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Avec le nouveau projet d'Anne Hidalgo pour Paris, je crains que l'austérité ne l'emporte

Avec le nouveau projet d'Anne Hidalgo pour Paris, je crains que l'austérité ne l'emporte POLITIQUE - Madame Hidalgo a raison de vouloir engager Paris dans la voie d'une reconquête démocratique, mais il n'est pas sûr que nous en ayons la même définition. Si j'approuve que Paris ait enfin les mêmes pouvoirs que toute autre municipalité, que les arrondissements soient redessinés, je crains que derrière les discours visant à rationaliser l'organisation administrative parisienne, l'austérité l'emporte. La fusion entre le département et la commune a un réel sens à Paris. Mais dans le contexte de la réforme territoriale en cours, dominée par une logique comptable "austéritaire", qui vise à supprimer les départements de la petite couronne et à engager des futurs transferts de compétence vers la métropole du Grand Paris, la plus grande inquiétude est de mise. Pour la reconquête démocratique, la maire devrait impliquer les Parisiennes et les Parisiens dans le débat, au contraire des logiques qui prévalent sur la métropolisation qui vont éloigner plus encore les citoyens des processus de décision, concentrer les moyens dans les cœurs de métropoles au mépris des coopérations et solidarités de territoire, au mépris de l'intérêt général social et écologique.

Pour se convaincre de la nécessité pour Paris de reconquérir ses prérogatives municipales, il suffit de constater le mépris démocratique de ce gouvernement via les décrets d'application de la loi Macron. Ni la maire, ni le conseil de Paris et encore moins les habitant-e-s et les salarié-e-s n'ont leur mot à dire sur les 12 Zones de Tourisme International et les gares où les commerces pourront ouvrir tous les dimanches et tard dans la nuit. Ce mépris démocratique, qui s'ajoute au passage en force de la loi par le 49.3 est inadmissible. Cette mesure, si nous ne la faisons pas échouer, va transformer Paris en centre commercial géant. A l'approche de la COP21, quelle aberration que cette course effrénée au consumérisme! L'enjeu est au contraire de faire respirer la ville, de préserver l'harmonisation des temps sociaux et non de briser un droit acquis de haute lutte en dérégulant les temps de travail. Seules les grandes enseignes en seront gagnantes, au mépris de la diversité des petits commerces. Sur un sujet aussi conséquent il est intolérable que la municipalité ne soit pas souveraine. Si Anne Hidalgo s'est fortement engagée dans la bataille contre le gouvernement sur ce dossier, elle devrait la mener jusqu'au bout et contribuer à mobiliser les Parisien-ne-s, en proposant un référendum d'initiative local ou une votation citoyenne. La reconquête de Paris ne peut se faire sans impliquer le peuple de Paris.

Il existe bien d'autres sujets pour lesquels la dépendance vis-à-vis de l'Etat n'a pas de sens, comme celui de la lutte contre la pollution. Oui, Paris doit avoir enfin les coudées franches sur l'ensemble de la voirie parisienne pour amplifier les mesures écologiques qui s'imposent et contribuer plus encore à réduire l'emprise de la voiture. La lutte contre l'habitat insalubre pourrait être menée de façon bien plus efficace si la ville était en mesure d'instaurer les arrêtés d'évacuation. Évidemment, il y a fort à parier que la droite parisienne profitera de ce débat pour revendiquer l'instauration d'une police municipale. Sur ce sujet, il faut rester intransigeant. L'attachement à la police républicaine nationale est essentiel pour le respect du droit à la sûreté et à la sécurité de tous les citoyen-ne-s.

Sur la réorganisation des arrondissements, notamment ceux du centre de Paris, il est de bon sens d'opérer des regroupements. La future carte devra néanmoins se faire de manière concertée avec les habitant-e-s. La maire de Paris va-t-elle en profiter pour accroître les pouvoirs et les moyens en termes d'administration décentralisée pour les arrondissements ? Ne serait-il pas pertinent que les arrondissements aient plus de pouvoir pour le soutien et l'octroi des subventions aux associations de quartier, sur les équipements de proximité, l'aménagement des espaces verts ? L'implication des citoyens pourrait y être bien plus forte si on renforçait la déconcentration de l'administration sur certains domaines en arrondissement. Par contre, la mairie centrale doit pouvoir garder toutes ses compétences en matière de logement social. Les arrondissements bourgeois de droite ne cessent de s'opposer aux préemptions et constructions de logements sociaux sur leur territoire. Si cette compétence parisienne venait à basculer sur la métropole, ce serait une catastrophe.

La fusion entre le département de Paris et la commune de Paris semble des plus pertinents. La même assemblée du Conseil de Paris délibère, les mêmes territoires sont concernés, les deux entités distinctes appartiennent au passé. Cependant, les premières réorganisations de l'administration parisienne ont déjà eu pour impact de modifier les missions des administrations antérieures. Une dégradation très forte des conditions de travail est signalée par les fonctionnaires du fait des opérations de réduction des effectifs via ces regroupements, des non remplacements de départ à la retraite. La motivation centrale de cette fusion est celle de la réduction des dépenses pour faire face aux baisses des dotations de l'Etat. L'inquiétude est des plus vives et légitimes quant aux futurs transferts si flous de certaines compétences vers la métropole. Concernant la politique de la ville et de l'intégration par exemple, la confusion entre l'implication des services dans la démocratie participative au détriment des actions dans les quartiers les plus difficiles pour l'accès aux droits a été déjà malmenée par la réforme de l'administration parisienne. Elle risque de s'aggraver avec la métropole.

Globalement, le vrai sujet est celui de la métropolisation à venir, bien plus que cette réforme de l'organisation des pouvoirs à Paris. La métropole aura-t-elle le monopole au mépris des solidarités et des coopérations entre les territoires? Les logiques libérales, au nom de la "compétitivité", de "l'attractivité" et de "l'innovation" aggraveront plus encore le désaménagement du territoire francilien avec ses logiques spéculatives, de concentration et de spécialisation, réduisant les terres agricoles, allongeant les distances domicile-travail, aggravant la pollution et renforçant les inégalités de territoires délaissés. Sur tout cela, le peuple n'est pas consulté, mais ce sera un des enjeux des élections régionales.

Face à la menace d'une métropole dirigée par la droite, la stratégie d'Anne Hidalgo semble être de vouloir renforcer et d'attraper tout ce qu'elle peut comme compétences pour Paris afin d'y faire contrepoids. Face à une réforme territoriale antidémocratique, on risque bien d'assister à une lutte entre barons là où la bataille pour la reconquête de la souveraineté du peuple serait si nécessaire. mais elle nécessiterait d'avoir une vision au delà du périph' et d'assumer l'opposition frontale à la politique du gouvernement.

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