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Je suis prêt à quitter ma wilaya, à condition…

Je poursuis mes études à Boumerdès par obligation et non pas par choix. J’aurais souhaité étudier dans ma ville natale» assure Walid, 22 ans, originaire de Saïda, étudiant à l’Institut algérien du pétrole (IAP) de Boumerdès.
Comme Walid, ils sont nombreux à vivre l’éloignement de leurs proches comme un contrainte, voire un sacrifice. «Pour réussir dans la vie, nous sommes parfois appelés à opter pour des choix contraignants. Je sais une chose : avec mon diplôme de l’IAP, j’aurai, si tout va bien, accès à l’emploi et à des postes très bien rémunérés dans le Sud» explique-t-il.

Les questions de sédentarisme et de mobilité territoriale, imbriquées les unes dans les autres, que ce soit dans l’emploi ou dans les études, demeurent des sujets peu étudiés en Algérie. Les jeunes Algériens sont-ils prêts à quitter leur wilaya pour d’autres régions du pays à la recherche d’une carrière ? Vont-ils faire des études hors wilaya par choix, par obligation ou les deux à la fois ?

Bien qu’aucune étude sérieuse ne vienne éclairer le sujet, nos interlocuteurs évoquent par la plupart une certaine réticence et invoquent des raisons personnelles, préférant rester près de leurs proches et dans la wilaya de leur naissance.

La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, avait évoqué laconiquement le sujet lors de ses premières apparitions médiatiques : «Il faudrait penser à remédier aux problèmes du sédentarisme en Algérie, l’exemple des instituteurs et professeurs est flagrant : chacun veut rester dans sa wilaya de naissance. Même si vous leur offrez des logements, ils refusent d’y aller.»

Le même constat est fait chez les résidents en médecine qui, à leur tour, refusent pour la plupart de se rendre dans les wilayas du Sud par exemple, car «il n’y a aucun cadre de vie agréable, pas de divertissement, les hôpitaux souffrent de l’anarchie et du manque de moyens», prétexte un étudiant à la faculté de médecine d’Alger. 

Alger, ville la plus attractive

Etudier et travailler à Alger est le but de nombreux Algériens. A l’instar des autres pays, la capitale demeure une ville attractive socio-économiquement. Alger accueille à elle seule les plus importants instituts et écoles supérieures et les diplômes qu’ils délivrent sont perçus par la majorité de nos interlocuteurs comme étant «prestigieux» et offrent «un accès facile» au marché du travail.

«Lorsque vous êtes formé par les universités localisées à Alger, votre diplôme est mieux valorisé que les autres», assure Ramdane, 23 ans, étudiant de l’EPAU et originaire de Tizi Ouzou. Concernant les débouchés professionnels et son futur lieu de travail, Ramdane reste confiant : «Vous savez, il y a des chantiers de construction partout dans le pays, je ne me soucie guère des conditions d’hébergement, un chalet bien équipé me suffit. Seule condition : un bon salaire.»

Bien que certaines wilayas du pays disposent de facultés d’un bon niveau, les étudiants, poussés par leurs parents, préfèrent venir à Alger, d’où le récurrent problème des transferts constaté à chaque rentrée universitaire. «Bien évidemment, je préfère que mon fils fasse sciences politiques à Alger où le diplôme est mieux considéré et valorisé, d’autant qu’il sera à proximité du lieu du pouvoir, plutôt que de rester à Constantine et obtenir un diplôme auquel même l’administration locale n’accorde aucun intérêt. Tout ce qui vient d’Alger est bon», explique le parent d’un candidat au baccalauréat de Constantine.

Samir, originaire de M’sila, étudiant en informatique à Bab Ezzouar, a choisi Alger pour s’y installer définitivement. «J’ai opté pour l’université de Bab Ezzouar pour des études en informatique, je ne vous cache pas, je vise un poste chez un grand opérateur de téléphonie. Je travaille déjà dans un cybercafé et, avec des amis, nous avons loué un appartement. Nous sommes déjà installés», ironise-t-il. «Il ne faut pas se leurrer, hormis les grandes villes et Alger à leur tête, il n’y a pas de travail ailleurs. Si vous êtes carriériste, vaut mieux opter pour Alger pour réussir», explique le futur ingénieur en informatique.

Hassi Messaoud : l’eldorado

Les champs pétroliers du Sud restent la Mecque des ingénieurs, l’aubaine pour certains, la source de bien-être social pour d’autres. «C’est devenu une tradition en Algérie, celui qui décroche un poste au sud du pays (dans les compagnies pétrolières) c’est comme s’il gagnait à la loterie, le système de rotation au travail est très avantageux. Certes, les conditions, notamment climatiques, ne sont pas très commodes, mais vous récupérez rapidement.

Certains en profitent par ouvrir un commerce dans leur wilaya d’origine ou bien travaillent au noir, en tant que salariés, leur contrat stipule qu’ils ne sont pas autorisés à travailler ailleurs pendant leur période de repos», confie Salah Eddine d’Alger. Mobilité pour mobilité, il ne compte pas rester en Algérie : «Je me fais un peu d’argent ici, dès que j’aurai l’occasion de quitter le pays pour aller dans le Golfe, je le ferai sans hésitation, même si mes parents tentent de me persuader de rester ici, car je profite, selon eux, d’une belle situation professionnelle et que je suis proche d’eux.»

Même si des considérations culturelles et personnelles sont évoquées par certains comme prétexte de leur refus de quitter leur wilaya d’origine, dès qu’il s’agit d’un bon poste et d’une bonne rémunération, les arguments tombent et les parents acceptent l’éloignement sans résistance aucune.

«Pendant longtemps, mes parents m’ont obligé à rester à leurs côtés. Je voulais faire des études à Alger, ils m’ont dit jamais ça, car Alger est une ville de débauche et qu’un petit boulot à Tiaret serait mieux qu’un poste de directeur à Alger», raconte Amine, 24 ans, agronome, issu d’une famille conservatrice. Il a trouvé, depuis cinq mois, un travail au sud du pays dans une ferme expérimentale. «Je gagne dans les 90 000 DA par mois, mes parents sont contents et n’évoquent jamais le fait que je leur rende visite une fois tous les deux mois. Malgré toutes les histoires évoquées auparavant, l’argent dissipe parfois les préjugés», rigole-t-il.

Tlemcen : nouvelle destination

«Je suis prêt à quitter ma ville pour aller travailler ailleurs, ça dépend de ce qu’on m’offre et du cadre de travail» annonce Nadir, 24 ans, diplômé en hôtellerie, originaire de Tizi Ouzou. Depuis sa visite à Tlemcen, Nadir est tombé sous le charme de cette paisible ville de l’Ouest algérien.

La rénovation des hôtels de la ville, ainsi que la restauration de quelques monuments, l’a replacée sur l’échiquier du tourisme local, elle est devenue une ville très visitée par les Algériens, ce qui a ouvert, selon des observateurs, des perspectives d’emploi, notamment dans les métiers de l’hôtellerie. Ainsi, Nadir compte absolument rejoindre le luxueux hôtel La Renaissance. «Je n’ai aucun problème pour me déplacer, surtout pour le travail, chacun de mes frères travaille dans une autre wilaya que celle de notre naissance, pourvu qu’on trouve du travail, surtout si l’endroit offre des conditions de séjour agréables», explique-t-il.

Selon un sondage d’opinion réalisé par l’agence The Graduate Fair pour le supplément El Watan Etudiant, la wilaya de Tlemcen est évoquée par les demandeurs d’emploi, comme une ville où il serait fortement recommandé d’aller travailler.

Pour les métiers de l’hôtellerie et de la restauration, Oran demeure la ville la plus attrayante de tout le pays, la ville compte de nombreux hôtels et lieux de loisirs, seulement voilà, pour de nombreux parents, Oran est considérée comme une ville «de débauchés et de délinquants ». « Je ne peux pas permettre à mon fils fraîchement diplômé d’aller travailler là-bas, surtout que mon fils est très jeune», confient les parents de Nassim, 23 ans, d’Alger, diplômé de l’Ecole supérieure d’hôtellerie. «Mon père me verrait mal aller travailler ailleurs, il refuse même cette idée, pour lui je suis Algérois et je dois rester à Alger», révèle-t-il.

Nulle part ou aller

Farid est Algérois, diplômé en automatisme, et refuse de quitter Alger. «Je ne peux pas vivre ailleurs, j’ai reçu une offre dans une entreprise à Constantine pour un salaire de 100 000 DA, le directeur de l’usine m’avait même proposé de payer la moitié de ma location. J’ai refusé l’offre, ça ne m’intéresse pas», avoue-t-il. Pourvu d’arguments, Farid préfère rester au chômage plutôt que de changer de wilaya, il se dit «incapable de changer de vie, d’habitude, d’amis», bien que son diplôme (très demandé sur le marché de l’emploi) lui ouvre grandes les portes, malgré toutes les sollicitations venues des autres wilayas du pays, il campe sur sa position «je suis prêt à accepter à une seule condition : un salaire de 200 000 DA et une villa avec une piscine pour ma résidence», lance-t-il tout confiant, le sourire en coin.

Ilyes, biologiste de formation, de son côté, décline les offres des laboratoires installés hors d’Alger, voire hors certains quartiers de la capitale, «je ne suis pas près à faire des allers retours à Boumerdès pour travailler, en plus in y’ a rien là-bas. Aucun cadre de vie, même si on m’a proposé un bon salaire», encore une fois, Ilyes est dans l’incapacité de motiver sa décision et donner des explications rationnelles et se contente de répondre «je suis ainsi fait».

Inimaginable pour les filles

Du côté de la gent féminine, la question prend tout son sens et est considérée presque comme un sujet tabou. «Vous m’imaginez demander à mes parents d’aller travailler dans une autre wilaya qu’Alger», s’interroge Lamia, 24 ans, fraîchement diplômée de l’université de Dély Ibrahim, rencontrée devant l’agence ANEM du 1er Mai. «Cela ne m’a jamais effleuré l’esprit et je n’ai pas encore songé un jour à le faire. Je sais que cela provoquerait une rupture totale de mes liens familiaux.

Ma famille va me répudier à vie», assure-t-elle. Pour Lynda, sa camarade de classe et amie, «chez moi, ce sont mes frères qui décident et je n’oserais jamais le faire, voire le dire ou le proposer. Ils me tueront». Bien qu’elle ne soit pas contre l’idée d’aller ailleurs pour travailler, «il y a beaucoup de contraintes dans notre pays. D’abord le prix de la location qui est très cher partout dans le pays, ensuite les filles qui louent un appartement et vivent seules sont considérées comme des prostituées. Donc mieux vaut rester chez soi».

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