Le jour où j'ai enterré ma mère une deuxième fois

Comme le père se fait âgé, qu'il ne peut plus assumer seul le fardeau de sa vieillesse, on décide de l'emmener en maison de retraite. Ce n'est pas gai mais on n'a pas le choix. Vivre n'est pas drôle tous les jours. Une fois que le père est bien installé, qu'il a pris ses marques et s'habitue à sa nouvelle et dernière demeure, il faut procéder au débarras de l'appartement afin de le restituer à son propriétaire. C'est un appartement modeste, sans vraiment de charme, juste fonctionnel, où il aura vécu une dizaine d'années. Une tranche de vie qui l'aura vu passer du statut d'homme marié à celui de veuf, de la vie mouvementée d'un couple haut en couleur à celle d'une existence où, à la tristesse d'être séparé de celle qui fut son épouse, se mêla le lent mais inexorable déclin d'un corps et d'une âme griffés de chagrin et de solitude. Quand le fils débarque dans l'appartement et commence à trier les affaires, il est pris de vertige: il y a les vêtements à jeter ou à donner, les livres de toute une vie, les vestiges d'une vaisselle dont plus personne ne se souvenait, les mille et un objets du quotidien, vase, tableau, rideau, tapis, chaises, lit, qui bien vite s'entassent dans le couloir avant d'être jetés à la poubelle comme des reliques d'une existence définitivement passée dont on ne veut plus entendre parler. Surtout, il y a tout ce que la mère avait conservé et qui depuis son décès soudain, voilà quelques ... Lire la suite