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Nicolas Sarkozy, de la "laïcité positive" à l'interdiction (partielle) du voile

Nicolas Sarkozy, de la PRIMAIRE DE LA DROITE - Entré en campagne en surfant sur les thématiques identitaires et sécuritaires, Nicolas Sarkozy défendra sa candidature à la primaire de la droite ce mercredi 24 août sur le plateau du 20h de TF1. Nul doute qu'il y sera interrogé sur la polémique du burkini qui a embrasé les débats de ce mois d'août, plusieurs élus de droite proches de l'ancien président ayant pris des arrêtés municipaux pour bannir ce maillot de bain islamique.

Jusqu'ici, Nicolas Sarkozy ne s'était pas exprimé sur le sujet, préférant se préserver du tumulte estival pour fignoler sa campagne.
"Ne rien faire, c'est laisser penser que la France apparaît faible et ce serait acter un nouveau recul de la République", confie désormais le candidat fraîchement déclaré au Figaro Magazine. "Si nous n'y mettons pas un terme, le risque c'est que dans dix ans, les jeunes filles de confession musulmane qui ne porteront pas le voile ou le burkini seront montrées du doigt et seront sous la pression quotidienne de l'entourage", met-il en garde en liant le voile islamique et le maillot de bain litigieux.

Or cette semaine, la polémique s'est justement déplacée sur le terrain du voile islamique. A Cannes, une jeune mère de famille a été verbalisée par la police et conspuée par la foule pour avoir porté un simple hijab sur la plage, alimentant les craintes des musulmans de voir le port du voile islamique purement et simplement interdit dans l'espace public.

C'est précisément ce que réclame le Front national pour qui "seule une loi d’interdiction générale des signes religieux ostensibles dans l’ensemble de l’espace public sera à même d’apporter une réponse ferme aux dérives communautaristes".

Toute la question est de savoir si Nicolas Sarkozy suivra le parti de Marine Le Pen sur ce terrain prohibitionniste et, à l'évidence, contraire à la liberté de culte. Car depuis plusieurs années, l'ancien président de la République n'a cessé de durcir son discours à l'encontre de l'islam et de ses manifestations visibles en France. Un revirement pour celui qui fut jadis le chantre de la "laïcité positive" et qui, en 2004, avait hésité à soutenir la loi interdisant les signes religieux ostensibles à l'école par crainte que la communauté musulmane la ressente "comme une punition ou une humiliation".

Interdire le voile à l'université et dans l'entreprise

Douze ans plus tard, son livre programmatique "Tout pour la France", paru ce mercredi chez Plon, marque une nouvelle radicalisation de son combat contre les signes religieux musulmans "ostentatoires". Face à ce qu'il considère comme la marque d'une "tyrannie des minorités", Nicolas Sarkozy propose désormais d'interdire partiellement le port du voile islamique dans l'espace public, celui-ci étant prohibé uniquement pour les agents du service public au nom de la neutralité religieuse de l'Etat.

L'ancien patron des Républicains avait déjà livré un avant-goût de sa nouvelle offensive dans les colonnes du magazine ultra-conservateur Valeurs Actuelles: "La République ne reculera plus sur rien. Cela implique d'interdire les expressions communautaires dans les entreprises, le voile à l'université comme dans l'entreprise et les menus de substitution dans les cantines scolaires". Dans son livre, Nicolas Sarkozy ajoute les administrations. Outre l'expulsion des imams radicaux, Nicolas Sarkozy veut interdire les interventions des imams étrangers dans les mosquées. Autant de positionnements qui le différencient de son grand rival Alain Juppé, apôtre d'une "identité heureuse" dans laquelle chacun peut trouver sa place quelle que soit l'expression de sa foi.

Désormais, l'ancien président ne s'en cache plus: son sujet n'est pas le fait religieux en général mais bien spécifiquement l'islam et certaines de ses pratiques relevant d'un "multiculturalisme" qu'il faut combattre. "Ce n’est pas avec les religions que la République a aujourd’hui des difficultés, mais avec l’une d’entre elles", écrit-il noir sur blanc en 2016... contredisant textuellement ce qu'il affirmait en 2009 lors de l'interdiction de la burqa. "Dans la République, la religion musulmane doit être autant respectée que les autres religions", déclarait-il alors en distinguant la pratique de l'islam du voile intégral.

Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy promet de "suspendre toute aide sociale et familiale" pour les femmes portant le voile intégral en cas de récidive, une idée empruntée à Nadine Morano, autre candidate très en verve sur "l'islamisation de la France".

Une ambiguïté de plus en plus hostile

L'hostilité de Nicolas Sarkozy à l'égard du voile islamique n'a pas toujours été aussi nette. En 2009, l'ancien président avait marqué son adhésion aux propos de son homologue Barack Obama appelant à respecter les libertés religieuses. "En France, toute jeune fille qui veut porter le voile peut le faire. C'est sa liberté", estimait-il alors. Des propos que lui reprochent encore les cadres du Front national.

C'est après sa défaite à l'élection présidentielle de 2012 puis son retour aux affaires sur un créneau centré sur la défense de la République que Nicolas Sarkozy a véritablement durci son discours sur le voile islamique au nom de l'égalité de l'homme et de la femme. Dans ses meetings, le président des Républicains n'opère quasiment plus de différence entre le voile islamique (hijab) couvrant les cheveux et le voile intégral (niqab ou burqa) qui dissimule le visage.

Nicolas Sarkozy se prononce contre le droit des mères de famille voilées d'accompagner leur enfant lors d'une sortie scolaire. Jouant de la même ambiguïté, le futur chef de l'opposition lie directement voile et intégrisme pour justifier sa position. "La République, c’est le rejet de tous les intégrismes. Je conteste la décision de la ministre de l’éducation d’autoriser des femmes voilées à accompagner les sorties scolaires", déclare-t-il pendant sa campagne de reconquête de l'UMP.

En France, "nous ne voulons pas de femmes voilées", lâche Nicolas Sarkozy à la radio en février 2015. Face au tollé qu'il suscite, l'ancien président est contraint de préciser qu'il parlait "évidemment" de la burqa.

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