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Articles scolaires : Cherche marque algérienne désespérément !

C’est un marché qui s’adresse à 8 millions d’élèves, soit 8 millions de cartables avec tout ce que cela implique comme fournitures. Et ce, sans compter le secteur universitaire et celui de la bureautique. Bien que l’Algérie a produit, dès les années 1970, des articles scolaires de bonne qualité, notre pays n’affiche aujourd’hui (presque) aucune perspective d’investissement dans ce créneau.
La production nationale des articles scolaires ne représente que 20% du marché, tandis que les 80% sont issus de l’importation, selon les données de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA - aile Boulenouar). Pourtant, le marché global des articles scolaires et de bureautique est estimé par la même source à 300 milliards de dinars.

Et ce, bien que Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l’Ugcaa, précise que ce chiffre demeure une simple estimation dans la mesure où certains importateurs ne déclarent pas tout le volume de leurs importations. L’industrie du papier, notamment les cahiers, demeure la seule production qui arrive à tirer son épingle du jeu. La marque El Hillal reste un produit de bonne qualité, ce qui lui a valu l’engouement des parents d’élèves.

Une mère témoigne : «J’ai acheté des cahiers pour mes deux enfants en fonction de la qualité. Une fois arrivée à la maison, j’ai été agréablement surprise de constater que c’est une fabrication algérienne. Et c'est tant mieux !» D’ailleurs, dans les deux cartables que cette dame a remplis d’affaires scolaires, seuls ces cahiers sont fabriqués localement. Le reste des articles est issu de l’importation, y compris… les protège-cahiers. «Pour les protège-cahiers, il y a du local, mais la marque étrangère Vertex fait fureur. C’est un produit de très bonne qualité et maniable avec la forme du cahier», atteste-t-elle.

Ce témoignage est partagé par de nombreux commerçants interrogés à ce sujet. «Le produit algérien souffre du manque de créativité et a du mal à rivaliser avec le produit importé, lequel réussit chaque année à surprendre par de nouvelles formes et couleurs, si bien qu’il se vend très facilement», déclare Saïd Ben Loulou, directeur des magasins Techno sis à Alger-Centre et spécialisé dans les articles scolaires. Se disant «soucieux» de la réputation de son magasin, M. Ben Loulou estime que seule la marque El Hillal mérite d’avoir sa place sur ses étals. «Les produits proposés par le magasin Techno disposent de tous les certificats, notamment en matière de sécurité. C’est la raison pour laquelle je ne vends pas certains articles fabriqués en Algérie, car ne répondant pas aux normes», dit-il. Selon lui, le problème du produit algérien est le développement ajoutant que «seuls les produits El Hillal s’adaptent aux nouveaux designs».

Pour percer le secret de cette entreprise nationale qui a réussi à se frayer une place malgré la concurrence qualifiée de déloyale, nous avons pris contact avec le responsable commercial, M. Atmane, de l’entreprise El Hillal : «Notre politique consiste à agir sur la qualité et la disponibilité. L’importation ne peut pas satisfaire la demande nationale en la matière», explique-t-il. Sur un autre volet, ce responsable souligne que la concurrence nationale n’est pas tout à fait à la hauteur dans la mesure où les produits des autres entreprises nationales sont de qualité moindre. Reste la concurrence des produits importés dont ne souffre pas uniquement l’industrie du papier, mais toute la production nationale. Une concurrence qualifiée d'«illégale» par M. Atmane.

La chute du dinar compromet la production nationale

Ce dernier appelle à la préservation de la production nationale face à l’importation massive des produits fabriqués à l'étranger, tels que les cahiers et l’extra-blanc. La difficulté majeure pour le produit national  demeure la chute du dinar. «On ne peut pas garder les mêmes prix l’année prochaine», regrette M. Atmane, qui ne cache pas son inquiétude pour la situation que traverse l’économie algérienne, notamment la dévalorisation sensible de la monnaie nationale qui va influer sans nul doute sur le coût des produits.

Pour ce qui est de l’industrie des autres articles scolaires qui n’arrivent toujours pas à s’adapter au développement technologique, M. Ben Loulou, du magasin Techno souligne : «Ce n’est pas une simple industrie, cela demande de la pédagogie.» Faut-il se doter d’une pédagogie très avancée pour fabriquer un cartable pour écolier, d’autant plus que durant les années 1970 l’Algérie était leader en la matière ?

A voir des écoliers en bas âge avec des cartables à faire courber le dos, cela renseigne non seulement sur le manque de pédagogie, mais surtout l’absence du savoir-faire en matière des besoins de l’enfant (éducation, santé et bien-être….). Les parents sont de plus en plus soucieux du choix de ces cartables qui deviennent au fil des années comme une carapace sur le dos de leurs enfants. «Par expérience,  je choisis le cartable en fonction de la forme.  Il faut que cela préserve la forme des livres, et il faut que ce soit imperméable, pas trop grand et pas trop petit non plus.»

Une industrie qui ne demande pas de haute technologie

Selon Tahar Boulenouar, cette industrie n’a pas besoin de la technologie de pointe. Actuellement, les cartables sont importés à 100%. Bien que des usines de cuir existent en Algérie. «La matière première existe. Mais le cuir algérien est destiné à la contrebande», déplore M. Boulenouar, notant que le plastique peut servir, une fois recyclé, à la fabrication des articles scolaires, tels que les stylos.

Le porte-parole des commerçants souligne qu’avant l’introduction des nouvelles technologies, soit durant les années 1970, l’Algérie produisait tous les articles scolaires qui plus est étaient de bonne qualité. «On se souvient des gommes qui tenaient durant toute l’année et que certains écoliers donnaient à leurs petits frères une fois passés en classe supérieure. Alors qu’aujourd’hui, des gommes importées dans certains cas ne peuvent pas tenir une semaine avant de se détériorer», ajoutera le porte-parole de l’Ugcaa.

L’arrivée massive de nouvelles marques sur le marché algérien des articles scolaires, notamment celles connues mondialement, ont également participé à freiner l’élan de cette industrie qui, autrefois, répondait à tous les besoins des élèves et du corps pédagogique en général. Pourtant, le potentiel existe : 8 millions  d’élèves, équivalent à 8 millions de cartables, avec tout ce que cela implique comme fournitures.

Et ce, sans compter le secteur universitaire et celui de la bureautique, un marché sans aucune perspective d’investissement à l’heure où le gouvernement parle de la relance de l’économie nationale. Le porte-parole de l’Ugcaa pointe du doigt les importateurs  qui, d’après ses dires, font pression pour freiner la production nationale. «Une fois que le produit est commercialisé pendant plusieurs années, le producteur étranger peut investir en Algérie. Mais son vis-à-vis algérien préfère rester dans l’importation», déplore-t-il.  

 

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