On y était : Nuits sonores 2024, les choix (difficiles) de la rédac

Pour sa 21e édition, qui s’est déroulée du 7 au 12 mai, le festival lyonnais était encore une fois à la hauteur de nos espérances. Au programme : Laurent Garnier, Baraka, KI/KI, Hyas, Julian Muller, Vel, Anetha, Bonobo, Deena Abdelwahed, Mézigue… 

Cette année, les équipes du festival ont troqué les fameuses et majestueuses Usines Fagor pour Les Grandes Locos, un ancien technicentre SNCF situé sur la commune de La Mulatière à l’ouest de Lyon. Cet ensemble de bâtiments aux halles démesurées, industrielles et désaffectées, où règne une ambiance de film postapocalyptique, a accueilli, durant quatre journées, pléthore d’artistes aux talents certains.

Le site dispose de quatre scènes, la nef, le soundsystem, la galerie et l’amphithéâtre. Le public est ravi de ce nouveau sanctuaire électro et nous aussi. Le son sonne bien mieux qu’aux Usines Fagor, l’ambiance y est encore plus chaleureuse et l’esthétique des bâtiments ornés de fer et de béton séduit tout le monde, surtout au moment de la golden hour.

Les Nuits Sonores sont connues pour se dérouler dans différents lieux de Lyon. En plus des Grandes Locos, qui étaient ouvertes de 16 h à minuit, les concerts avaient aussi lieu au Heat, à la place Guichard, à l’esplanade du Gros Caillou et évidemment à La Sucrière, au H7 et au Transbordeur. Impossible d’assister à tous les concerts – la fonction multiplier son corps n’existe pas encore – alors on s’est principalement intéressé·es aux Grandes Locos, à La Sucrière et au H7, où les conférences et ateliers en collaboration avec European Lab avaient lieu.

Mercredi 8 mai

Après une attente interminable (45 minutes) du bus 63, nous sommes enfin arrivé·es aux portes des Grandes Locos. Ce jour-là, on s’est principalement intéressé·es à sa programmation de jour. On arrive pile-poil à 18 h pour le live de Baraka, duo français formé par l’autrice, chanteuse, DJ et cofondatrice de l’association Au-delà du club, Sarah Gamrani et le DJ et producteur Cristofeu. Ça commence fort, leur projet novateur et audacieux les présente en face à face, elle au chant et lui aux platines, tous·tes les deux vêtu·es d’un style rétrofuturiste qui marche super bien. Entre chants angéliques et rires diaboliques, les kicks gras de la techno et du dub viennent percuter le tout. Les deux ami·es nous ont clairement bien conditionné·es pour un début de festival. S’en suit le DJ set de la Française Audrey Danza et sa trance éperdument fédératrice.

Puis, on profite du coucher de soleil sur les transats juste devant l’immensité de la nef, où se produit l’Italien Francesco Del Garda, boss du label Timeless. Son set ultra-good vibe entre house, techno et minimal résonne jusqu’à nous et ça va parfaitement bien avec notre pause repas face au ciel doré. Juste en face, sur la scène de la galerie, la Néerlandaise KI/KI se met aux commandes de ses machines pour un live d’une heure. C’est la pro du mélange acid, techno et trance. Son univers à la fois sombre et onirique nous saisit instantanément et sans s’en rendre compte il est déjà 22 h, c’est déjà la fin de son passage.

Assez profité de la galerie, la nef où se produit Laurent Garnier nous appelle. Le Français marque un retour plus que triomphant. Alors qu’il n’avait pas pu se produire l’an dernier pour des raisons de santé, Laurent Garnier, mieux que jamais, s’est lancé dans un set de trois heures absolument impeccables. Son envie vitale de faire danser les gens s’est fait ressentir tout le long de son set, pas une hésitation, pas un creux, pas une erreur, pas une inattention, il a une nouvelle fois prouvé qu’il est incontestablement le maître des platines. 

Jeudi 9 mai

Après une très belle première soirée, on s’est rendu·es au H7 à 10 h 30, pour assister au premier workshop “Imaginer le club du futur” du collectif et laboratoire de recherches pour des nuits plus inclusives, Au-delà du club. Animé par ses membres Laure Togola, Sarah Gamrani et Célia alias Bambi, l’atelier s’est divisé en trois parties : creuser dans son imaginaire pour entrevoir le rôle des clubs au sein de nos sociétés, concevoir des idées nouvelles sur les espaces festifs et enfin, développer en groupe des clubs futuristes qui permettraient des nuits plus inclusives et émancipatrices.

Ces deux heures de discussion collaborative ont pu mettre en avant les problématiques, les enjeux et les émotions concernant la réalité en espaces festifs que l’on ne voulait plus voir dans nos clubs idéaux. On débarque aux Grandes Locos à 17 h, la Tunisienne et envoûtante Deena Abdelwahed présente son nouveau live JBAL RRSAS sur la scène de la nef. Du côté de la scène en plein air, soundsystem, on retrouve le jeune DJ Hyas et son acolyte le rappeur Kaba. Les deux potes jouent les différents bangers de leur projet Music 4 Tesla, entre rap et bass music et clairement l’ambiance est présente dans le public, ça danse, ça jump et ça chante, tout ça face à un soundsystem de qualité entouré de plantes. 

Plus tard, place au B2B (back to back) entre Anetha et Young Marco. Cette fois-ci, la DJ française ne se produit pas seule. Celle qui a récemment sorti son tout premier album Mothearth, sur son label Mama Told Ya, a partagé l’immense scène de la nef avec le fondateur de Safe Trip Records, Young Marco. Les deux artistes ont offert un set texturé de deux heures aux sonorités groovy, trancy, psychédéliques et indéniablement techno. Pour la fin de soirée aux Grandes Locos, on se rend au live de Mézigue, auteur du génial Du son pour les gars sûrs et amateur de mélodies incisives et de kicks vibrants. L’artiste, accompagné de son fidèle accoutrement (bob, lunettes de soleil et foulard qui cache la moitié de son visage) était présent pour jouer son dernier album Qui existe, sorti le 2 février dernier.

De l’autre côté, la nef s’est transformée en rave illuminée de néons rouge avec le DJ I Hate Models, tandis que l’ambiance dans la galerie est plus légère. Le set disco, house de l’Allemand Palm Trax nous téléporte directement sur une plage au bord de l’océan en train de siroter une piña colada. De l’autre côté du Rhône, la nuit se prolonge avec les deux mêmes ambiances qu’entre le set de I Hate Models et Palm Trax, d’un côté la soirée Hard Danse à la sucrière présente quatre artistes techno et underground aux sets bien ravageurs pendant qu’au H7, la soirée A Night with Cornelius Doctor, DJ et producteur basé à Lyon, s’apparente à une nuit bien plus smooth mêlant house, italo, EMB et disco.

C’est déjà l’heure de rentrer… On loupe le grand final d’Infravision (projet italo disco du duo Pablo Bozzi et Kendal), Marina Herlop, Skrillex, Beatrice M., le retour de Canblaster, Daniel Avery, KiNK, VTSS en B2B avec Evian Christ, mais aussi le grand final du set à six mains des boss Âme, Marcel Dettmann et Solomun. Ce n’est que partie remise, on reviendra !

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