Les populations à risque ciblées par le dépistage et la vaccination
L’Algérie, conformément aux engagements pris dans le cadre des objectifs du Millénaire fixés par l’ONU, projette de diminuer de 90% le nombre de nouvelles infections et de 65% la mortalité due à l’hépatite virale d’ici à 2020.
Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière en a fait l’annonce, jeudi dernier, à partir de Constantine, où a eu lieu la célébration nationale de la Journée mondiale contre l’hépatite. Abdelmalek Boudiaf, qui a affirmé que «l’Algérie dispose de moyens pour lutter contre cette infection», a dévoilé les grands axes du plan de santé contre les hépatites B et C dont il a égrené les principaux points.
Sur le plan épidémiologique, l’Algérie est considérée comme une zone de moyenne endémicité avec une prévalence globale de 1%, selon le Pr Nabil Debzi, du service hépatologie du CHU Mustapha. Mais le pays n’est pas pour autant à l’abri d’une progression de ces pathologies, car ceinturé par des frontières qui ne sont jamais hermétiques ni aux flux de populations ni à ce genre d’infections.
L’Afrique compte 60 millions de personnes atteintes du virus hépatique B.
L’hépatite virale se pose en véritable problème de santé publique tant elle est une «maladie silencieuse», pour paraphraser le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Son évolution en cirrhose ou cancer du foie implique un autre type de traitement et engage immanquablement d’autres dépenses dans un secteur qui tente de réduire sa facture d’importation de médicaments. Le coût des traitements en 2015 était de l’ordre de 2 milliards de dinars, selon Abdelmalek Boudiaf.
Et de rappeler la gratuité des traitements, la disponibilité des médicaments et l’accessibilité aux soins.
Dans le plan national d’action, il est question d’une double vocation : la prévention et le dépistage. Ministre de tutelle et professionnels ont mis en avant les lignes directives y afférentes. Le docteur S. Hamdi, responsable du programme au ministère de la Santé, a, dans son intervention, tracé les contours de la stratégie antihépatite.
En insistant sur les progrès enregistrés en matière de lutte, la conférencière a incité au renforcement des dispositifs de prévention à travers la sécurisation des soins, la stérilisation, l’hygiène des mains et les procédés d’élimination des déchets, entre autres. Le second volet d’intervention s’avère être le dépistage, rendu systématique dans certains cas, à l’exemple de l’examen prénatal. Sa promotion englobera à échéance les populations à risque. L’égalité dans la prévention et les soins doit s’appliquer sans discrimination, en référence aux directives de l’ONU.
Aussi, l’amélioration de la couverture vaccinale selon une approche par milieu contre l’hépatite B. Depuis le 25 avril 2000, le ministère de la santé a établi un calendrier vaccinal ciblant les enfants et les personnels du milieu hospitalier et structures de santé. Plus encore, la vaccination en milieu universitaire, la sérovaccination des nouveau-nés dont les mères sont porteuses du VIH. «L’introduction du vaccin contre l’hépatite B dans le calendrier vaccinal national a consacré l’obligation de faire vacciner certaines catégories, comme les travailleurs de la santé, les femmes enceintes et d’autres personnes exposées au virus», a-t-on rappelé.
SOINS ET TRAITEMENTS
Selon le Pr Mahiou, 2 milliards de personnes dans le monde sont atteintes de l’hépatite B. 25% en meurent à raison de 2 décès par minute. C’est la septième cause de mortalité sur la planète. «Le virus hépatique est 100 fois plus contagieux que celui du sida, il se transmet par deux voies, verticale (mère-enfant) et horizontal, comme c’est le cas en Algérie, c’est-à-dire par le sang, la hidjama, les tatouages, le partage des ustensiles et les pratiques sexuelles», a-t-il expliqué. Contrairement à ce qui est répandu, la transmission par les soins dentaires est la première cause des infections, avec 42,8%. La transfusion est loin derrière avec 14%, bien que la prévalence au sein de la population des hémodialysés est de 23,8%, selon les statistiques exposées.
Les médicaments prescrits en cas d’affection sont distribués gratuitement par les établissements hospitaliers qui ont la charge de suivre les malades. Depuis 2011, 1400 cas d’hépatite C — qui ne dispose toujours pas de vaccin — ont été recensés, d’après les chiffres de la tutelle.
Le traitement par bithérapie dure 12 semaines et coûte 250 millions de centimes. «L’avancée thérapeutique grâce à la compréhension de la maladie et son évolution a abouti à la trithérapie», conviennent les spécialistes.
Ce procédé combiné donne de meilleurs résultats, mais son coût reste élevé, soit 500 millions de centimes. D’où l’introduction dans le traitement d’une molécule produite localement qui amortirait les dépenses et semble pousser à l’optimisme. Il s’agit de Safos (400 mg), brandi comme le remède du futur par la communauté médicale. Le Pr Saadi Berkane du CHU Mustapha a présenté des résultats préliminaires concernant les traitements par les nouveaux antiviraux. Sur 139 patients traités en 2015, la guérison est de 94 à 99%.