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Le Salon musulman du Val d'Oise: la "femme à l'honneur" et la laïcité en question

Le Salon musulman du Val d'Oise: la ISLAMISME - En dépit de l'appel aux pouvoirs publics, le Salon musulman du Val d'Oise a accueilli ce week-end le fleuron de l'obscurantisme religieux autour de son thème de prédilection: la femme. La liste des prédicateurs invités, connus pour prôner la soumission féminine au nom du bonheur conjugal et de l'honneur familial, laissait présager d'un événement où il serait davantage question des "devoirs" des femmes que de leurs droits. Parmi eux, Rachid Abou Houdeyfa et Nader Abou Anas: deux compagnons de route du Collectif Contre l'Islamophobie en France qui réclame l'abrogation des lois du 15 mars 2004 et du 11 octobre 2010 au nom de l'égalité des sexes et "l'autonomisation des femmes"... Mais à en croire le reportage publié sur Buzzfeed, tous les conférenciers auraient policé leurs discours pour l'occasion.

Toujours est-il que l'on retiendra de la polémique, outre la tonitruante intervention des Femen, que toutes les actions engagées pour empêcher l'événement par des voies légales seront restées lettre morte.

La municipalité de Pontoise, alertée par Céline Pina (conseillère régionale PS Ile-de-France), a estimé que ce "Salon au féminin" était une opération privée (organisée par une société commerciale dans le parc des expositions loué pour l'occasion) dans laquelle elle n'avait pas à intervenir. De même, le préfet du Val d'Oise n'a pas donné suite à l'interdiction réclamée par Laurence Marchand-Taillade (présidente de l'Observatoire de la laïcité du Val d'Oise).

À la décharge des autorités, il faut admettre que leur intervention risquait d'être aussi vaine que contreproductive sachant que la justice administrative aurait vraisemblablement sanctionné une interdiction préfectorale, au risque d'offrir aux organisateurs de l'événement le statut de martyr politique et une victoire judiciaire.

Car le fait que les conférenciers programmés aient précédemment tenu des discours contraires aux valeurs de la République ne suffit pas, contrairement à ce que l'on pourrait penser, à caractériser ce fameux "risque de trouble à l'ordre public" qui permet d'interdire un rassemblement. Dans un autre registre d'extrémisme -malheureusement plus consensuel, le fait qu'un élu soit ouvertement hostile au principe fondamental de la présomption d'innocence (en demandant, par exemple, une incarcération "préventive" des personnes fichées "S" par les services de renseignement) n'est pas un motif suffisant pour l'interdire de parole publique.

Par ailleurs, un discours contraire au droit des femmes ne tombe pas forcément sous le coup de la loi. Et ce pour une raison simple: la France est une République laïque. Le croyant doit respecter les lois votées par la représentation nationale, mais il n'est pas obligé d'adhérer aux valeurs qu'elles défendent. Comme l'a excellemment formulé Oliver Roy, la notion de "police des idées" est en principe étrangère à l'idéal laïque (1). À titre d'exemple, la loi ne force pas les autorités religieuses à approuver l'avortement et leur reconnaît le droit de proclamer qu'il s'agit d'un péché; elle leur interdit en revanche d'appeler à des représailles contre les cliniques pratiquant l'avortement. Les frontières de la liberté d'expression sont les mêmes pour les conférenciers de Pontoise: la loi leur interdit formellement d'inciter à la violence envers les femmes, mais elle ne peut les empêcher d'agiter le spectre d'un châtiment divin contre les femmes qui ne partagent pas leurs fantasmes misogynes.

Si l'on considère que ni le maire de Pontoise ni le préfet du Val d'Oise n'étaient en mesure d'empêcher l'événement, la démission politique n'est donc pas nécessairement où l'on croit (même si le mutisme de la municipalité de Pontoise sur l'idéologie des conférenciers est en soi un aveu de clientélisme religieux).

La démission la plus flagrante, en l'occurrence, se situe plutôt du côté d'un ministère public extraordinairement passif face à des prêches qui, pour certains, flirtent effectivement avec l'apologie du viol conjugal et de la claustration des femmes. Le sentiment de défaite face au "chantage à l'islamophobie" est d'autant plus vif lorsque l'on a un peu de mémoire judiciaire. Rappelons qu'il y a dix ans à peine, comme l'a prouvé l'affaire Abdelkader Bouziane (2), la France était encore un pays où il semblait aller de soi qu'on ne pouvait impunément justifier les violences conjugales sous prétexte d'émettre une opinion religieuse.
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(1) Olivier Roy, La laïcité face à l'Islam, Stock, 2005, p. 45.
(2) Dans un entretien publié dans Lyon Mag en avril 2004, un journaliste avait demandé à l'imam Abdelkader Bouziane s'il était "pour la lapidation des femmes". Sa réponse: "Oui, car battre sa femme, c'est autorisé par le Coran, mais dans certaines conditions, notamment si la femme trompe son mari. (...) Mais attention, l'homme n'a pas le droit de frapper n'importe où. Il ne doit pas frapper au visage mais viser le bas, les jambes ou le ventre. Et il peut frapper fort pour faire peur à sa femme, afin qu'elle ne recommence plus. (...)". L'imam avait bénéficié en première instance d'une relaxe (Tribunal correctionnel de Lyon, 21 juin 2005) au motif improbable que l'imam s'était seulement prononcé "en tant qu'homme de religion" et "s'était limité à expliquer ce que disait la religion au travers du Coran", et qu'il n'appartenait pas au tribunal "de porter une appréciation sur un texte ou un commentaire du Coran que les auteurs les plus savants s'accordent à reconnaître polysémique et parfois ambigu". Il sera condamné en appel à 6 mois de prison avec sursis et 2000 euros d'amende (Cour d'appel de Lyon, 14 octobre 2005) pour "provocation directe, non suivie d'effet, à commettre l'infraction d'atteinte volontaire à l'intégrité d'une personne". D'après le Collectif Contre l'Islamophobie en France (rapport 2003-2004, p.12), les procédures engagées contre Abdelkader Bouziane (il a également fait l'objet d'une mesure d'expulsion) seraient des "actes islamophobes"...


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