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Le lait de tous les dangers

De crise en crise, puis d’un programme de relance à un autre, la filière lait en Algérie n’a toujours pas trouvé son chemin vers la stabilité. 
Parmi les toutes dernières décisions prises dans ce sens, celle du ministère de l’Agriculture qui vise à concrétiser la volonté de l’Etat de réduire les importations de poudre de lait. La facture d’importation de ce produit de première nécessité s’est élevée en 2015 à 1,5 milliard de dollars pour une quantité de 330 000 tonnes.

L’Algérie a importé près de 17% de la production mondiale de poudre de lait. Tous ces éléments font de l’Algérie un des plus grands consommateurs de lait avec 4,5 milliards de litres annuellement. Il ne s’agit pas aujourd’hui de parler de la facture des importations que l’Etat ambitionne de réduire de 20%, mais plutôt de la qualité du lait, notamment en sachet, destiné à la consommation directe.


Un lait de qualité douteuse

Du lait, oui ! Mais de quelle qualité ? C’est justement la question que se posent nombre de consommateurs à travers le pays. Que ce soit à Alger ou ailleurs, beaucoup d’anomalies sont relevées dans ce lait transformé subventionné par l’Etat. Même s’il en existe plusieurs, les principales lacunes relevées par les consommateurs sont l’excès d’eau, pour ne pas dire le non-respect des normes en termes de proportions de poudre de lait et d’eau.

«Ce n’est pas la première fois que j’achète du lait en sachet et que je me retrouve en train de servir à mes enfants un liquide blanchâtre composé de 90% d’eau. Il est vrai que je ne suis pas scientifiquement qualifiée pour juger de manière crédible ce lait, mais cette fraude et cette mauvaise qualité sont visibles à l’œil nu, même par les enfants», déclare Nora, une quinquagénaire exaspérée par la qualité médiocre du lait en sachet de certaines laiteries, sans citer de nom, confirmée par le commun des Algériens.

En plus de cette haute teneur en eau, d’autres lacunes sont relevées. Il s’agit d’une mauvaise odeur qui se dégage à l’ouverture du sachet, qui n’a absolument rien à voir avec la fraîcheur du lait ni aucune ressemblance avec le lait de vache cru. Il s’agit d’une odeur repoussante accompagnée d’un arrière-goût. Du coup, un lait impossible à consommer. S’ajoute à cette liste le lait qui tourne dans des délais très courts. Défaut de fabrication ou non-respect de la chaîne de froid et de conservation ? Producteurs et commerçants se renvoient la balle. Le seul à en payer le prix est le citoyen.

Une enquête accablante

Si les plus fortunés optent pour le lait en poudre, hors de portée des petites bourses, les ménages à faible revenu et les consommateurs fuyant la mauvaise qualité du lait en sachet vont vers les crémeries qui proposent du lait de vache cru, du petit-lait, du lait caillé, du beurre salé et du fromage traditionnel. Pour ces différents produits, le critère qualité n’est pas le principal inconvénient. Plus grave, d’après un rapport émanant de la circonscription administrative de Chéraga (Alger), les résultats d’une étude exhaustive initiée par les docteurs vétérinaires des Bureaux communaux d’hygiène (BCH) des communes de Chéraga, Aïn Benian, Hammamet, Dély Ibrahim et Ouled Fayet sont accablants.

Cette enquête touchant tous les commerces de crémerie de cette circonscription  dévoile, après prélèvements, que la vente directe du lait de vache cru au consommateur est pratiquée en dehors de ce que prévoit la loi. D’après le rapport — dont nous détenons une copie — ce lait est vendu sans pasteurisation et les analyses font état de la présence de germes nocifs pour la santé du consommateur, dû à une contamination manuportée en raison d’une défaillance en matière de bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication, tant au niveau de la phase de transformation qu’au niveau de l’étable pendant la traite.

D’après le même document, ces docteurs vétérinaires préconisent dans l’urgence d’adapter et de renforcer la réglementation régissant les crémeries. Ils réclament également la révision du code du registre du commerce permettant cette activité et surtout obliger ces crémeries — dont les activités de certaines ont pris de l’essor, en  devenant de véritables unités de transformation — à  obtenir un agrément sanitaire. Ceci sans pour autant oublier l’aspect infrastructure, car il faut imposer aux propriétaires de ces crémeries le respect des normes, notamment de propreté et la mise en place de la traçabilité dans le processus de production des produits exposés à la vente.

En conclusion de ce rapport — envoyé à la direction des services agricoles et du développement rural de la wilaya d’Alger, en date du 25 novembre 2015 sous le numéro 8270/HYG/2015 — les initiateurs de cette enquête, qui confirment que 82% des crémeries de ces cinq communes ont obtenu des résultats insatisfaisants pouvant engendrer un véritable problème de santé publique, réclament une extension d’enquête sur tout le territoire de la wilaya d’Alger. Cela permettrait d’avoir une vision plus claire de la situation dans ces crémeries et de prendre les mesures adéquates pour éviter une catastrophe. Impossible de connaître le sort ou les résultats de cette enquête. Les directeurs des activités agricoles et du commerce de la wilaya d’Alger demeurent injoignables.

Les explications de l’ONIL

Pour le directeur de l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL),  Messar Fethi, les prérogatives de cet établissement se limitent à la disponibilité de la poudre de lait, la production et la distribution de ce produit de première nécessité. «Nous devons mettre sur le marché près de 4,7 millions de litres de lait par jour sur le territoire national. La norme à respecter par les 198 laiteries conventionnées par l’Onil est de 103 grammes de poudre de lait par litre pour avoir du lait à 15% de matière grasse. Le contrôle du respect de cette norme relève du travail des directions du commerce.

Notre inspection générale intervient lorsqu’on est officiellement saisi au sujet de lait impropre à la consommation, douteux ou d’un goût anormal. Nous sortons sur le terrain pour vérifier le circuit de production ainsi que le stockage», explique-t-il. Contacté, Zebdi Mustapha, président de l’Association de la protection et de l’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) relève un problème de concentration en amidon de maïs et dévoile que son organisation mène une enquête sur le lait en boîte. Il promet de dévoiler des surprises.
 

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