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David Cameron est-il le fils de Dark Vador?

David Cameron est-il le fils de Dark Vador? Toute une génération connaît cette phrase assénée par Dark Vador à Luke Skywalker: "Je suis ton père" et l'épisode où Dark Vador tente d'emmener son fils du côté obscur de la Force...sans y arriver. Malheureusement, David Cameron semble moins solide que Luke en choisissant avec le Brexit de rejoindre le côté obscur de la Force.

L'incompréhension des opinions publiques, notamment ouest-européennes, de l'enjeu du référendum britannique du 23 juin prochain se traduit par l'absence, en France et en Europe, de vrai débat politique sur le Brexit. En France, les rares commentateurs s'en réjouissent, soit pour affirmer que, sans les Britanniques, l'Europe pourra redémarrer (Michel Rocard), soit pour conforter la faisabilité de leur propre projet du détachement de la France de l'Union européenne (Marine le Pen). Ce rapprochement sur le caractère positif du Brexit de la part de personnalités aussi différentes devrait, comme lors du référendum français de 2005 sur la Constitution européenne, conduire le personnel politique à débattre de l'avenir de l'Europe.

La probabilité du Brexit se confirme. L'Europe de la crise de l'euro, de la crise migratoire et de la crise sécuritaire n'a rien de bien attirant pour nos amis britanniques. Le petit calcul faussement habile de David Cameron en 2013, promettant un référendum sur le Brexit pour gagner les élections, pourrait conduire le Royaume-Uni à quitter l'Union européenne. Laissons le bénéfice du doute à David Cameron quant à ses intentions, mais contrôle-t-il vraiment l'issue de ce référendum?

La lutte entre ses futurs successeurs pour la direction des Tories est lancée et les principaux candidats (Boris Johnson, maire de Londres ou Iain Duncan Smith, ex-ministre du travail de David Cameron) ont choisi de faire campagne en faveur du Brexit. Le soutien du patronat britannique au maintien du Royaume-Uni dans l'Union n'a fait qu'accroître le fossé entre certaines élites favorables à l'Europe et les laissés-pour-compte de la croissance britannique qui associent Europe, austérité et immigration.

Les conséquences de la sortie du Royaume-Uni seront dévastatrices tant pour l'Europe, que pour la place de la France dans le monde.

Le monde entier analysera le Brexit comme la manifestation de l'échec économique de l'Union européenne. Si les pragmatiques Britanniques, qui s'étaient battus pour rentrer dans les années 60 s'en vont, c'est que l'Union n'est plus la bonne porte d'entrée dans la mondialisation. Les investisseurs mondiaux retireront leurs fonds d'une zone économique qui ne croit plus en elle-même. Certains États membres pourraient penser que l'indépendance politique et les marges de manœuvre monétaires retrouvées dynamiseront des économies ouvertes (Pologne, pays baltes).

Le Brexit déplacera le centre géographique de l'Europe vers l'Est et bouleversera son équilibre. Les opinions publiques de cette Europe « mise sous cloche » durant la domination soviétique divergent de celles de la vieille Europe du marché commun (France, Allemagne, Italie, Benelux). Les récentes élections allemandes ont montré plus de convergences entre les populations de l'ex-RDA et celles des pays de l'Est, où le populisme a pris les commandes politiques (Pologne, Hongrie, Slovaquie), qu'entre les Allemands eux-mêmes. L'Europe changera d'interlocuteur principal.

La Russie ne pourrait-elle pas accentuer la division entre ces derniers États et les États de l'UE qui ont des liens économiques forts (Allemagne et Italie) avec elle ? Enfin, jusqu'à quand, les États-Unis accepteront de financer la défense d'États avec qui ils n'arrivent pas à conclure un accord commercial (TTIP) et qui semblent avoir des difficultés à s'organiser entre eux pour renforcer leur propre sécurité. Pour les Américains, l'existence de cinq services de polices concurrents susceptibles d'intervenir sur un territoire aussi réduit que Bruxelles est synonyme de sous-développement.

Enfin le Brexit pourrait éloigner, davantage encore, l'Europe de l'Afrique. Ce continent phare du XXIe siècle risque de tourner le dos à une Europe qui refuse ses migrants, qui n'a plus le monopole de la formation de ses élites et qui ne lui garantit pas la sécurité. Le couple franco-britannique, composé des deux anciennes puissances coloniales du continent, compense l'insuffisance européenne en matière de véritable projet de coopération euro-africain. Faute pour la France d'en avoir les moyens sur le long terme, ses efforts pour aider des États africains à se défendre du djihadisme ne pourront pas continuer très longtemps sans s'appuyer sur les autres européens.

L'absence de soutien massif et diversifié (économique, financier, militaire, culturel) de l'Union européenne à la Tunisie est criminelle. Notre avenir d'Européens, dans sa composante multiculturelle, se joue tout autant à Tunis qu'à Paris ou Bruxelles. Donner un visage contemporain à une démocratie arabe est une des réponses les plus fortes à donner à Daech.

Que faire jusqu'au 23 juin 2016? D'abord, faire savoir à l'opinion publique britannique que les autres européens veulent les garder avec eux. Ils peuvent penser que les autres européens n'ont rien à faire de leur départ, voire s'en réjouissent. Lançons une campagne "Britain, stand by us in Europe!". Oui, nous voulons les garder à nos côtés. Mais, il faut aussi entendre ce qu'ils nous disent sur l'absence de démocratie en Europe, ou l'inadaptation de l'Union au monde de la globalisation, et leur donner à penser que leur avenir est dans un continent dynamique, capable de se défendre contre les menaces extérieures.

Si le Brexit se confirme, la seule réponse politique possible sera la constitution d'un fédéralisme régional assis sur les six États fondateurs de l'aventure européenne (France, Allemagne, Italie, Benelux). Alors commençons à y travailler maintenant, pour éviter le trouble d'un "day after" non préparé. Imposons l'Europe dans le débat politique français, et notamment la thématique de la répartition des responsabilités entre l'Europe et la classe politique nationale quant à la situation de la population française en 2016.

Comment nos politiques pourraient-ils expliquer que la même politique agricole commune (PAC) conduit les agriculteurs français à la faillite et au suicide, et permet à leurs collègues italiens d'avoir un revenu moyen annuel de 22.500 euros? Les Français ne devraient-ils pas cesser de faire de Bruxelles un bouc émissaire et chercher, principalement en France l'origine de leurs difficultés?

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