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Un dîner du Crif 2016 encore et toujours à l'heure sécuritaire

Un dîner du Crif 2016 encore et toujours à l'heure sécuritaire SECURITE - En 2015, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait récompensé Lassana Bathily pour avoir aidé des juifs à se cacher lors de la prise d'otages de l'Hypercacher à Paris. Un an plus tard, le traditionnel dîner du Crif, où se pressent les ténors du gouvernement comme de l'opposition, honore la police et l'armée pour leur engagement à protéger une communauté juive française durement éprouvée par les attentats et la persistance de l'antisémitisme.

"Depuis 2015, ils nous protègent avec un dévouement exceptionnel. En même temps que ce prix, on leur remettra un recueil de messages des gens qui en ont été les bénéficiaires, soit les parents des élèves, soit les usagers des synagogues", a confirmé ce lundi sur Europe1 Roger Cukierman. Le président du Crif, qui abandonnera sa fonction cette année, a évoqué le souvenir de la Seconde guerre mondiale pour exprimer sa reconnaissance envers les forces de l'ordre: "J'ai été un enfant caché, un enfant de six ans. A l'époque, j'étais en danger et il fallait fuir les policiers qui raflaient les juifs. Aujourd'hui, je suis en danger mais ce sont les policiers qui me protègent, c'est une différence essentielle."

Quand les juifs se sentaient "comme des citoyens de deuxième zone"

Entre l'affaire Merah et la prise d'otage de l'Hypercacher jusqu'aux agressions ciblées à Marseille, le climat de tension au sein de la communauté juive explique pour beaucoup ce sentiment de gratitude à l'égard des policiers et militaires déployés sur l'ensemble du territoire et tout particulièrement à proximité des lieux de culte et des écoles. Alors que la prolongation de l'état d'urgence continue de faire débat dans le pays, de nombreux juifs de France estiment que, depuis les événements de 2015, leur demande de protection a enfin été entendue.

Un an après l'attaque visant le supermarché Hypercacher à Paris, Manuel Valls avait déclaré lors d'une cérémonie d'hommage que la France avant "enfin pleinement ouvert les yeux sur ce que ressentaient au fond d’eux-mêmes, sans être suffisamment entendus, les juifs de France", citant la mort d'Ilan Halimi et le massacre dans une école juive par Mohammed Merah. "Cette angoisse, cette angoisse immense, cette angoisse légitime ne doit plus jamais être sous-estimée. Et nous devons tous ensemble lui apporter une réponse", avait-il alors rappelé.

Le président du Crif parie d'ailleurs sur un tassement de l'émigration des juifs hors de France et notamment vers Israël dans le cadre de l'"aliyah" ("montée" en hébreu). Celle-ci va pourtant de record en record (7200 départs en 2014 puis 7900 en 2015, selon les chiffres de l'Agence juive qui ne communique pas sur le nombre de retours en France). Mais pour Roger Cukierman, les attentats de novembre ont changé la donne. "Jusqu'en novembre, nous avions le sentiment que nous étions, avec les journalistes et les policiers, les rares cibles des jihadistes. On avait le sentiment que nous étions des citoyens de deuxième zone", explique-t-il. Depuis l'attaque du Bataclan, "on a une situation où tous les Français sont alignés" et font face au même danger.

Un antisémitisme persistant jusque dans l'école de la République

L'engagement de l'Etat à protéger les juifs de France n'a toutefois toujours pas réussi à faire reculer durablement les actes antisémites. Leur nombre n'a que très peu reflué l'an dernier par rapport à l'année précédente, passant de 851 à 808 actions et menaces, selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ). "Une fois de plus, les juifs, qui représentent moins de 1% de la population totale, sont la cible à eux seuls de 40% des actes racistes commis en France et de 49% des violences racistes aux personnes", soulignait l'organisme dans son rapport annuel.

L'inquiétude sécuritaire demeure d'ailleurs toujours très vive au sein de la communauté juive. Selon Roger Cukierman toujours sur Europe1, seul un tiers des élèves juifs sont désormais scolarisés dans l'école publique. Le symptôme, selon le président du Crif, non d'un repli communautaire mais de la violence qui s'exprime dans l'enceinte de l'école à l'égard des élèves de confession juive.

"C'est un choix de crainte parce que les enfants juifs, pas dans toutes les écoles mais dans de très nombreuses écoles, sont battus, insultés parce que juifs et ça c'est un phénomène nouveau", a-t-il expliqué. "Malheureusement l'école de la République a changé, c'était une école fantastique", a encore dit Roger Cukierman, espérant qu'"on obtiendra un retour de l'école de la République vers plus d'ouverture".

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