Dominique Boutonnat : des manifestants demandent le départ du président du CNC

Autour de Judith Godrèche, acteur·ices, producteur·ices et collectifs de cinéma se sont mobilisé·es ce lundi 13 mai devant le CNC pour réclamer le retrait de son président, accusé d’agression sexuelle par son filleul.

”Boutonnat suspension”, scandent les manifestant·es dès 9 h 30 ce 13 mai devant les bureaux du Centre National du Cinéma et de l’image animée, dans le 14e arrondissement de Paris. À l’initiative de plusieurs collectifs tels que 50/50 ou l’Association des acteur·ices (ADA), cette mobilisation fait suite à la publication d’une série d’articles concernant le président du CNC, Dominique Boutonnat, par Libération le 10 mai dernier. Sur place, parmi la foule, on croise Judith Godrèche, qui lors de son audition au Sénat le jeudi 29 février, avait notamment demandé le retrait de Dominique Boutonnat du CNC.

”L’article venant de sortir, il nous semblait important de ré-ancrer le sujet dans l’actualité”, déclare Judith Godrèche. Un sentiment d’urgence partagé par l’actrice et co-fondatrice de l’ADA, Ariane Labed : ”cela nous semblait important de réagir vite et de montrer notre désaccord et notre colère avant le Festival de Cannes. À leurs côtés devant les locaux du CNC, on aperçoit Alma Jodorowsky, Rebecca Zlotowski ou encore Xavier Lacaille (à l’affiche de Bis Repetita), tous·tes réuni·es banderoles et unes de Libé à la main.

”Séparer l’homme du CNC”

Sur les pancartes tendues par les manifestant·es, on aperçoit des ”Séparer l’homme du CNC” , ”on se lève et on se casse” (en référence au départ d’Adèle Haenel lors des César), mais aussi ”Malory on te croit”, du nom du filleul de Dominique Boutonnat qui l’accuse d’agressions sexuelles. Contestés par ce dernier, les faits se seraient déroulés en 2020, lors de vacances en Grèce. Mis en examen en février 2021, Dominique Boutonnat a, depuis été reconduit à la tête du CNC. Son retrait ”signifierait symboliquement et concrètement qu’on a été entendu·e et que les victimes de violences sexistes et sexuelles sont enfin prises au sérieux”, nous explique Ariane Labed.

Si les manifestant·es reconnaissent les mesures mises en place par l’institution, telles que les formations ou la prochaine obligation d’une coordination d’intimité sur les tournages, c’est “l’ironie de sa présidence” qu’ils et elles dénoncent en ce début de semaine. “Un grand travail est fait pour assainir le milieu”, reconnaît ainsi le producteur et membre du 50/50, Lahoucine Grimish “sauf que la personne à sa tête est un présumé agresseur”. Pour Caroline Bonmarchand, productrice et membre du collectif 50/50, la présence de Boutonnat à la tête du CNC est de fait “contradictoire” : ”Avoir Boutonnat à la tête du CNC ternit l’image de notre milieu”.

S’il y a du monde devant l’institution en ce début de semaine, c’est également parce que le cinéma français est actuellement traversé par une véritable vague #MeToo depuis les déclarations de Judith Godrèche en janvier dernier. ”Je veux travailler dans un milieu sain” confie, de son côté, la jeune actrice Noée Abita. Une volonté partagée par Ariane Labed selon qui ”le cinéma doit être un endroit où on peut travailler sans avoir peur”.

”On a parlé, on a rien entendu

Près d’une heure après le début de la manifestation, quelques membres de la délégation (dont Judith Godrèche, Ariane Labed et Zita Hanrot) sont invité·es par Leslie Thomas à entrer dans les locaux, mais elles et ils ressortent de cette entrevue désabusé·es par la réponse de la secrétaire générale du CNC qui s’est attaché à rappeler le droit à la présomption d’innocence de Dominique Boutonnat. ”Rien ne va bouger jusqu’au procès, mais nous ne pouvons pas l’accepter car l’image de notre milieu en est abîmée” a ensuite proclamé Lahoucine Grimich.

La question de la présomption d’innocence n’est pas un réel argument pour ces militant·es qui souhaitent que le président soit écarté le temps que le procès se tienne. Dans une pétition lancée le 12 mai et signée par plus de 1 500 personnes, les collectifs, même s’ils reconnaissent la présomption d’innocence de Dominique Boutonnat exhortent leur ”principale institution à montrer l’exemple”.  Ce lundi, ils déplorent donc encore l’absence d’une décision forte. Selon Luana Duchemin, co-fondatrice de l’ADA, ”il faut que la justice fasse son travail certes, mais au vu de la séquence que l’on traverse, une mise en retrait serait normale, au moins le temps du procès.”

Dominique Boutonnat sera jugé le 14 juin prochain, mais pour Ariane Labed, cette date ne modifiera en rien sa position : ”relaxé ou pas, ça ne change rien, on demande la même chose. À l’ADA, on a pour principe de croire les victimes et on continuera de penser qu’il n’a pas sa place à la tête du CNC.

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