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Ni ministre ni candidat: comment Macron peut exister pendant les primaires

Ni ministre ni candidat: comment Macron peut exister pendant les primaires MACRON DEMISSION - On ne sort de l’ambiguïté qu'à ses dépens. En abandonnant ses fonctions ministérielles après avoir soufflé le chaud et le froid pendant des mois, Emmanuel Macron s'offre un double choc de clarification. Premier message adressé à ses soutiens qui commençaient à s'impatienter: l'ancien protégé de François Hollande s'est bel et bien émancipé de son créateur pour reprendre son destin en main. Fini le carcan de la solidarité gouvernementale qu'il a pourtant si peu respecté. Fini aussi le procès permanent en déloyauté, ses collègues de l'exécutif ne supportant plus ses rodomontades comme ses intrusions répétées sur leurs plate-bandes.

Notre système "pousse à des compromis de dernière minute, car le travail d'explication est rarement mené. Il fait la part belle aux peurs des uns et des autres", a estimé le ministre lors d'une déclaration post-démission à Bercy.

Le second message s'adresse évidemment aux Français à l'heure où la primaire de la droite et celle de la gauche s'accélèrent: le jeune ministre entend bien promouvoir une troisième voie sur laquelle il faudra compter dans les mois et années à venir. La destination est encore inconnue mais l'horizon présidentiel se profile. "Dans notre Ve République, le seul moment où les débats nécessaires pour décider ces transformations peuvent utilement avoir lieu sont les campagnes présidentielles", a-t-il annoncé sans officialiser sa candidature. Il en sera certainement, mais comment, lui qui ne semble pas vouloir emprunter la voie des primaires.



Reste une inconnue et elle est de taille: comment exister en dehors du gouvernement, en dehors de tout parti et en dehors de tout positionnement sur l'échiquier politique? Ni candidat ni soutien; ni de droite, ni de gauche; ni socialiste ni gaulliste; libéral mais pas centriste; ni dans la majorité ni dans l'opposition... Depuis son entrée fulgurante dans l'arène gouvernementale à la rentrée 2014, le populaire Macron s'est échiné à brouiller les pistes sur ses références idéologiques comme sur ses ambitions. Une manière de faire de la politique "autrement" qui a certes l'avantage de séduire une partie de la gauche et de la droite mais qu pourrait avoir du mal à trouver sa place sur l'estrade déjà bien encombrée de la présidentielle.

Bercy, c'est fini (et les avantages aussi)

En claquant la porte de Bercy, Emmanuel Macron reprend donc sa liberté. Mais il perd au passage les privilèges matériels et médiatiques inhérents à son poste. C'est à son ministère de l'Economie que le jeune énarque doit sa notoriété. Et c'est encore grâce lui qu'il a pu enchaîner, souvent aux frais de Bercy, les déplacements thématiques pour promouvoir ses idées politiques et rencontrer décideurs, chefs d'entreprises ou simples citoyens.

Charge à lui de faire vivre cette dynamique en dehors de l'exécutif. Soulagé du poids de son encombrant mais bien pratique portefeuille, Emmanuel Macron va pouvoir démarcher (encore) plus librement les généreux donateurs et courtiser sans frein l'électorat de François Hollande et de François Bayrou. Mais sans sa prestigieuse casquette de ministre qui lui garantissait aussi une part de son audience médiatique.

Car en quittant le gouvernement, Emmanuel Macron perd de fait une partie de sa spécificité et de son pouvoir transgressif. Ni ses anciens collègues ni le Parti socialiste ne sont désormais tenus de se justifier sur les incartades idéologiques de ce rocardien décomplexé, ce qui ne manquera pas d'affaiblir la curiosité des médias à son égard. Qui plus est, le brillant élève indiscipliné de l'exécutif va désormais rejoindre le dernier rang des anciens ministres où Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Cécile Duflot se disputent déjà le premier rôle.

L'étau des deux primaires

Si ses ambitions présidentielles sont connues, on ignore quand et comment Emmanuel Macron entend les exprimer. Avant son départ, l'ancien conseiller de François Hollande a semblé écarter une participation à la primaire du PS comme à celle des Républicains. Et il a toujours martelé qu'il entendait faire passer ses idées avant les questions de personne ou d'agenda électoral, ce qui devrait retarder son entrée officielle dans la campagne.

Toute la difficulté va consister à exister au cours des trois prochains mois, au moment où tous les projecteurs médiatiques seront braqués sur la droite, les écologistes et le Parti socialiste. En 2011, au moment des primaires citoyennes organisées par le PS, l'UMP avait eu toutes les peines du monde à se faire entendre tant le scrutin socialiste avait happé la lumière médiatique.

Emmanuel Macron a d'ores et déjà prévu quelques rendez-vous emblématiques pour s'imposer dans l'agenda de la présidentielle. Le premier est programmé avant la fin du mois de septembre avec la restitution des résultats de la grande campagne menée sur le terrain par ses soutiens. Une amorce de programme qui devrait permettre au jeune énarque de s'extraire de ses prérogatives économiques pour élargir sa palette politique. Autre rendez-vous annoncé comme imminent: la publication d'un livre-manifeste.

Reste à imprimer un tempo à sa campagne en jouant les outsiders. D'autres s'y sont essayé avant lui. Avec ses rendez-vous rituels, Arnaud Montebourg a su entretenir la flamme de son retour. La multiplication des meetings thématiques, sur le modèle de celui de la Mutualité en juillet, est une autre option. A moins qu'Emmanuel Macron n'entretienne le doute sur sa candidature jusqu'au bout comme l'avait fait Nicolas Hulot en 2007. L'ancien animateur avait alors menacé de se présenter à la présidentielle en soumettant son projet de pacte écologique à tous les candidats en lice.

On se doute que le fondateur d'En Marche entend mener lui-même son combat sauf si François Hollande se lance dans la campagne présidentielle. Mais pour frapper les esprits, le fondateur d'En Marche va devoir se démarquer des propositions des candidats de droite tout en transgressant les dogmes de ceux de gauche. Lors de son meeting, ce dernier a déjà étrenné une posture "anti-système". Problème: il est loin d'être le seul sur ce créneau.

Sans parti ni les 500 signatures

Ni socialiste ni de droite ni centriste, Emmanuel Macron se targue d'être un homme sans parti, ce qu'il considère comme un atout tant les appareils partisans et le clivage gauche-droite sont discrédités dans l'opinion. Mais entre les militants dont ils disposent, leurs réseaux d'élus et les trésors de guerre accumulés, les formations politiques se révèlent très utiles en période électorale.

Revenu dans la fosse des citoyens lambda, sans fonction ni mandat, Emmanuel Macron peut certes compter sur son mouvement En Marche, créé à la hâte en avril dernier. Ce parti politique qui ne dit pas son nom revendique 50.000 adhérents, certes bénévoles, mais qui ne payent pas de cotisation. D'où l'appel aux dons initié par le mouvement pour financer ses actions qui avait déclenché un début de polémique sur un possible conflit d'intérêts avec ses prérogatives ministérielles. "C'est une force de frappe équivalente, voire supérieure, à celle du PS. Nous avons de quoi faire campagne sur le terrain", estimait-il avant d'officialiser son départ.

Mais hors parti, comment Emmanuel Macron parviendra-t-il à réunir les 500 signatures requises pour candidater à l'élection présidentielle? Malgré son expérience et un positionnement plus clair, Jean-Luc Mélenchon, qui s'est lancé sans le soutien du Parti communiste, se heurte en ce moment même à cet écueil.

Sur le fond, le futur-ex ministre ne détient pour tout actif que sa notoriété. Ce qui n'est pas toujours suffisant pour imposer son agenda électoral ou briguer la fonction suprême. En 2010, l'ancien premier ministre Dominique de Villepin s'était retrouvé dans une position similaire lorsqu'il avait voulu concurrencer Nicolas Sarkozy en créant son propre parti, République solidaire. Candidat à l'élection présidentielle de 2012, l'ancien secrétaire général de Jacques Chirac à l'Elysée avait dû renoncer à se présenter à la présidentielle faute d'avoir réuni ses 500 parrainages.

L'Histoire ne se répète pas, mais il lui arrive de balbutier.

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