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Tam’ Opération de démolition sous tension à la cité El Qamar

La semaine dernière, un bidonville près de Tamanrasset a été détruit par les autorités. A la rue, les habitants, qui assurent de ne pas avoir été prévenus, dénoncent aussi la corruption qui les empêche d’accéder de manière légale à un logement.
Avant d’aller à l’école, Aïssa Okba Kounta, 10 ans, se posait des questions sur la mobilisation des forces de l’ordre dans son quartier, El Qamar (La Lune), à quelques encablures de Tamanrasset. Il a rejoint son école en pensant à une opération de ratissage ordinaire à l’instar de celles enclenchées récemment dans de nombreux quartiers de la ville. Mais la mise en place de pelleteuses et de bulldozers, dès l’aurore, l’en faisait douter. A son retour à la maison, un spectacle de désolation l’attendait : le quartier dans lequel il habite depuis neuf ans a été réduit en décombres. «Je n’en croyais pas mes yeux, raconte Aïssa, en larmes.

Je n’arrivais même pas à retrouver ma maison au milieu des gravats.» Des centaines d’habitants de cet immense bidonville ont subi le même sort. Bouleversé, Aghali Achouri n’est pas près d’oublier cette tragédie ni «le  comportement brutal» des services de l’ordre qui ont «maltraité» ses parents. «Je me serais cru dans une colonie juive. Jamais je n’aurais pensé que les services devant veiller à notre sécurité agissent avec une telle violence.

Mes parents ont été pris à partie sous mes yeux !» Après la démolition de cette cité, les plus chanceux des habitants parmi ces désormais SDF ont occupé les mansardes épargnées par les engins. Ce n’est pas le cas de Meryem Kounta, 8 ans, qui partage la même tente avec dix membres de sa famille qui n’a pas de place pour mettre les bagages, dont des couvertures, des ustensiles de cuisine ou encore des objets de valeur toujours ensevelis sous les gravats.

Selon Aghali El Mahdi, habitant de cette cité qui en compte un millier, l’opération de démolition a été enclenchée sans préavis en début de semaine dernière vers 4h du matin. Une centaine de constructions ont ainsi été détruites. «Les autorités locales, représentées par le SG de l’APC, n’ont pas jugé opportun de nous avertir ne serait-ce que pour évacuer les lieux et transférer nos malades, notamment les femmes enceintes», raconte M. Aghali, dépité. Barbri M’berika, une quinquagénaire, a failli y passer. Elle a frôlé la mort après la destruction du taudis où elle se trouvait avec ses filles et petits-fils.

Bulldozer

«Le conducteur du bulldozer savait que ma grand-mère était à l’intérieur et qu’elle ne pouvait pas bouger. Mais il a quand même détruit la maison et une partie du mur s’est effondrée sur sa jambe et sa hanche. Nous l’avons sauvée in extremis», relate sa cadette en racontant le cas de sa voisine ayant mis au monde un bébé sous le choc et le bruit assourdissant des pelleteuses. Et en rappelant le dernier rassemblement devant le siège de la wilaya pour dénoncer «les exactions et la hogra». «La majorité d’entre nous a déposé un dossier auprès des instances compétentes pour bénéficier d’un toit décent. Malheureusement, nos demandes ont été écartées.

Pourtant, nous sommes tous des Algériens et l’accès au logement est un droit constitutionnel», regrette le représentant du quartier, Delali Elmahdi Ben Hammadi. Ce dernier dit avoir rencontré à maintes reprises le SG de la wilaya afin de reloger les sinistrés. «L’opération, une première dans cette wilaya, obéit certainement à des instructions des plus hautes autorités du pays, mais il fallait choisir le bon timing et intervenir sans opprimer les gens.

Si l’on veut endiguer le phénomène des constructions illicites et redonner à cette ville touristique son lustre d’antan, il fallait d’abord commencer par nous régulariser. Nous ne demandons pas la lune, mais juste un toit.» Le plus important à ses yeux : la sédentarisation pour la paix, la stabilité et une meilleure scolarité des enfants du quartier. Un avis que partage Moussa Lansari, qui rejette énergiquement  la façon avec laquelle sa femme, ses six enfants et lui ont été chassés de l’endroit qui fut par le passé une décharge sauvage. «La cité était un dépotoir à ciel ouvert que nous avons nettoyée pour y construire nos maisons.

Nous n’avions pas le choix. Beaucoup d’entre nous ont demandé un lot de terrain et postulé à un logement, en vain. Car, pour en bénéficier, il faut impérativement verser des pots-de-vin. Nous sommes allés voir le P/APC de Tamanrasset à maintes reprises, et c’est lui qui nous a recommandé de construire nos bâtisses même illicitement. C’est avec les assurances de ce responsable élu que nous en sommes arrivés là aujourd’hui.

Les services de la police de l’urbanisme, implantés à moins de 100 mètres de notre quartier, sont au courant, mais ils n’ont jamais affiché la volonté de réagir», témoigne Moussa, en exigeant une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur cette opération de démolition  qui a touché même les bénéficiaires de lots de terrain et de subventions attribués par l’APC dans le cadre du programme d’aide à l’autoconstruction.

Corruption

«Les exemples ne manquent pas et je suis prêt à témoigner devant la justice», lance Moussa d’un ton menaçant. Rétorquant aux incitations à la violence et aux messages nourris par des idées régionalistes et discriminatoires lancés sur le net, Moussa tient à préciser que ces agissements ne sont que des tentatives de récupération. «Nous sommes pacifiques.

Les Touareg peuvent  accepter tous les supplices du monde. Ils résistent à la faim, à la pauvreté, mais ils n’accepteront jamais qu’on touche à leur dignité et leur honneur, comme c’était le cas lors de cette opération de la honte ! On a tout fait pour éviter d’éventuels dérapages. Les policiers ont été accueillis avec l’hospitalité coutumière des Imuhagh. On leur a servi du lait, du thé et de l’eau, sachant que l’affaire ne relève pas de leur compétence. Le problème les dépasse.

Certains d’entre eux ont même compati au sort des habitants. Ils n’ont pas accepté que l’on soit déshonorés devant nos petits.» Contacté, Ahmed Hamad Zounga, le P/Apc de Tamanrasset, tenu pour premier responsable par les habitants, nous a recommandé de voir son SG, Abdelkader Touhami, qui a refusé de répondre à nos appels. Mohamed Baba Ali, député de Tamanrasset, en appelle au premier magistrat de la wilaya et le presse d’engager une commission indépendante sous la présidence du chef de daïra afin de s’enquérir des conditions d’attribution des lots de terrain destinés à l’habitat.

Il a exigé de régulariser la situation des habitants d’El Qamar et de traiter leur dossier en priorité pour permettre à leurs enfants de clore normalement leur année scolaire. «Ma position quant à la défense des populations opprimées reste immuable. L’Etat doit intervenir pour en finir avec cette bande de corrompus qui gère l’Apc de Tamanrasset. La justice doit aussi s’interposer pour mettre un terme à cette pratique qui s’est érigée en métier dans cette collectivité.

La corruption a touché le foncier, la police et beaucoup de personnes qui ne respectent plus les valeurs humaines et les lois de la République», dénonce notre interlocuteur, préférant s’identifier en tant que représentant du peuple sans casquette politique. Selon lui, «le citoyen lambda est toujours victime de décisions arbitraires à Tamanrasset». Et de conclure : «L’Apc qui n’assume pas ses responsabilités doit jeter l’éponge. On en a marre de cette situation. Le détournement du foncier tend à se banaliser à Tamanrasset, en témoignent ces Souadine (migrants de l’Afrique subsaharienne) qui ont étrangement bénéficié de lots de terrain. C’est trop !»

 

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