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Et si la solution au financement de l'islam était la Fondation des œuvres pour l'islam de France?

Et si la solution au financement de l'islam était la Fondation des œuvres pour l'islam de France? RELIGION - Interdire le financement étranger de l'islam, non. Mieux le canaliser, oui. Voici comment la sénatrice UDI Nathalie Goulet réagit au débat qui resurgit ces jours-ci au sujet de l'organisation de la religion musulmane. Rapporteure d'un rapport sénatorial intitulé "De l'Islam en France à un Islam de France, établir la transparence et lever les ambiguïtés" réalisé pendant six mois, elle porte un regard de spécialiste sur la question.

C'est à l'aune de cette expérience que Le HuffPost l'a interrogée pour tenter de résoudre "cette équation quasi-insoluble: organiser l'islam de France tout en restant dans le cadre de la loi de 1905" qui instaure la séparation entre les Eglises et l'Etat. Car selon elle (et tous les membres de la commission qui ont voté le rapport), sortir du cadre de la loi et faire organiser cette religion par les autorités politiques n'est pas une option.

"Cela reviendrait à envoyer le message que l'islam est une menace pour la République et que son organisation est une question d'ordre public. Cela veut dire aussi que c'est l'Etat qui paye les mosquées et les imams. Avec ça, vous avez le Front national à 70% au premier tour", estime la sénatrice.

Les dons, première source de financement

Parmi les questions clés, il a bien sur le fonctionnement des instances dirigeantes qui n'est pas satisfaisant mais aussi leur financement. Le rapport mettait en évidence que 20% de celui-ci vient de l'étranger, l'essentiel étant assuré par "la générosité des fidèles eux-mêmes". "Le financement par les États étrangers existe, mais il est faible proportionnellement et est relativement concentré sur un petit nombre d'États et sur seulement quelques mosquées, souvent des grandes mosquées régionales", notaient les parlementaires qui rappellent que l'Algérie, le Maroc participent beaucoup plus que l'Arabie Saoudite ou les autres pays du Golfe.




Cet argent est utilisé pour la construction des mosquées et aussi pour le financement du salaire des imams détachés. "Ils sont environ 300 soit près du quart des imams en France à être payés directement par les pays étrangers", précise Nathalie Goulet. Mais selon elle, les circuits de financement sont tels que sans ces 20% de financement étrangers, "le financement de plus de la moitié des mosquées ne pourrait pas être assuré". "Je ne vois pas comment la grande mosquée de Paris, largement soutenue par l'Algérie pourrait survivre", précise-t-elle.

Un million d'euros dort sur le compte de la Fondation

Il n'y a donc, selon la sénatrice, pas d'autre solution que d'envisager un meilleur contrôle de cet argent. "Le problème, ce n'est pas l'argent, c'est sa traçabilité", dit-elle. C'est pourquoi elle voit d'un bon oeil la proposition faite par Manuel Valls dans sa tribune publiée dimanche dans Le JDD: faire sortir de sa torpeur la Fondation des œuvres pour l'islam de France.

Créée en 2005 par le gouvernement Villepin, cette instance avait deux objectifs:

  • couper le lien de dépendance financière entre les mosquées et les pays d'origine et/ou les principales fédérations qui leur sont attachées

  • favoriser la transparence sur le financement de l'Islam de France, aujourd'hui éclaté.


Abondée à son origine par un don du sénateur Serge Dassault (environ un million d'euros), cette fondation n'a pourtant jamais rencontrée son succès. "Cet argent est aujourd'hui toujours consigné à la Caisse des dépôts", confirme Nathalie Goulet. Un problème de gouvernance, qui n'est pas sans rappeler celui du CFCM, est à l'origine de la mise en sommeil de la FOIF. "Elle a été composée par blocs qui ne s'entendent pas. Il faut donc en recomposer la gouvernance", estime Thomas Andrieu qui était directeur des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère de l'Intérieur au moment de son audition.

Autre problème soulevé par les personnes auditionnées pour le rapport: "Des réticences encore très fortes -chez certains donateurs étrangers- à faire transiter leurs financements par une fondation française chargée de les redistribuer".

"L'électrochoc de juillet a été suffisant"

Une fondation aurait pourtant pour avantage principal de faire taire les critiques d'opacité des financements. Elle permettrait aussi aux donateurs d'obtenir des avantages fiscaux. Ce n'est pas vraiment le cas aujourd'hui, avait mis en lumière le sénateur Hervé Mauray, dans la mesure où "les musulmans sont peu constitués en associations cultuelles" qui leur permet de recevoir des dons.

Relancer la Fondation pour les oeuvres de l'islam de France passe, selon Nathalie Goulet, par une "ouverture du CFCM avec une révision des statuts pour que tous les musulmans se sentent représentés". Elle imagine aussi la création d'une instance concurrente au CFCM, plus représentative, qui pourrait voir le jour "après une espèce de grande Constituante issue d'une pétition lancée sur Internet".

Elle évoque également une initiative diplomatique de la part de la France. "Il faut réunir tous les ambassadeurs concernés par le financement extérieur: le Maroc, l'Algérie, la Turquie, l'Arabie Saoudite et tous les pays du Golfe pour leur faire comprendre que cet argent doit passer par les ambassades. Il faut édicter une sorte de code de bonne conduite comme l'Arabie saoudite a commencé à le faire car elle était très décriée", affirme Nathalie Goulet.

Et la sénatrice de conclure: "Je pense que l'électrochoc de juillet a été suffisant pour que cela vienne des musulmans eux-mêmes."

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