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André Frankin, Personne et les autres (1960)

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Comme tu dois le penser d’après notre télégramme, nous avons vivement apprécié Personne et les autres. […] Mais je comprends (c’est une façon de parler) le malaise ou la stupeur de certains esthètes qui ont eu ce manuscrit en mains. […] C’est une histoire, non contée, mais vécue par des idiots pleins de bruit et de fureur, qui ne signifient rien – pour détourner justement Shakespeare – et précisément ces gens mêlent à ce délire morne et ennuyé (ennuyeux) qui est le mode d’être moyen de « la vie courante », au sens du poème final de Maïakovski « la barque de l’amour s’est brisée contre la vie courante », certains fragments de communication privilégiée, mais non traitée comme telle ; certaines « informations » qui sont parmi les plus lucides et exactes que puisse transmettre un spectacle d’aujourd’hui, à travers sa propre contestation.  
Guy Debord, Lettre à André Frankin du 31 octobre 1960

Seule pièce de théâtre écrite par l’un des membres de l’Internationale situationniste (IS) – le Liégeois André Frankin (1925-1990) –, Personne et les autres (1960) semblait irrémédiablement perdue. On ne la connaissait que par sa préface, publiée en décembre 1960 dans le numéro 5 de la revue Internationale situationniste, et par quelques mentions dans la correspondance de Guy Debord. La frustration était d’autant plus grande que la pièce ouvrait, aux dires de Debord, un nouveau domaine « pour le scandale situationniste », et que les réflexions situationnistes ont eu, depuis, beaucoup d’influence sur le théâtre contemporain et sur la performance.

En 2015, l’artiste Vincent Meessen lui empruntait le titre de l’exposition collective qu’il organisait pour la Pavillon belge, lors de la 56ème Biennale de Venise. Il en était également question, en 2017, lors du colloque L’Internationale situationniste et la performance contemporaine, organisé au Théâtre des Amandiers et au Théâtre de l’Échangeur.

Raoul Vaneigem a récemment retrouvé le tapuscrit de Personne et les autres dans ses archives, et a bien voulu nous le confier pour qu’il soit édité. Il est maintenant possible de juger sur pièce.

C’est aussi l’occasion de revenir sur la personnalité mystérieuse d’André Frankin. Membre de l’Internationale lettriste puis de l’IS, mais « hors section », on savait peu de choses sur lui jusqu’à présent. L’exploitation des archives inédites d’André Blavier (1922-2001), bibliothécaire et pataphysicien, l’ami le plus proche de Frankin, permet de reconstituer son parcours, ainsi que le champ de résonnances politico-artistiques auxquels il participe, à une période charnière dans l’histoire des avant-gardes : le tournant des années 1960. Elle permet aussi de mieux évaluer sa participation à l’IS, à la politisation de laquelle il a largement contribué.

Édition et introduction de François Coadou et Frédéric Thomas.

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