Les médias ont-ils traité l'attentat de Nice différemment du 13-Novembre?
Nice (Alpes-Maritimes)
Comme journaliste à Nice-Matin, sur le pont pendant l’attentat sur la promenade des Anglais dès le 14 juillet, et dans les jours qui ont suivi aux côtés de mes collègues, j’ai d’abord envie de répondre oui. Oui, les médias nationaux (parisiens) sont rapidement passés à autre chose.
Parce qu’ils étaient loin du sud de la France et qu’ils pensent que Nice, cinquième plus grande commune de France, est une ville moyenne de province, où le salafisme n’a pas cours. Parce que, contrairement à ce qui s'est passé pour les attentats du 13 novembre 2015, commis par trois équipes coordonnées, ils ont du mal à qualifier cet acte de «terrorisme islamiste», bien qu’il ait été revendiqué par Daech et que son mode opératoire corresponde aux injonctions de l'organisation. Parce que beaucoup de journalistes n'étaient pas physiquement présents sur la Promenade des Anglais ce soir-là et n’ont pas vu les visages, les pleurs, la douleur. Parce qu’ils connaissent mal la province, Nice en particulier, qui ne se réduit pas à sa mauvaise caricature –des retraités, des bourgeois et des racistes, comme on l’a malheureusement vu dans les jours qui ont suivi. «Le seul Niçois médiatisable est-il forcément le Niçois raciste, ou l’attentat de Nice provoque-t-il un effet de loupe déformant sur l’ensemble de l’actualité?», demandait justement Daniel Schneidermann dix jours après l'attentat, en interrogeant ... Lire la suite