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Profession: animal de laboratoire

Profession: animal de laboratoire ANIMAUX - Dénoncer l'univers de la vivisection en France demande du courage et de l'intelligence: Audrey Jougla, ancienne journaliste, se livre justement à une enquête dans les laboratoires privés et publics en France. Le résultat est sans appel: plus de 11 millions d'animaux -les rongeurs, les singes, les chats, les chiens- en Europe sont sacrifiés sur l'autel de la science.

L'auteure se propose d'interroger "la nécessité" de l'expérimentation animale et ses conséquences morales: au nom de quoi avons-nous le droit de disposer de la vie d'êtres vulnérables pour le profit d'autres êtres? Dans quelle mesure les scientifiques ont-ils le droit moral de créer des "êtres souffrants ou destinés toute leur vie à l'être"?

Face à "l'orgueil de la science", les militants de la cause animale en toute honnêteté luttent pour que l'animal ne subisse plus la violence des hommes; car défendre les animaux -comme l'a très bien compris Audrey Jougla-, c'est prendre la défense de l'humanité:

"J'ai compris plus tard que ces militants défendaient un territoire qui n'était pas rattaché aux animaux en soi, mais qui n'était autre que notre humanité. Les garde-fous de notre humanité: voilà ce qu'ils incarnaient, en l'ignorant bien souvent".

Pourquoi faudrait-il s'occuper des animaux alors que des gens meurent de faim dans le monde s'interroge le grand public? Pour éclaircir cette question, il faut dénoncer une idéologie qui ferait de la science la reine du progrès. Or, rien ne dit que la science œuvre exclusivement pour le bien de l'humanité. Lors d'une rencontre avec un responsable de la société Harlan -spécialiste de beagles destinés à l'expérimentation animale à Gannat- l'auteure reçoit une réponse qui en dit long sur l'idéologie véhiculée par les centres d'expérimentation animale:

"Nous oeuvrons pour le bien de l'humanité et l'humanité n'est pas capable de le reconnaître. C'est tout".

En ce sens, pour ceux qui font de l'animal un simple instrument au service de la santé de l'homme, il est logique voire naturel de défendre l'utilité de la recherche en ignorant la souffrance des êtres sensibles. Ce discours n'est pas nouveau puisque Claude Bernard, célèbre médecin et physiologiste au XIXe siècle, disait que le savant ne se comportait pas en homme du monde mais était absorbé par "l'idée scientifique qu'il poursuit". De ce fait, il n'entendait plus les cris des animaux et restait insensible à leur souffrance.

Audrey Jougla fait un amer constat: la science prétend être objective, soucieuse du bien public mais elle subit pourtant les impératifs des industries pharmaceutiques et des intérêts des laboratoires publics et privés. Pour le prouver, l'auteure enquête parfois en caméra cachée et "dialogue" avec les animaliers, les responsables des grands groupes comme Gircor ou Harlan...Quand la souffrance des animaux est évoquée, il est curieux que l'on mette en avant la légitimité d'une démarche au "plan biologique". Cette justification de l'expérimentation animale relève bien évidemment d'une forme de spécisme: c'est bien parce que l'humain affirme sa supériorité sur les autres espèces qu'il se donne le droit d'exploiter les êtres vulnérables, les "sans-voix".

Car la souffrance infligée aux animaux ne fait pas de doute : Audrey Jougla au bord des larmes et parfois en colère témoigne de la douleur des chiens qui servent à la recherche financée par le Téléthon (recherche sur la myopathie):

"Les chiens toussaient et souffraient de forts problèmes respiratoires. Une grande partie d'entre eux ne pouvaient plus s'alimenter...Les chiens aboyaient, inlassablement, approchant leur tête vers ma main, depuis leur cage. Avec leurs collerettes et leurs bodys, et leur suffocation. J'avais envie de pleurer. J'avais en face de moi des vies brisées par la souffrance. Je me disais qu'il valait mieux, pour eux, en finir vite. Quand on naît animal de laboratoire, mieux vaut ne pas trop durer".

Quand les animaliers sont interrogés sur les conditions de vie de ces animaux de laboratoire, ils gardent parfois le silence, baissent les yeux comme si la honte caractérisait leur attitude. Ils se contentent d'affirmer qu'ils n'aimeraient pas être à la place de ces animaux. Parfois, la réalité rejoint l'horreur; ainsi ces singes dans le sous-sol d'une animalerie sont intubés puis leur tête est bloquée dans une structure métallique. Certaines images sont émouvantes: "les singes dans leurs cages", "leurs mains agrippées aux barreaux". Sans parler de la recherche de la maladie de Parkinson qui implique de nombreuses souffrances pour les animaux; souffrance dont certains animaliers avouent qu'ils ne la supportent pas.

Certes, face à la souffrance de tous ces animaux, on pourrait se demander, en vertu du dogme de l'utilité, si la science guérit. Avec raison, Audrey Jougla dénonce les liaisons dangereuses entre les laboratoires et l'industrie du médicament: la liste est longue de ces médicaments qui sont testés sur les animaux et qui ne donnent aucun résultat probant pour l'Homme. Ainsi One Voice dénonce les tests effectués sur les animaux quant à la santé humaine: en Allemagne, 58.000 décès par an sont le résultat des effets secondaires des médicaments. A cette liste, on peut ajouter que certains laboratoires comme Merck se sont appuyés sur les expérimentations animales pour passer sous silence que certains médicaments ont causé la mort de 38.000 personnes et des problèmes de santé à 160.000 personnes!

A cela, on peut ajouter que les laboratoires de recherche, conscients du peu d'efficacité du modèle animal sur la santé de l'Homme faussent leurs tests afin de valider leurs hypothèses:

"On sait par conséquent fort bien produire les résultats qui seront les plus favorables à la demande d'autorisation de mise sur le marché; il suffit d'utiliser la lignée qui ne développe pas les pathologies redoutées. De cette controverse, l'expérimentation animale sort doublement affaiblie: d'une part, elle produit des résultats inadéquats au but qu'elle se fixe et, d'autre part, ceux-ci sont manipulables".

Pourquoi donc jouer avec la santé humaine et ne pas changer de paradigme? Pourquoi les scientifiques ne prennent-ils pas en compte les méthodes alternatives à l'expérimentation animale? C'est sans aucun doute une question de facilité: on préfère valider certains produits afin de les commercialiser par des tests effectués sur des animaux plutôt que d'avoir recours aux méthodes substitutives. Il est donc évident que beaucoup de médicaments ne seraient pas commercialisés si des méthodes plus fiables et plus exactes existaient -les méthodes substitutives.

Pourtant, les scientifiques affirment que l'éthique gouverne leur pratique: il existe bien une directive européenne quant à "l'humanisation du traitement des cobayes". La règle du bien-être de l'animal constitue une justification dans la mesure où le scientifique doit éviter de faire souffrir l'animal autant que possible.

Mais quelle est la valeur de l'éthique et des comités mis en place? Il faut reconnaître que malgré les protocoles -et en dépit de l'absurdité de l'éthique qui ne remet pas en cause l'expérimentation animale- les chercheurs ont le loisir de faire ce qu'ils veulent: la douleur des animaux est devenue une habitude, une routine qu'aucun cri ne peut réveiller. Avec raison le juriste Jean-Pierre Marguénaud affirme que la législation est "un habillage pour permettre aux seuls expérimentateurs d'apprécier en toute liberté dans quelle mesure et jusqu'à quel point ils doivent se comporter humainement avec le matériel sensible qui est mis à leur disposition".

Audrey Jougla évoque avec beaucoup de finesse la question essentielle de l'expérimentation animale: le problème moral. Au nom de quelle supériorité prétendue devrait-on exploiter des êtres vulnérables? C'est contre la logique de l'exploitation que les militants de la cause animale protestent; c'est contre la logique des plus forts que les militants condamnent avec virulence "l'impunité des puissants"! Et si nous apprenions que l'expérimentation animale était utile à la santé humaine, nous aurions encore le droit moral de protester contre la souffrance infligée à des êtres sensibles!

Terminons en guise de conclusion par les propos de l'auteur:

"L'expérimentation animale est l'illustration de la tragédie du choix car il est impossible de la justifier moralement: pourquoi ce qui serait intolérable pour l'espèce humaine serait tolérable pour d'autres espèces?"

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