5 films à retenir du FID 2024

Comme chaque année, le festival marseillais a proposé son lot d’évasions pastorales, d’escapades utopiques et de dérivations sur le cours du temps présent. En voici une sélection. 

7 Promenades avec Mark Brown de Pierre Creton 

On fait parfois des films comme on écrit des romans ou on pratique la photographie. Le travail de cinéaste de Pierre Creton est quant à lui indissociable de son activité de paysan, du travail de la terre et de ce que cette proximité terrienne génère d’interconnexions et de rencontres avec tous les êtres vivants, des plantes aux humains, en passant par les animaux.

Cinéaste du soin et du coin (toujours son pays de Caux), il coréalise ici son nouveau film avec l’acteur principal du précédent, Vincent Barré. Ensemble, ils ont suivi le paléobotaniste Mark Brown lors de sa recherche des plantes et essences qui composeront la forêt primaire qu’il tente de reconstituer dans son jardin normand. Entre approche vernaculaire et évocation de l’œuvre de Jean Painlevé, ces promenades bercent par leur beauté visuelle et poétique. 

À noter que le film est projeté ce soir à la Cinémathèque française, à 20 heures, dans le cadre d’une courte reprise de films du FID. 

Bluish de Lilith Kraxner et Milena Czernovsky

Couronné par le Grand Prix de la compétition internationale, ce film autrichien raconte l’errance de deux jeunes femmes dans le Berlin estival. Il a le charme fragile des films qui tentent sans forcer de reconstituer l’écoulement du temps, d’en saisir les infinies variations, tout en surfant sur la trivialité de l’existence. On a vu beaucoup des films comme ça, et pourtant celui-ci à quelque chose de particulier.

Cela tient tant dans certaines audaces formelles et cocasses – comme ce moment où le film invite à un véritable moment de méditation pour s’endormir – qu’à la révélation de l’actrice Natasha Goncharova. Artiste venue des arts plastiques, elle impressionne dans ce rôle tout en spleen et confère à Bluish un pouvoir d’envoûtement. 

Festa Major de Jean-Baptiste Alazard 

Prix du public de cette édition 2024, le film de Jean-Baptiste Alazard nous plonge au cœur d’une fête qui se déroule pendant plusieurs jours dans un petit village des Pyrénées. Entre jeunes néo-ruraux·ales et ancien·nes, l’osmose est alors complète.

Le cinéaste saisit quelque chose d’essentiel de la fête : la façon dont elle abat les différences, crée des raccourcis secrets dans le cours du temps et finit par donner le tournis, quand elle ne nous brouille pas la vision. Si on regrette que cette vision pastorale soit un peu trop romantique et manque parfois de profondeur, la beauté des images et le jaillissement couleurs finissent par nous emporter. 

Parque de Diversoes de Ricardo Alves Jr. 

Celles et ceux qui aiment le cinéma de Yann Gonzalez ne seront pas trop dépaysé·es dans la virée nocturne proposée par ce cinéaste brésilien. Sous les néons et les arcanes décrépites d’un parc d’attractions abandonné, transformé en un vaste espace de cruising et au son d’une guitare hurlant à la baise, les corps s’emmêlent. Dans cette hétérotopie sexuelle s’inventent de nouveaux rapports à la jouissance.

L’esthétique du porno gay y est bousculée par l’irruption de corps dissidents, trans et racisés, les paramètres du sexe y deviennent un terrain d’invention d’une douceur et d’un érotisme moite. La caméra épouse les mouvements de cette grande partouze avec une délicatesse folle. L’excitation que procure le film est visuelle, mais plus largement sensorielle. La caméra voit et entend, mais elle touche, sent et goûte aussi. 

Pepe de Nelson Carlo de Los Santos Arias 

Déjà présenté en compétition à la Berlinale cette année, le film de ce cinéaste dominicain est un essai documentaire sur Pepe, un hippopotame ayant appartenu à Pablo Escobar. À la mort de ce parrain de la drogue, il commença une errance qui se termina sous les balles des militaires mexicains.

En faisant parler l’animal depuis l’au-delà, il en raconte le parcours, depuis le transport de ces ancêtres importés illégalement du continent africain jusqu’aux légendes que déclenchèrent la cavale de Pepe dans les rivières mexicaines. Mêlant fiction, archives, vues documentaires et effets spéciaux, le film propose une forme de narration inédite et passionnante. 

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