Новости по-русски

Engouement économique et hors champ embarrassant des droits humains en Iran

Engouement économique et hors champ embarrassant des droits humains en Iran INTERNATIONAL - Depuis l'accord diplomatique survenu le 14 juillet dernier sur le programme nucléaire iranien, les parties s'interrogent sur les dividendes qu'elles pourraient tirer de l'ouverture du marché iranien. Les questions de la redistribution des richesses en hydrocarbures et de la conquête d'un marché de 80 millions d'habitants sont devenues une priorité pour l'ensemble des décideurs politiques.

Un hors champ embarrassant a cependant terni l'ouverture diplomatique : l'absence de toute référence à la nécessité de progrès des droits humains dans un pays qui détient le sinistre palmarès mondial du plus grand nombre d'exécutions par habitant.

Les représentants de quelque 130 entreprises françaises qui se sont envolées en septembre pour l'Iran n'avaient qu'une idée en tête : profiter de l'ouverture économique que présage la levée progressive des sanctions si l'Iran respecte ses engagements sur le nucléaire militaire. Au mieux, les sanctions européennes et américaines seront levées à la fin du premier semestre 2016.

Pour la première fois depuis 12 ans, des ministres français accompagnaient des patrons dans la république islamique. Les infrastructures vétustes du pays : routes, voies ferrées, aéroports, l'exploitation pétrolière et gazière, et une forte demande de biens de consommation courante et d'agroalimentaire sont autant de secteurs dans lesquels souhaiteraient investir les entrepreneurs européens qui se bousculent à Téhéran.

Il est vrai que l'Iranien ordinaire, dont le pouvoir d'achat a baissé de 73 % depuis 2005 (1), ne demande pas mieux que la fin du calvaire économique provoqué par les mollahs. Avec une inflation estimée à 35% selon les experts indépendants (15 % officiellement) et un taux de chômage de 30 % (38% chez les 15-29 ans) pour une population active de 24 millions, la population iranienne a les yeux rivés vers une sortie de crise.

Mais beaucoup s'interrogent aussi sur les réels dividendes dont pourra profiter la population grâce à cette ouverture diplomatique et économique. En réalité, le système iranien est malade, et son économie souffre d'un dysfonctionnement structurel. Un responsable iranien a récemment déclaré que "l'impact des sanctions sur l'économie du pays n'a été que de 20 à 25% et tout le monde doit savoir que les problèmes économiques actuels du pays ne sont pas dus aux sanctions. Par conséquent, les choses ne retourneront pas à la normale avec la levée des sanctions." (Mohsen Jalalpour, le président de la chambre de commerce et de l'industrie, des mines et de l'agriculture - médias iraniens, le 14 août 2015). (2)

Selon les analystes, un vice fondamental paralyse l'économie iranienne : c'est l'emprise des Pasdaran (l'armée idéologique du régime) sur toutes les sphères du pouvoir et de l'économie. Cette tendance a continué sous le gouvernement Rohani. Selon Reuters, les Pasdaran et les fondations du guide suprême contrôlent plus de 50 % du PIB du pays, estimé à 400 milliards de dollars.

L'agenda du Guide suprême iranien ne correspond pas nécessairement aux intérêts de la nation, et le maintien du pouvoir prime sur toute autre considération : l'essentiel des revenus du pays est en effet consacré à financer la machine militaire des Pasdaran, responsable à la fois de la répression à l'intérieur et de l'aventurisme régional du régime islamiste. Le dispendieux programme nucléaire n'est qu'un volet de cette politique néfaste. Pour permettre à l'économie iranienne de respirer, il faut couper les dépenses militaristes et expansionnistes des mollahs, ce qui déroge à la stratégie de survie des autorités intégristes.

La primauté des droits de l'homme

Dans ce contexte, les opposants et démocrates iraniens estiment que la communauté internationale doit subordonner ses relations avec l'Iran au respect des droits de l'homme et à une ouverture politique dans le pays. L'abolition du principe du "Guide suprême" et la fin de la domination des Pasdaran, suivies d'élections réellement libres sous l'égide des Nations-Unies, sont indispensables pour permettre à l'Iran d'évoluer vers la stabilité politique et économique.

Alors que Paris s'apprête à recevoir, à l'occasion d'un sommet de l'Unesco, le mollah Hassan Rohani, actuel président du régime, il est impératif de rappeler que la tendance n'est malheureusement pas à la modération en Iran. Depuis le début de la présidence de ce conservateur qualifié hâtivement de "modéré", plus de 2000 iraniens ont été conduits à la potence, sans compter les innombrables arrestations de blogueurs, de journalistes et de militants de la société civile qui croupissent dans les prisons iraniennes.

Le mois dernier, dans son rapport à la 70ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Ban Ki-Moon s'est dit préoccupé par la situation des droits humains en Iran. Il a regretté que "le gouvernement iranien ait décidé de rejeter 40 des 41 recommandations qu'il a reçues concernant la peine de mort pendant le deuxième cycle de son examen périodique universel". Sur les exécutions de mineurs, il s'est dit "profondément attristé" par l'exécution de deux jeunes, pour des actes commis lorsqu'ils étaient mineurs. Il a noté qu'"en République islamique, les exécutions de mineurs se poursuivent sans discontinuité".

Sur la situation des femmes, le rapport de l'ONU estime que "les Iraniennes sont toujours confrontées à des inégalités systémiques et à de la discrimination en droit comme en fait dans tous les secteurs de la vie. Le code pénal islamique donne aux maris une maîtrise considérable sur la vie de leurs femmes et de leurs enfants. L'article 630 autorise un mari à tuer sa femme en cas d'adultère."

Le courage de millions d'Iraniens, qui se sont insurgés en 2009 pour revendiquer la fin du système religieux et l'instauration d'un gouvernement démocratique et laïc, en a impressionné plus d'un. Si la répression brutale a eu momentanément raison du mouvement populaire, les aspirations pour la liberté et les droits de l'homme restent vives chez les Iraniens.

Cette population a le droit d'exiger des changements réels et de considérer que l'ouverture diplomatique doit s'accompagner d'une ouverture politique dans le pays. Faute d'ouverture, les vaines promesses de modération d'Hassan Rohani ne suffiront pas à empêcher les revendications politiques et sociales d'éclater au grand jour, éventuellement lors de la prochaine échéance électorale prévue pour le 26 février 2016, ou dans un autre tournant que réserve l'histoire.

Entre-temps c'est à nous, et au gouvernement français en particulier, de faire comprendre aux dirigeants iraniens que sans l'arrêt immédiat des exécutions, le système économique iranien restera instable et sans perspective. C'est dans l'intérêt de tous que de subordonner nos relations avec l'Iran à l'amélioration de la situation des droits de l'homme dans le pays, et comme le demande le secrétaire général de l'ONU, à l'arrêt des exécutions.

(1) : agence officielle ISNA, 24 décembre 2014
(2) : Rappelons qu'à l'époque du gouvernement d'Ahmadinejad, l'économie ne se portait pas mieux, alors que le flot des pétrodollars ne tarissait pas au prix de 100 $ le baril.

Lire aussi:

• Non, la géopolitique n'est pas réductible aux conflits religieux!

• La peine de mort en Iran, rappel gênant pour les commerçants sans éthiques

• Ne détournez pas le regard des droits des femmes en Iran

• Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici

• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost

• Retrouvez-nous sur notre page Facebook


Читайте на 123ru.net