5 chefs-d’œuvre littéraires de la collection l’Imaginaire/Gallimard à redécouvrir cet été

Le choix des Inrocks dans la collection l’Imaginaire/Gallimard.

René Daumal : Le Mont Analogue

C’est un roman culte – l’un des préférés de Patti Smith… -, le genre de texte dont on se parle comme d’un secret, le cœur battant. Faux roman d’aventures et vrai conte spirituel, le Mont Analogue nous entraîne sur des contrées magiques. C’est un grand texte allégorique, métaphysique, rappelant dans son enjeu le Moby Dick de Herman Melville. René Daumal (1908-1844) y met en scène une expédition secrète, mystérieuse, au “mont Analogue”, un mont sacré qui serait le portail sur terre vers l’au-delà. Une poignée d’hommes se lance donc dans l’ascension de cette montagne mythique, et à travers elle dans la quête d’une transcendance, jusqu’au vertige de l’absolu. Le contrepoint de ce texte serait Grande Beuverie, également publié dans l’Imaginaire, où Daumal explore le monde matérialiste.

René Daumal : Le Mont Analogue 182 pages, 9,5 euros

James Mc Cain : Mildred Pierce

Le grand James McCain, considéré comme le père du roman noir américain hardboiled, a eu une œuvre prolixe qui s’est peut-être, hélas, retrouvée légèrement éclipsée par ses nombreuses adaptations cinématographiques. Double-indemnité, Le facteur sonne toujours deux fois, ou encore Mildred Pierce, c’est à lui d’abord qu’on les doit. Si Joan Crawford a rendu ce dernier personnage inoubliable dans le film éponyme de Michael Curtiz, le roman doit être lu et relu, découvert et redécouvert. McCain se sert du genre – le polar – pour mettre en scène les difficultés d’une femme à affirmer sa puissance et à s’émanciper dans une Amérique conformiste et patriarcale, y compris auprès de sa propre fille.

James Mc Cain : Mildred Pierce 420 p., 13 euros

Evguene Zamiatine : Nous

Publié en 1920 – en 1929 chez Gallimard –, Nous s’impose comme le premier chef-d’œuvre de la science-fiction, celui qui raconte une société totalitaire bien avant les autres et qui inspirera 1984 à George Orwell, ou encore Le Meilleur des mondes à Aldous Huxley. Le russe Zamiatine met en scène une cité de verre où les êtres sont obligés d’être heureux et d’obéir au Bienfaiteur… Il finira bien sûr marginalisé par le régime soviétique. Il faut absolument lire ce roman visionnaire, qui annonçait déjà certains aspects de notre temps, qui vient de reparaître dans une nouvelle traduction (de Virginie Patte), avec une préface de Giuliano de Empoli (Le Mage du Kremlin), et une autre, dessinée, de Vincent Perriot.

Evguene Zamiatine : Nous 238 p, 15 euros

Jean Rhys : La Prisonnière des Sargasses

Britannique née aux Caraïbes, installée à Paris dans les années 1920, Jean Rhys a longtemps été une autrice moins connue que d’autres Anglosaxons expatriés en France, tels que Henry Miller ou qu’un Hemingway – peut-être parce qu’elle était une femme ? On ne voit pas d’autre explication tant son style est unique. Si elle a rendu compte de son expérience de vie à Paris dans l’excellent Bonjour, Minuit (1939), son roman phare reste La Prisonnière des Sargasses (1966). Dans ce texte en forme de suite post-coloniale et féministe de Jane Eyre, Rhys imagine la vie de Mrs Rochester (une Créole qui vient de Jamaïque), la “folle” remisée au grenier du roman de Charlotte Brontë, ou la vie d’une femme aux prises avec l’Angleterre blanche et patriarcale. Très fort.

Jean Rhys : La Prisonnière des Sargasses 252 p.,12 euros

Rilke, Tsvétaïéva, Pasternak : Correspondance à trois

Cette correspondance entre trois poètes se lit comme un grand roman, celui d’une recherche littéraire accompagnée de changements sociétaux, politiques, qui vont secouer ces trois protagonistes. Chacun·e confronté·e à la difficulté de vivre, qu’il s’agisse de maladie, de déplacement, de solitude et de danger dans une dictature, ou d’une confrontation avec sa propre mort. À l’été 1926, quand ils et elle commencent à s’écrire, Boris Pastermak se trouve en Union soviétique, Marina Tsvétaïéva est exilée en France, et Rainer Maria Rilke vit en Suisse et est très malade – il mourra quelques mois plus tard, en décembre 1926. Un échange exalté, passionné, amical, amoureux, et profond.

Rilke, Tsvétaïéva, Pasternak : Correspondance à trois 336 p, 12,50 euros

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