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Marché de l'art: l'inexorable déclin de Drouot

Marché de l'art: l'inexorable déclin de Drouot CULTURE - Pour les grandes maisons de ventes aux enchères en France, 2015 est une année de consolidation avec des résultats stables. Mais la vénérable institution qu'est Drouot ne cesse de perdre de son aura. Explications.

A chaque fin d'année, c'est la même rengaine, faite d'autosatisfactions et d'annonces records. Pour les maisons de vente aux enchères en France, l'année 2015 aura, une fois encore, été marquée par de bons chiffres. Chacun s'auto-congratule et présente ses meilleures ventes comme des trophées hors norme. Cocorico donc ? Pas vraiment.

D'abord le marché français dans son ensemble ne cesse de marquer le pas dans un univers aujourd'hui totalement mondialisé. La part de la France est ainsi passée de 60% à ... 3% en cinquante ans! dans un ensemble énorme qui représente désormais plus de 14 milliards d'euros, un chiffre d'affaire en constante progression. C'est encore pire pour le seul secteur de l'art contemporain que suit avec une remarquable précision statistique le site artprice.com: la France, pourtant encore 4ème mondial en termes de résultats de ventes ne représente plus que 1,75% de cette activité artistique quand la Chine et les Etats unis raflent chacun 35% de part de marché.

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Hôtel Drouot à Paris©DR


Pire toujours car quand toutes les places progressent, l'hexagone régresse de 10% de résultat à seulement 22 millions d'euros. Pire enfin, avec 51% d'invendus, contre 36% en moyenne dans le monde, elle peine à trouver des oeuvres actuelles de qualité; A noter enfin que si dans les 100 artistes nés après 1945 les plus performants en chiffre d'affaires on trouve 47 Chinois, 19 Américains, 10 Britanniques et 9 Allemands, le premier Français, Robert Combas ne se classe que 134ème.

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Vente du tableau le plus cher, 143 millions à New York en novembre 2015© Christie's


Stabilité pour les grands


Avec 234,1 millions d'euros de ventes publiques en 2015, Christie's France est en tête du palmarès tricolore (180,7 millions l'an passé), médaille d'argent pour Sotheby's France, 240,4 millions (stable) et troisième place du podium national pour Artcurial avec 191 millions, un petit million de moins qu'en 2014. Youpee donc.

Enfin presque, car l'enchère la plus élevée en 2015 en France aura concerné...une Ferrari California spider adjugée 16,3 millions d'euros par Artcurial. D'ailleurs la maison du Rond Point des Champs Elysées affiche 3 voitures de collection dans ses cinq plus hautes enchères, un tableau de Zao Wou-ki et une table de Jean Prouvé s'intercalant dans ce palmarès millionnaire dit artistique.

D'ailleurs le secteur automobiles anciennes compte pour 37% dans les comptes d'Artcurial, autant que le secteur du XXème siècle (design, peinture), les beaux-arts (mobilier classique, bibliophilie) seulement 14% autant que le luxe 13% (accessoires de mode, horlogerie). A Paris, Christie's affiche un record à 5,5 millions pour un rouleau chinois du XVIIIème et Sotheby's 5,4 millions un masque double Baoulé de Côte d'Ivoire.

Aujourd'hui, le marché français de haut de gamme est devenu une affaire de quelques spécialités bien précises: arts premiers, voitures de collection, bibliophilie, bande dessinée. Le mobilier classique, l'art nouveau, la peinture ancienne, la joaillerie ou l'art contemporain de prestige sont désormais l'apanage de Londres, New York ou Hong Kong. Avec là , de plus en plus, des prix prohibitifs, car le marché mondial de très haut de gamme est l'objet de fortes spéculations en ces temps où l'argent coule à flots et où le nombre de milliardaires ne cesse de croître.

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Vente à Drouot@Drouot


Déclin pour les petits

Reste les autres sociétés de ventes tricolores. Les 11 maisons provinciales regroupées sous la houlette d'"Ivoire" ont réalisé 57 millions d'euros de chiffre d'affaires, pareil à l'année précédente, cette fois sans enchère millionnaire, tout juste quelques lots au dessus de 100.000 euros pour les plus notables. De son coté Aguttes avec 41 millions, installé à Paris, Neuilly, Lyon et Deauville se classe quatrième avec une forte progression de 28%.

Ce n'est pas le cas de Drouot qui ne réalise plus que 375 millions de résultats (sans gré à gré), autant que l'an passé, quand les 550 millions étaient de mise il y a encore peu. Soit tout juste ce que Sotheby's ou Christie's réalisent séparément en...une seule vacation à New York! En 2015, Drouot n'a enregistré que 8 enchères millionnaires sur 21 spécialités regroupant 1147 ventes. Les 74 sociétés des 110 commissaires priseurs ont vu partir de leur syndicat commun quelques maisons renommées, Tajan, Piasa, Cornette de Saint Cyr, qui ont ouvert leurs propres lieux de vente dans la capitale, de nouveaux concurrents donc.

Si la France reste la première destination culturelle du monde, elle n'a plus le panache d'antan sur le marché de l'art, étant reléguée à un rôle premier de grenier d'objets anciens et de second pôle d'enchères. Drouot, qui s'est trop longtemps reposé sur un monopole datant de... 1555 conférant pendant des siècles aux commissaires priseurs l'exclusivité des ventes à l'encan, semble avoir du mal à s'adapter aux nouvelles règles ouvrant le marché à la concurrence nationale et mondiale, il y a maintenant quinze ans. De plus, un scandale a affecté la maison et découragé quelques acteurs importants.

Malgré la mise (tardive) aux normes informatiques et les transformations des lieux, la vénérable maison qui draine pourtant 5000 visiteurs quotidiens, souvent âgés et plus curieux qu'acheteurs, parait délaissée, d'autant que les horaires restent étriqués, les salles souvent vides , les jours d'exposition restreints et l'offre peu attirante. Si les ventes les plus courantes ont été déplacées dans un autre lieu, les traditionnels objets mis à l'encan, mobilier classique, archéologie, faïence ou peinture ancienne ne sont plus au goût du jour. D'autant que les lots les plus prestigieux n'y sont plus, souvent mis en vente par les sociétés concurrentes. D'où, dans ces lieux jadis très animés et joyeux, règne aujourd'hui un certain sentiment de vide et de mélancolie. Pas de quoi espérer des jours meilleurs.

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