Et si l'élection présidentielle de 2017 se jouait aussi sur la politique étrangère?
Malgré les attaques terroristes de Saint-Étienne-du-Rouvray, le 21 juillet, du 14 juillet 2016 à Nice et du 13 novembre à Paris, le Gouvernement français refuse de reconnaître le lien entre le terrorisme islamiste en France, la crise au Moyen-Orient, et la complaisance quasi criminelle envers la menace de l'islamisme politique sur la scène nationale.
Qu'on se le dise: ce sont les djihadistes qui ont frappé tour à tour Saint-Étienne-du-Rouvray, Nice, Paris, et Bruxelles. Ils ont été endoctrinés par l'idéologie salafiste parrainée par les mosquées financées par l'Arabie Saoudite, et indirectement financées par des donateurs privés des pays du Golfe. De plus, on soulignera volontiers que le salafisme est très largement toléré par la Turquie, le pays par lequel les terroristes passent en Europe.
Pour mémoire, le président français François Hollande décorait le prince héritier saoudien Mohammed Bin Nayef de la Légion d'honneur en mars 2016. Pour le justifier, le Premier ministre français, Manuel Valls avait t-il confié que "la France se devait d'assumer sa relation stratégique avec l'Arabie Saoudite."
"Comme si, pour s'assurer des faveurs de Riyad, c'est-à-dire de son client d'armes le plus lucratif, la France devait s'abstenir de toute critique du système politique saoudien comme de ses liens quasi incestueux avec l'islamisme radical", peste Fabrice Balanche, Senior Fellow au Washington Institute.
De fait, la responsabilité de l'Arabie Saoudite dans la promotion de salafisme est un sujet constamment éludé par les gouvernements occidentaux. Ces derniers, devraient pourtant militer pour l'éradication de la prolifération de ces milliers de nouveaux imams radicaux qui investissent le monde entier chaque année, y compris la France, pour y prêcher la haine du "kafir" à savoir celui qui est infidèle et généralement non Salafiste.
Dès lors, chacun comprendra que la France -à l'instar d'autres pays occidentaux- est tombée dans le piège de sa relation avec l'Arabie Saoudite. Etant entendu que l'Islam radical, celui très largement défendu par le salafisme et les Frères Musulmans prend assurément de l'ampleur.
Dans ce contexte, le juge Marc Trévidic n'hésite pas à déclarer: "Plus largement, la France n'est pas crédible dans ses relations avec l'Arabie Saoudite. Nous savons très bien que ce pays du Golfe a versé le poison dans le verre par la diffusion du wahhabisme. Les attentats de Saint-Étienne-du-Rouvray, Nice, Paris, et Bruxelles Paris en sont l'un des résultats. Proclamer qu'on lutte contre l'islam radical tout en serrant la main au roi d'Arabie saoudite revient à dire que nous luttons contre le nazisme tout en invitant Hitler à notre table", peste t-il.
Le "ni Daech, ni Assad" est toujours d'actualité au Quai d'Orsay
Aujourd'hui la posture d'Alain Juppé, reprise par Laurent Fabius et Jean-Marc Ayrault qui se résume au "ni Daech, ni Assad" est toujours d'actualité. Il s'agit même d'un préalable avant toute négociation politique sur l'avenir de la Syrie.
Mais sur le terrain cette posture ne tient pas. De fait, les minorités religieuses menacées par l'Islamisme voient dans le régime et son clan alaouite soit des protecteurs, soit un pis-aller face à la menace du djihadisme.
Les Occidentaux, surtout les Etats-Unis et la France, n'ont-ils pas commis de graves erreurs en armant la rébellion syrienne? Cette dernière s'est somme toute révélée tout à la fois, faible, corrompue, et surtout idéologiquement beaucoup plus proche des salafistes que les Occidentaux ne le prévoyaient.
"Résultat, la quasi-totalité des armes s'est retrouvée aux mains de l'Etat islamique: les Kurdes se sont emparés des missiles français Milan à Kobané, des missiles Tow ont été retrouvés dans d'autres brigades salafistes de Syrie, Al-Qaïda a repris tous les missiles et tous les armements livrés à la brigade Al-Hazm qui est soutenue par la CIA'' déplorait Didier Billion, Directeur adjoint de l'IRIS.
La Russie a compris qu'il fallait désigner un ennemi hiérarchisé, commun. L'intention des Russes est très claire: la survie du régime de Bachar El-Assad face à l'ennemi: l'Etat islamique. Moscou soutient le régime, face à la rébellion islamiste sunnite. "La stratégie russe a le mérite de la cohérence. Ils ont un ennemi très clair et un allié très clair, tandis que l'Occident a plusieurs alliés contradictoires, voire ambigus", confie le géo-stratège Alexandre Del Valle.
Dans ce contexte, l'ancien Ministre des Affaires Etrangères, Hubert Védrine, confesse que la politique de Moscou a été plus dure mais aussi plus efficace. Dès lors, la Russie a plusieurs cartes en main. Et l'avenir de la Syrie ne se fera pas sans elle. Comme on juge l'arbre à ses fruits, la qualité d'une politique étrangère, ne se mesure telle pas à l'aune des dividendes de la Paix?
A Cracovie, à l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse, le Pape François qui commentait la mort du "saint prêtre" français à Saint-Étienne-du-Rouvray, n'hésitait à déclarer que "le monde est en guerre". Mais, "quand on est préparé au pire, on garde toujours l'initiative" lance volontiers le stratège Gérard Challiand...
On l'aura compris, la politique étrangère tout comme la stratégie militaire a assurément un impact sur la sécurité intérieure... Et notre sécurité n'est-elle pas la première de nos libertés? Dès lors, on pourrait pronostiquer que l'élection présidentielle de 2017 se jouera aussi sur la politique étrangère.
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Qu'on se le dise: ce sont les djihadistes qui ont frappé tour à tour Saint-Étienne-du-Rouvray, Nice, Paris, et Bruxelles. Ils ont été endoctrinés par l'idéologie salafiste parrainée par les mosquées financées par l'Arabie Saoudite, et indirectement financées par des donateurs privés des pays du Golfe. De plus, on soulignera volontiers que le salafisme est très largement toléré par la Turquie, le pays par lequel les terroristes passent en Europe.
Pour mémoire, le président français François Hollande décorait le prince héritier saoudien Mohammed Bin Nayef de la Légion d'honneur en mars 2016. Pour le justifier, le Premier ministre français, Manuel Valls avait t-il confié que "la France se devait d'assumer sa relation stratégique avec l'Arabie Saoudite."
"Comme si, pour s'assurer des faveurs de Riyad, c'est-à-dire de son client d'armes le plus lucratif, la France devait s'abstenir de toute critique du système politique saoudien comme de ses liens quasi incestueux avec l'islamisme radical", peste Fabrice Balanche, Senior Fellow au Washington Institute.
De fait, la responsabilité de l'Arabie Saoudite dans la promotion de salafisme est un sujet constamment éludé par les gouvernements occidentaux. Ces derniers, devraient pourtant militer pour l'éradication de la prolifération de ces milliers de nouveaux imams radicaux qui investissent le monde entier chaque année, y compris la France, pour y prêcher la haine du "kafir" à savoir celui qui est infidèle et généralement non Salafiste.
Dès lors, chacun comprendra que la France -à l'instar d'autres pays occidentaux- est tombée dans le piège de sa relation avec l'Arabie Saoudite. Etant entendu que l'Islam radical, celui très largement défendu par le salafisme et les Frères Musulmans prend assurément de l'ampleur.
Dans ce contexte, le juge Marc Trévidic n'hésite pas à déclarer: "Plus largement, la France n'est pas crédible dans ses relations avec l'Arabie Saoudite. Nous savons très bien que ce pays du Golfe a versé le poison dans le verre par la diffusion du wahhabisme. Les attentats de Saint-Étienne-du-Rouvray, Nice, Paris, et Bruxelles Paris en sont l'un des résultats. Proclamer qu'on lutte contre l'islam radical tout en serrant la main au roi d'Arabie saoudite revient à dire que nous luttons contre le nazisme tout en invitant Hitler à notre table", peste t-il.
Le "ni Daech, ni Assad" est toujours d'actualité au Quai d'Orsay
Aujourd'hui la posture d'Alain Juppé, reprise par Laurent Fabius et Jean-Marc Ayrault qui se résume au "ni Daech, ni Assad" est toujours d'actualité. Il s'agit même d'un préalable avant toute négociation politique sur l'avenir de la Syrie.
Mais sur le terrain cette posture ne tient pas. De fait, les minorités religieuses menacées par l'Islamisme voient dans le régime et son clan alaouite soit des protecteurs, soit un pis-aller face à la menace du djihadisme.
"Comme on juge l'arbre à ses fruits, la qualité d'une politique étrangère, ne se mesure telle pas à l'aune des dividendes de la Paix?"
Les Occidentaux, surtout les Etats-Unis et la France, n'ont-ils pas commis de graves erreurs en armant la rébellion syrienne? Cette dernière s'est somme toute révélée tout à la fois, faible, corrompue, et surtout idéologiquement beaucoup plus proche des salafistes que les Occidentaux ne le prévoyaient.
"Résultat, la quasi-totalité des armes s'est retrouvée aux mains de l'Etat islamique: les Kurdes se sont emparés des missiles français Milan à Kobané, des missiles Tow ont été retrouvés dans d'autres brigades salafistes de Syrie, Al-Qaïda a repris tous les missiles et tous les armements livrés à la brigade Al-Hazm qui est soutenue par la CIA'' déplorait Didier Billion, Directeur adjoint de l'IRIS.
La Russie a compris qu'il fallait désigner un ennemi hiérarchisé, commun. L'intention des Russes est très claire: la survie du régime de Bachar El-Assad face à l'ennemi: l'Etat islamique. Moscou soutient le régime, face à la rébellion islamiste sunnite. "La stratégie russe a le mérite de la cohérence. Ils ont un ennemi très clair et un allié très clair, tandis que l'Occident a plusieurs alliés contradictoires, voire ambigus", confie le géo-stratège Alexandre Del Valle.
Dans ce contexte, l'ancien Ministre des Affaires Etrangères, Hubert Védrine, confesse que la politique de Moscou a été plus dure mais aussi plus efficace. Dès lors, la Russie a plusieurs cartes en main. Et l'avenir de la Syrie ne se fera pas sans elle. Comme on juge l'arbre à ses fruits, la qualité d'une politique étrangère, ne se mesure telle pas à l'aune des dividendes de la Paix?
A Cracovie, à l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse, le Pape François qui commentait la mort du "saint prêtre" français à Saint-Étienne-du-Rouvray, n'hésitait à déclarer que "le monde est en guerre". Mais, "quand on est préparé au pire, on garde toujours l'initiative" lance volontiers le stratège Gérard Challiand...
On l'aura compris, la politique étrangère tout comme la stratégie militaire a assurément un impact sur la sécurité intérieure... Et notre sécurité n'est-elle pas la première de nos libertés? Dès lors, on pourrait pronostiquer que l'élection présidentielle de 2017 se jouera aussi sur la politique étrangère.
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