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Débat sur la musique arabo andalouse a Constantine : De la nécessité de codifier la musique transmise oralement

Noureddine Saoudi et Abdelmalik Merouani ont plaidé à Constantine pour l'écriture de la musique arabo andalouse dont le Malouf pour mieux préserver l'héritage culturel algérien.
Constantine
De notre envoyé spécial

 

L'exposition « De Aswat à la Nouba » sur le parcours historique de la musique arabe, qui se déroule jusqu'au 12 novembre à la Maison de la culture Malek Haddad, à la faveur de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 », est également l'occasion de débattre sur la musique arabo-andalouse. Mercerdi 30 septembre, les chercheurs et musiciens Noureddine Saoudi et Abdelmalik Merouani ont présenté des conférences sur les origines du Malouf constantinois et sur les écoles d'Alger et de Tlemcen. Le débat a été modéré par le musicologue et le parfait connaisseur de la musique andalouse et chaabie Nacerddine Baghdadi qui est également directeur des archives de la radio nationale.

Abdelmalik Merouani, qui s'est appuyé sur le data-show pour présenter des poèmes, des diagrammes graphiques et des extraits musicaux, a évoqué les écoles de Tlemcen, d'Alger et a parlé du malouf tunisien et de l'andalous marocain à travers les écrits. Il s'est référé notamment aux travaux et aux aradjiz d'Abdelwahab Benahmed Ouancharissi, Mohamed Benhocine Al Hayek (« Chajaratou al Tubu' », l'arbre des modes), de Mohamed Souleiman Benabdallah Al Fassi Al Houat, de Mohamed Al Dharif Tounsi (Naourat Al tubu') et de Ibn Badja. Il a étudié en profondeur et avec finesse certains poèmes Zadjel comme « Ya achikin nar al mahaba laha oukoud » de Cheikh Touati et « Kif yahna el qalb » de Mohamed Benchahed Al Djazairi.

Le plaidoyer de Abdelmalik Merouani est clair : codifier la musique. « Le Malouf a ses règles. Ce qui est transmis par voie orale doit être porté dans des partitions. Il est important de donner une base académique à cette musique pour mieux transmettre l'héritage aux générations futures. Les jeunes nous ont toujours reproché l'inexistence de partitions pour le Malouf alors qu'ils arrivent à trouver facilement celles de la musique classique européenne. On ne peut pas continuer à transmettre cette musique qu'avec l'écoute uniquement», a souligné Abdelmalik Merouani qui a enseigné la musique notamment au conservatoire Abdelmoumen Bentobal de Constantine et au lycée Ahmed Reda Houhou de la même ville.

Abdelmalik Merouani, qui a déjà publié un livre sur les bechraf et les tawachi du malouf constantinois, prépare un ouvrage sur la théorie musicale et les tubu' ( les modes qui ne doivent pas être confondus avec les maqamat arabes). Noureddine Saoudi est également favorable à l'idée de codifier la musique andalouse.

« Il faut mettre en place de véritables règles d'apprentissage de la musique. Il est clair que pour faire ce travail, il faut des structures. Ce n'est donc pas la volonté d'une ou de deux personnes. C'est une volonté collégiale, une stratégie. Et dans cette stratégie s'inscrit la mise en place d'un centre qui aura la mission de collecter, d'archiver, de donner du sens aux archives et d'aller ensuite vers la recherche et l'analyse », a relevé Noureddine Saoudi, lui même interprète, compositeur, membre fondateur des associations algéroises Al Fakhardjia et Al Soundoussia.

Il a déjà produit plusieurs albums sur les noubatte Zidane, Raml Maya, Ghrib, Hcine et Dhil. Il a composé une nouba algérienne, « nouba dziria », en mode Sahli. Après le débat, il a présenté un concert, véritable cocktail de Sna'a, hawzi et chaabi. Mardi soir, un hommage a été rendu, toujours à la Maison de la culture Malek Haddad, à plusieurs maîtres du Malouf , du Zadjel et du Mahdjouz constantinois dont Abdelkader Toumi.

« Abdelkader Toumi, qui maitrisait bien l'arabe, a présenté une conférence sur le Malouf au Caire. Les égyptiens ont dit avoir découvert cette musique à travers lui», a précisé Abdelmalik Merouani. Halima Ali Khoudja, fille de Cheikh Hassouna, et responsable du département patrimoine immatriel et arts vivants de «Constantine, capitale de la culture arabe 2015 », s'est rappellée de sa rencontre avec Abdelkader Toumi.

« Il avait une grande culture musicale et avait un grand respect pour les autres maîtres de la chant constantinois. Il m'a beaucoup aidé à préparer un documentaire »,a-t-elle dit annonçant l'écriture d'un livre sur le malouf et son histoire. Le musicien Rabah Khetat, mélomane connu et animateur dans le mouvement associatif, a qualifié Abdelkader Toumi, qui avait connu Abdelhamid Benbadis, de véritable encyclopédie.

« Il a toujours partagé son savoir avec les autres. C'est grâce à des gens comme lui que le savoir musical a été transmis. Dans l'orchestre Fergani, et avant chaque concert, il venait nous aider, apporter les textes avec les explicatifs nécessaires», a-t-il témoigné. Les intervenants ont évoqué aussi le chanteur et percussionniste Khoudja Bendjelloul qui a grandement contribué au lancement de la carrière de Mohamed Tahar Fergani, devenu maître incontesté du Malouf.
 

 

 

* L'exposition « De Aswat et Nouba » est ouverte au public au niveau de la Maison de la culture Malek Haddad jusqu'au 12 novembre 2015. Les visiteurs sont audio-guidés à travers plusieurs espaces.

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