France : l'interdiction du burkini suspendue par la justice
La plus haute juridiction administrative française a suspendu vendredi un arrêté municipal anti-burkini, avertissant les maires ayant pris une décision similaire que toute interdiction de ces tenues de bain islamiques couvrantes devait s'appuyer sur des "risques avérés" pour l'ordre public.
Cette décision du Conseil d'Etat concernant une station balnéaire de la Côte d'Azur, qui fera autorité pour toute la France, a été saluée comme une "victoire du droit" et "de la sagesse" par les représentants du culte musulman. Le débat autour du bannissement de cette tenue de bain couvrante portée par certaines musulmanes avait suscité d'intenses polémiques en France et à l'étranger.
Le Conseil d'Etat rappelle à tous les maires qui ont invoqué le principe de laïcité qu'ils ne peuvent se fonder sur "d'autres considérations" que l'ordre public, "le bon accès au rivage, la sécurité de la baignade ainsi que l'hygiène et la décence" pour interdire l'accès aux plages.
"Cette décision de bon sens va permettre de décrisper la situation, qui était marquée par une tension très forte parmi nos compatriotes musulmans, notamment chez les femmes", a réagi auprès de l'AFP le secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, au sein duquel il préside l'Observatoire national contre l'islamophobie.
Cette décision" "aura vocation à faire jurisprudence", s'est félicité Me Patrice Spinosi, avocat de la Ligue des droits de l'homme, qui avait saisi la plus haute juridiction administrative. "Oui, il y a une atteinte disproportionnée à la liberté des religions et le maire n'avait pas le pouvoir de restreindre cette liberté", a-t-il ajouté.