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Faut-il attendre un sommet international pour financer la nutrition?

En juin 2013, lors du Sommet Nutrition pour la Croissance organisé à Londres, les bailleurs s'étaient engagés à hauteur de 4,15 milliards de dollars pour lutter contre la sous-nutrition d'ici 2020. Longtemps annoncée pour le 4 août à Rio de Janeiro, veille de l'ouverture de Jeux Olympiques, la deuxième édition de cette conférence de levée de fonds n'a pas eu lieu. En attendant, la lutte contre la sous-nutrition continue de souffrir d'une carence de financement au niveau mondial.

La sous-nutrition, un problème majeur de santé publique négligé

La sous-nutrition touche une personne sur neuf dans le monde et cause le décès de 8000 enfants de moins de 5 ans par jour. Ce sont l'Inde, l'Indonésie et le Pakistan qui portent le plus lourd fardeau, avec les chiffres les plus élevés de victimes de sous-nutrition aiguë. La sous-nutrition a aussi un coût social et économique très lourd puisqu'elle ampute en moyenne 11% du PIB annuel des pays touchés. Elle forme un cercle vicieux avec la pauvreté et perpétue les injustices sociales, en raison de son impact sur le développement cognitif donc sur la scolarisation des enfants, la productivité des adultes et l'égalité des genres. Les enfants souffrant de carences en iode et en micronutriments perdent en moyenne 13,5 points de QI.

Pourtant en apportant des supplémentations en micronutriments aux repas, en promouvant l'allaitement maternel exclusif jusqu'à 6 mois ou encore en améliorant les conditions d'hygiène et d'assainissement du foyer, ce cercle vicieux peut être rompu. Par ailleurs les remèdes à la malnutrition aiguë sévère sont connus, mais aujourd'hui moins de 20% des enfants en souffrant ont accès au traitement.

Sur la scène internationale, des engagements politiques au rendez-vous

La communauté internationale a pourtant déjà montré à plusieurs reprises ces dernières années qu'elle était prête à prioriser ce combat. En septembre 2015, lors de la signature de l'Agenda 2030 du développement durable, tous les Etats se sont engagés à mettre fin à toutes les formes de malnutrition en 15 ans, conformément à l'ODD 2, "faim zéro". En avril 2016, les Nations Unies ont proclamé la période 2016-2025 Décennie d'actions pour la nutrition, enjoignant ainsi les Etats-membres à s'engager pour une meilleure nutrition au niveau mondial.

Pour que cette Décennie d'actions ne reste pas une coquille vide, il s'agit maintenant pour les Etats de prendre des mesures ambitieuses : réaffirmer la nécessité d'objectifs nationaux de réduction de la sous-nutrition et surtout augmenter les financements alloués à la nutrition, loin d'être suffisants.

A quand une conférence internationale de financement pour la bonne croissance des enfants ?

Alors que la sous-nutrition est la cause sous-jacente de 45% des décès d'enfants de moins de 5 ans, moins d'1% de l'aide publique au développement (APD) mondiale est consacrée à cette lutte, soit 1 milliard de dollars. Et les pays touchés n'allouent qu'1% de leur budget santé, soit 2,9 milliards de dollars, aux interventions nutritionnelles les plus efficaces, selon la Banque mondiale et Results for Development. Ces 3,9 milliards d'investissement total devraient quasiment tripler pour atteindre les objectifs nutrition que l'Assemblée mondiale de la santé s'est fixée : 7 milliards de dollars additionnels devraient être investis annuellement pendant les 10 prochaines années. A ce jour, le déficit entre besoins réels et ressources mises à disposition est donc important.
En avril dernier, Jim Kim, président du groupe de la Banque mondiale, en référence à la mobilisation mondiale pour la COP 21 a déclaré que le monde avait besoin d'un "Paris" pour le développement de la petite enfance ("early childhood development"), dont la nutrition est un élément fondamental, et a annoncé la tenue d'un sommet spécifique sur le sujet lors des réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI en octobre prochain.

Si nous saluons cette initiative et espérons des engagements financiers ambitieux, nous appelons les Etats, bailleurs et pays affectés, à augmenter de façon pérenne leur budget alloué à la lutte contre la sous-nutrition - les mécanismes de financement innovant comme Unitlife ou Power of Nutrition n'ayant pas vocation à s'y substituer. Et ce, dès maintenant et non de façon sporadique au gré des sommets internationaux.

Que peut et doit faire la France ?

La France, pourtant 5ème bailleur d'APD au niveau mondial, a pris un engagement fort dans le cadre du G7. Lors du sommet 2016 à Ise Shima, les Etats-membres ont ainsi réaffirmé l'engagement pris en 2015 de sortir 500 millions de personnes de la faim et de la malnutrition dans les pays en développement d'ici 2030.

Et les annonces politiques se succèdent. La lutte contre la sous-nutrition serait une priorité de la politique de développement française selon la loi sur le développement et une feuille de route pour la nutrition dans les pays en développement est en cours de finalisation depuis début 2015. Enfin, en juin dernier, lors de la clôture d'une conférence initiée par le président du groupe d'étude coopération et aide au développement à l'Assemblée Nationale, le député Jean-Marie Tétart avec le soutien de Génération Nutrition et d'UNICEF France, André Vallini, le Secrétaire d'Etat pour le développement international et la Francophonie, a rappelé une nouvelle fois la volonté de la France de lutter contre la sous-nutrition - sans annoncer d'engagements financiers !

Notre pays apparaît en effet particulièrement à la traine pour traduire budgétairement ces ambitions avec en 2013 0,47% de son aide à la lutte contre la sous-nutrition contre une moyenne de 4,2% pour les pays de l'OCDE. Plus inquiétant encore en 2014, c'est moins de 6 millions de dollars (environ 5,4 millions d'euros) versés pour les interventions les plus efficaces contre 52 millions pour l'Allemagne ou 93 millions pour le Royaume-Uni. Génération Nutrition demande à la France de consacrer 500 millions d'euros à la lutte contre ce fléau d'ici à 2020.

Le budget pour 2017, qui sera discuté en octobre par le Parlement, est l'occasion pour le Gouvernement de rattraper son retard relatif à la fois en matière d'APD générale et de financements contre la sous-nutrition ; et de concrétiser budgétairement ses discours politiques.
Chaque discussion budgétaire doit être un "Paris" pour la santé et le bon développement des enfants, des "Paris" pour l'avenir.

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