Chrétiens et musulmans de France unis contre le terrorisme : Inédite communion dans les églises
Cette prière de la fraternité est une démarche inédite. En effet, si les musulmans de France ont, à chaque attentat qui a frappé la France, manifesté leur condamnation et leur démarcation d’«actes contraires à l’islam», c’est la première fois qu’ils sont appelés à se rendre dans une église pour joindre leur prière à celle des catholiques.
Dans un communiqué, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a en effet appelé, jeudi, responsables de mosquées, imams et fidèles à se rendre à la messe dominicale dans une église proche de chez eux.
L’objectif de cette action est d’exprimer «solidarité et compassion après le lâche assassinat» du prêtre Jacques Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray en début de semaine.
L’instance représentative du culte musulman avait également appelé l’ensemble des quelque 2500 mosquées de France «à saisir l’occasion du prêche de la prière du vendredi pour évoquer la place prépondérante qu’occupe dans la religion musulmane, le respect des autres religions, ainsi que le respect des hommes de foi qui les portent».
Par ailleurs, des marches silencieuses ont rassemblé, samedi après-midi dans plusieurs villes comme Lyon ou Bordeaux, musulmans, chrétiens et laïcs pour témoigner d’«une société unie face au terrorisme»...
Cette communion des musulmans de France avec leurs concitoyens d’autres confessions contribuera-t-elle à lever les amalgames entre ceux qui utilisent la violence au nom de l’islam et les millions de musulmans qui pratiquent leur religion pacifiquement ? A stopper les stigmatisations et manifestations d’hostilité et de défiance à l’encontre des musulmans ?
«Pas de Guantanamo à la française»
Les amalgames et le racisme se libèrent davantage depuis les derniers attentats. C’est ce genre de grossiers amalgames et injures que représentants du culte musulman et dirigeants français tentent d’éviter.
«Il y va de la cohésion nationale», assure Manuel Valls qui, dans une récente interview au Monde, rappelle que «les millions de musulmans dans notre pays jouent loyalement le jeu démocratique et adhèrent à nos valeurs républicaines», après avoir affirmé qu’«il faut être intraitable avec les mises en cause de la laïcité, les idéologues intégristes et tous ceux qui, sous le couvert d’un discours fondamentaliste, préparent les esprits à la violence.
Le salafisme n’a pas sa place en France». Et de conclure : «Nous serons impitoyables face à ceux qui cherchent des boucs émissaires et voient en les musulmans le ‘coupable idéal’. Nous avons, vis-à-vis de tous nos concitoyens, le même devoir de protection.»
Dans la même interview, Manuel Valls, revenant sur le dernier attentat perpétré dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, a souligné que son gouvernement «ne sera pas celui qui créera des Guantanamo à la française».