Mercato Foot: la loi du marché?
FOOT - "Tu es fou, ce joueur est surcoté! Le prix est démesuré!", entendez-vous parfois quand vous discutez foot. Vous l'avez peut-être même prononcée à l'annonce du transfert d'Anthony Martial de Monaco à Manchester United. A 19 ans et pour 80 millions d'euros, le jeune homme est devenu le français le plus cher de l'histoire alors qu'il n'a encore rien gagné. Sur quels critères (doit-on) se baser pour déterminer la valeur d'un joueur? Mode d'emploi:
Son âge
Champion du Monde, double champion d'Europe, vainqueur de la Ligue des Champions en 2005, Xabi Alonso est considéré comme un des meilleurs joueurs pour évoluer devant une défense. Pourtant, sa venue au Bayern Munich la saison passée depuis le Real Madrid n'avait coûté que huit millions d'euros à la formation bavaroise. De même, Bastian Schweinsteiger (ex-Bayern Munich) est allé découvrir la Premier League cet été. Son nouveau club, Manchester United, n'a dépensé "que" neuf millions d'euros pour s'attacher ses services. Une somme dérisoire à côté des montants évoqués pour Anthony Martial (80 millions d'euros) ou Angel Di Maria (63 millions d'euros). Un facteur essentiel joue ici: l'âge du joueur. Xabi Alonso et Bastian Schweinsteiger, bien que champions du monde, ont déjà plus de trente ans. Leur fin de carrière approche, ils sont donc censés être sur le déclin, leur valeur aussi. En prenant un joueur âgé, un club sait qu'il ne fera pas de plus-value derrière. A l'inverse, l'achat d'un jeune joueur peut être rentabilisé par une revente deux ou trois fois plus chère.
C'est pour cette raison que l'âge de certains joueurs africains est trafiqué à la baisse afin d'augmenter leur valeur. Un trafic qui crée des situations comme celle de Chancel Mbemba. Le défenseur de Newcastle a bien failli ne pas pouvoir évoluer avec les Magpies puisqu'il éprouvait des difficultés à prouver son âge. Le Congolais a quatre dates de naissance. Il a donc 20 ans selon les organisateurs et 26 ans selon la police. Sûrement pour fêter plusieurs fois son anniversaire...
Les contrats
Nous n'allons pas rentrer dans des considérations trop complexes en vous précisant les détails autour des contrats. Pour faire simple, un joueur va être plus facile à acheter lorsque son contrat arrive à expiration dans un an. Le club qui détient le joueur sera heureux de pouvoir récupérer un peu d'argent plutôt que de le voir partir libre la saison d'après (comme André Ayew et André-Pierre Gignac à Marseille). Le prix sera donc moins conséquent que pour un joueur auquel il reste encore 4 ou 5 ans de contrat car ces années doivent être rachetées par l'éventuel acquéreur. Compris? Passons aux clauses libératoires.
Derrière cette expression se cache un processus plutôt simple. Si un club paye la clause libératoire d'un joueur, la formation qui le détient ne peut pas refuser. C'est acheter la non-négociation. Celle de Gonzalo Higuain, attaquant argentin de Naples, est de 90 millions d'euros. Le président du club n'a pas voulu discuter avec les autres d'un transfert en-deçà de ce montant. Dommage pour le joueur qui voulait faire ses valises. Mais cette clause n'aurait pas été aussi élevée si Higuain avait été défenseur. Le poste des joueurs importe beaucoup.
Poste occupé
Avec 11 buts en Ligue 1 dans sa carrière dont 9 la saison dernière, Anthony Martial a laissé entrevoir un talent naissant à 19 ans seulement. Un talent très prisé à ce poste. En France, dès qu'un attaquant atteint la vingtaine de buts marqués en Ligue 1 sur une saison, son prix s'envole. Meilleur réalisateur du dernier exercice (27 buts) Alexandre Lacazette a vu sa cote monter de manière exponentielle.
Le joueur de l'Olympique Lyonnais a donc été approché cet été par des formations plus huppées comme Liverpool. Son président, Jean-Michel Aulas, fin négociateur a affiché directement le prix de son poulain: 50 millions d'euros. Soit 1,85 million d'euros le but. Les buteurs sont les joueurs qui font venir les gens au stade, ceux qui font rêver les supporters. Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo ne seraient pas autant idolâtrés s'ils ne mettaient pas autant de buts. Acheté 94 millions d'euros à Manchester United en 2009, le Portugais a vite rentabilisé son transfert au Real Madrid. Le club espagnol, détenant 40% des droits d'images du joueur a, dès la première année ramassé 70 millions d'euros. Imaginez le pactole aujourd'hui. C'est pourquoi le top 10 des transferts les plus importants de l'histoire est uniquement composé de joueurs offensifs. Le Ballon d'Or, qui récompense le meilleur joueur sur une année n'a plus été attribué à un défenseur depuis 2006.
Provenance et sélection nationale
Le prix d'un joueur ne sera pas le même s'il vient d'un petit club. Claudio Beauvue s'est démarqué la saison dernière en inscrivant 17 buts en Ligue 1 avec l'EA Guingamp. L'Olympique Lyonnais s'est présenté et n'a déboursé uniquement que 4,5 millions d'euros pour s'attacher les services de l'attaquant. Si l'ex-Guingampais avait réalisé ces performances à Marseille, son prix aurait été quintuplé. Moins riches à la base, les "petits clubs" acceptent plus facilement de laisser partir leurs pépites à des prix raisonnables. Lors de la vente de Giannelli Imbula à Marseille, Bertrand Desplat, le président de Guingamp avait expliqué qu'avec les 7 millions d'euros récupérés "le club était à l'abri pour 5 ans".L'équation est simple. Etre international est un statut qui permet d'obtenir un meilleur salaire et de vendre un joueur plus cher.
Pas de bol pour Manchester United, Anthony Martial a été appelé pour la première fois par Didier Deschamps quelques jours avant son achat. Parlez de cette situation à Nabil Fékir. Le joueur de 22 ans a eu du mal à faire son choix entre la sélection algérienne et la française. Tiraillé entre la possibilité de réaliser le rêve de son père et "son" projet de carrière. Les guillemets représentent ceux qui ont conseillé Nabil Fékir de se tourner vers l'équipe de France. L'Olympique Lyonnais, notamment par l'intermédiaire de son président Jean-Michel Aulas et son directeur général Bernard Lacombe, ont fortement poussé l'attaquant vers le coq. Un joueur sera plus sexy aux yeux des gros clubs s'il joue pour les Bleus plutôt que pour l'Algérie et donc le prix de vente plus conséquent. Au centre de ces discussions, un autre homme a fait penché la balance vers l'équipe de France : l'agent de Nabil Fékir, Jean-Pierre Bernès.
Le rôle des agents
Le prix d'un joueur peut fortement varier en fonction de la personne qui est assise à côté de lui lors des négociations. Aujourd'hui, Jorge Mendes est le roi du business. Son catalogue de joueur est énorme. Ancien patron d'une boite de nuit, il gère aujourd'hui les intérêts de joueurs comme Cristiano Ronaldo, Angel Di Maria ou James Rodriguez pour ne citer qu'eux. Cet été, Jorge Mendès, c'est 400 millions d'euros de transactions financières. L'homme au réseau ultra-développé a ses entrées dans tous les clubs. Pour faire fructifier son entreprise, il a besoin que ses joueurs bougent car il prend un pourcentage sur le montant de chaque transfert. L'agent de joueurs est particulièrement influent à l'AS Monaco. Le club est devenu une vraie entreprise et il s'en donne à cœur-joie.
La cadence à laquelle le club de la principauté change d'effectif est impressionnante. Cet été 63 mouvements de joueurs ont été enregistrés sur le Rocher. Certains joueurs comme Allan Saint-Maximin ont été achetés pour être directement prêtés sans même jouer une minute pour Monaco. Même les présidents de clubs l'avouent, les agents ont un rôle prépondérant dans la fixation du prix d'un joueur et sont parfois bien heureux de les voir arriver. Dans Libération, Vincent Labrune, le président de l'OM avait parlé des agents William et Mark McKay de la sorte: "Il faut reconnaitre que les McKay bossent comme des dingues. Ils ont une capacité à te ramener des offres des clubs anglais qui dépassent l'entendement !" Comprendre ici qu'un joueur qui aurait pu être vendu 10 millions d'euros, partira à 20 ou 30 grâce à eux.
Un marché comme les autres
Finalement le marché des transferts n'est qu'un marché comme un autre. Il se régule selon le principe de l'offre et de la demande. Si le joueur est titulaire indiscutable dans son club, sa valeur sera haute. Au contraire, un joueur qui joue peu et dont le club souhaite le départ, pourra être une très belle affaire. C'est sur cette "liste des transferts", ce marché secondaire que peuvent se trouver les bons plans. A l'image de Wesley Sneijder, jeté du Real en 2009 et grand artisan de la victoire de l'Inter Milan en Ligue des Champions un an plus tard.
Son âge
Champion du Monde, double champion d'Europe, vainqueur de la Ligue des Champions en 2005, Xabi Alonso est considéré comme un des meilleurs joueurs pour évoluer devant une défense. Pourtant, sa venue au Bayern Munich la saison passée depuis le Real Madrid n'avait coûté que huit millions d'euros à la formation bavaroise. De même, Bastian Schweinsteiger (ex-Bayern Munich) est allé découvrir la Premier League cet été. Son nouveau club, Manchester United, n'a dépensé "que" neuf millions d'euros pour s'attacher ses services. Une somme dérisoire à côté des montants évoqués pour Anthony Martial (80 millions d'euros) ou Angel Di Maria (63 millions d'euros). Un facteur essentiel joue ici: l'âge du joueur. Xabi Alonso et Bastian Schweinsteiger, bien que champions du monde, ont déjà plus de trente ans. Leur fin de carrière approche, ils sont donc censés être sur le déclin, leur valeur aussi. En prenant un joueur âgé, un club sait qu'il ne fera pas de plus-value derrière. A l'inverse, l'achat d'un jeune joueur peut être rentabilisé par une revente deux ou trois fois plus chère.
C'est pour cette raison que l'âge de certains joueurs africains est trafiqué à la baisse afin d'augmenter leur valeur. Un trafic qui crée des situations comme celle de Chancel Mbemba. Le défenseur de Newcastle a bien failli ne pas pouvoir évoluer avec les Magpies puisqu'il éprouvait des difficultés à prouver son âge. Le Congolais a quatre dates de naissance. Il a donc 20 ans selon les organisateurs et 26 ans selon la police. Sûrement pour fêter plusieurs fois son anniversaire...
Les contrats
Nous n'allons pas rentrer dans des considérations trop complexes en vous précisant les détails autour des contrats. Pour faire simple, un joueur va être plus facile à acheter lorsque son contrat arrive à expiration dans un an. Le club qui détient le joueur sera heureux de pouvoir récupérer un peu d'argent plutôt que de le voir partir libre la saison d'après (comme André Ayew et André-Pierre Gignac à Marseille). Le prix sera donc moins conséquent que pour un joueur auquel il reste encore 4 ou 5 ans de contrat car ces années doivent être rachetées par l'éventuel acquéreur. Compris? Passons aux clauses libératoires.
Derrière cette expression se cache un processus plutôt simple. Si un club paye la clause libératoire d'un joueur, la formation qui le détient ne peut pas refuser. C'est acheter la non-négociation. Celle de Gonzalo Higuain, attaquant argentin de Naples, est de 90 millions d'euros. Le président du club n'a pas voulu discuter avec les autres d'un transfert en-deçà de ce montant. Dommage pour le joueur qui voulait faire ses valises. Mais cette clause n'aurait pas été aussi élevée si Higuain avait été défenseur. Le poste des joueurs importe beaucoup.
Poste occupé
Avec 11 buts en Ligue 1 dans sa carrière dont 9 la saison dernière, Anthony Martial a laissé entrevoir un talent naissant à 19 ans seulement. Un talent très prisé à ce poste. En France, dès qu'un attaquant atteint la vingtaine de buts marqués en Ligue 1 sur une saison, son prix s'envole. Meilleur réalisateur du dernier exercice (27 buts) Alexandre Lacazette a vu sa cote monter de manière exponentielle.
Courbe de la valeur estimée d'Alexandre Lacazette
Le joueur de l'Olympique Lyonnais a donc été approché cet été par des formations plus huppées comme Liverpool. Son président, Jean-Michel Aulas, fin négociateur a affiché directement le prix de son poulain: 50 millions d'euros. Soit 1,85 million d'euros le but. Les buteurs sont les joueurs qui font venir les gens au stade, ceux qui font rêver les supporters. Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo ne seraient pas autant idolâtrés s'ils ne mettaient pas autant de buts. Acheté 94 millions d'euros à Manchester United en 2009, le Portugais a vite rentabilisé son transfert au Real Madrid. Le club espagnol, détenant 40% des droits d'images du joueur a, dès la première année ramassé 70 millions d'euros. Imaginez le pactole aujourd'hui. C'est pourquoi le top 10 des transferts les plus importants de l'histoire est uniquement composé de joueurs offensifs. Le Ballon d'Or, qui récompense le meilleur joueur sur une année n'a plus été attribué à un défenseur depuis 2006.
Provenance et sélection nationale
Le prix d'un joueur ne sera pas le même s'il vient d'un petit club. Claudio Beauvue s'est démarqué la saison dernière en inscrivant 17 buts en Ligue 1 avec l'EA Guingamp. L'Olympique Lyonnais s'est présenté et n'a déboursé uniquement que 4,5 millions d'euros pour s'attacher les services de l'attaquant. Si l'ex-Guingampais avait réalisé ces performances à Marseille, son prix aurait été quintuplé. Moins riches à la base, les "petits clubs" acceptent plus facilement de laisser partir leurs pépites à des prix raisonnables. Lors de la vente de Giannelli Imbula à Marseille, Bertrand Desplat, le président de Guingamp avait expliqué qu'avec les 7 millions d'euros récupérés "le club était à l'abri pour 5 ans".L'équation est simple. Etre international est un statut qui permet d'obtenir un meilleur salaire et de vendre un joueur plus cher.
Pas de bol pour Manchester United, Anthony Martial a été appelé pour la première fois par Didier Deschamps quelques jours avant son achat. Parlez de cette situation à Nabil Fékir. Le joueur de 22 ans a eu du mal à faire son choix entre la sélection algérienne et la française. Tiraillé entre la possibilité de réaliser le rêve de son père et "son" projet de carrière. Les guillemets représentent ceux qui ont conseillé Nabil Fékir de se tourner vers l'équipe de France. L'Olympique Lyonnais, notamment par l'intermédiaire de son président Jean-Michel Aulas et son directeur général Bernard Lacombe, ont fortement poussé l'attaquant vers le coq. Un joueur sera plus sexy aux yeux des gros clubs s'il joue pour les Bleus plutôt que pour l'Algérie et donc le prix de vente plus conséquent. Au centre de ces discussions, un autre homme a fait penché la balance vers l'équipe de France : l'agent de Nabil Fékir, Jean-Pierre Bernès.
Le rôle des agents
Le prix d'un joueur peut fortement varier en fonction de la personne qui est assise à côté de lui lors des négociations. Aujourd'hui, Jorge Mendes est le roi du business. Son catalogue de joueur est énorme. Ancien patron d'une boite de nuit, il gère aujourd'hui les intérêts de joueurs comme Cristiano Ronaldo, Angel Di Maria ou James Rodriguez pour ne citer qu'eux. Cet été, Jorge Mendès, c'est 400 millions d'euros de transactions financières. L'homme au réseau ultra-développé a ses entrées dans tous les clubs. Pour faire fructifier son entreprise, il a besoin que ses joueurs bougent car il prend un pourcentage sur le montant de chaque transfert. L'agent de joueurs est particulièrement influent à l'AS Monaco. Le club est devenu une vraie entreprise et il s'en donne à cœur-joie.
La cadence à laquelle le club de la principauté change d'effectif est impressionnante. Cet été 63 mouvements de joueurs ont été enregistrés sur le Rocher. Certains joueurs comme Allan Saint-Maximin ont été achetés pour être directement prêtés sans même jouer une minute pour Monaco. Même les présidents de clubs l'avouent, les agents ont un rôle prépondérant dans la fixation du prix d'un joueur et sont parfois bien heureux de les voir arriver. Dans Libération, Vincent Labrune, le président de l'OM avait parlé des agents William et Mark McKay de la sorte: "Il faut reconnaitre que les McKay bossent comme des dingues. Ils ont une capacité à te ramener des offres des clubs anglais qui dépassent l'entendement !" Comprendre ici qu'un joueur qui aurait pu être vendu 10 millions d'euros, partira à 20 ou 30 grâce à eux.
Un marché comme les autres
Finalement le marché des transferts n'est qu'un marché comme un autre. Il se régule selon le principe de l'offre et de la demande. Si le joueur est titulaire indiscutable dans son club, sa valeur sera haute. Au contraire, un joueur qui joue peu et dont le club souhaite le départ, pourra être une très belle affaire. C'est sur cette "liste des transferts", ce marché secondaire que peuvent se trouver les bons plans. A l'image de Wesley Sneijder, jeté du Real en 2009 et grand artisan de la victoire de l'Inter Milan en Ligue des Champions un an plus tard.
Lire aussi:
• Transfert: comment Monaco est devenu le club le plus malin du mercato foot
• Mercato: ces revenants qui retrouvent la Ligue 1 pour cette saison 2015-2016
• Yoann Gourcuff va faire son retour à Rennes après cinq années de galère à Lyon
• Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost
• Retrouvez-nous sur notre page Facebook