les autorités?
Non, je ne pense pas, notre engagement concernait des sujets vitaux pour les commerçants, la preuve, certains n'ont pas survécu. Et j'estime que les autorités ont sous-estimé à quel point les travaux auraient un impact sur chacun, commerçants, riverains et voisins et, faute d'expérience, n'ont pas suffisamment anticipé le degré de complexité de cette difficulté d'accessibilité à la Grand-Rue. On a obtenu un certain nombre de choses, et on remercie la Municipalité pour cela, d'autres non, par exemple la distribution des places de parc devant les commerces. Certaines enseignes réclamaient depuis longtemps une place pour y installer une terrasse et n'ont pas eu gain de cause. Mais il semble que des compromis vont pouvoir être trouvés. Cela dit, on ne perd pas de vue que l'on poursuit le même objectif et que l'on oeuvre tous pour le rayonnement de Rolle. Cette fête d'inauguration de la Grand-Rue, on l'a organisée main dans la main avec la Municipalité, c'est un travail d'équipe! Et c'est d'ailleurs bien davantage qu'une simple fête! Elle permettra de réunir tous les Rollois, qui étaient un peu coupés en deux, et les gens de la région avec le message que la Grand-Rue est à nouveau fonctionnelle. Il va falloir reconquérir la clientèle qui a disparu et la faire revenir à Rolle.
N'est-ce pas paradoxal de clore les festivités par un défilé de Coccinelles? Vous ne rêviez pas d'une Grand-Rue rendue aux piétons?
Cela fait 22 mois que l'on attend de retrouver des voitures circulant dans les deux sens dans la Grand-Rue! Moi-même j'habite dans la Grand-Rue et ma chambre donne sur l'artère principale, et pourtant je me réjouis de ce trafic retrouvé! On a maintenant un magnifique revêtement qui absorbera l'essentiel des nuisances sonores! Les avantages de la vie en centre-ville vont de pair avec quelques désagréments.
Et comment la trouvez-vous cette artère rolloise toute neuve?
Trop minérale! La commune a évoqué la possibilité d'une végétalisation en pot, on se réjouit à cette perspective.
Le Grec va-t-il se retrouver désormais démuni?
Au contraire, nous allons pouvoir nous investir sur d'autres fronts. Deux problématiques nous préoccupent pour le devenir de Rolle: la question des parkings et leur gestion, ainsi que la disparition des surfaces artisanales à Rolle qui ne sont pas compensées dans la ville même. On aimerait les maintenir: c'est un tissu économique local vivant, des emplois, des places d'apprentissages. On ne veut pas d'une cité-dortoir à Rolle. On souhaite également mettre en place des cours et des formations destinés aussi bien aux commerçants qu'aux entreprises.