“Le Flic de Beverly Hills : Axel F” : baroud de déshonneur

Les legacyquels auraient-ils changé de ton ? Ces suites-hommages de grandes franchises des décennies 1980 et 1990, fructueux filon du Hollywood de la fin des années 2010, ne disparaissent certes pas vraiment des écrans.

Mais elles semblent quelque peu débarrassées des oripeaux de leur pompiérisme et de leur esprit de sérieux : le pathos funèbre à gros sabots, les paraboles méditatives sur la vieillesse de leurs interprètes, les thèmes musicaux remixés très downtempo avec une reverbe de cathédrale, bref tout l’appareil de surclassement dramatique branché sur leurs registres initialement pourtant plutôt légers et acidulés a finalement fait long feu.

Plongée dans le déni

Peut-être est-ce ici Eddy Murphy lui-même, qui, deux ans après avoir ressuscité Un prince à New York pour Amazon dans un état d’esprit similaire, a préféré ressortir son bon vieux Beverly Hills Cop chez Netflix sans s’y appesantir sur les affres d’un temps qui ne serait plus le sien, préférant se bercer de l’illusion d’un univers intact.

C’est la nouvelle recette de l’industrie de la nostalgie : elle ne fait même plus semblant de cogiter sur le soubassement tragique de ses figurines pop, et se contente plutôt de décongeler la recette d’il y a quarante ans, comme si de rien n’était. Axel Foley batifole toujours comme un chien fou à la police de Detroit, dérange sa hiérarchie par des interventions chaotiques et musclées, file changer d’air chez les nantis californiens, dont il s’entiche de bousculer tout sourire le conformisme bourgeois au nez et à la barbe de la pègre locale.

On a déjà vu ça quelque part, peut-être dans Le Flic de Beverly Hills 1, ou 2, ou 3. Le décalque tel quel de la formule produit désormais un drôle d’effet nanar, ou d’inconscience ahurie, comme si Murphy et le film sortaient d’une capsule de cryogénisation, n’accordant aucun regard ni à leur temps ni à eux-mêmes, absorbés par la joie à la fois infantile et sénile de répéter ad nauseam leurs gimmicks d’autrefois. Le contrepoint convenu d’un Joseph Gordon-Levitt proposé comme antagoniste déconstruit (un flic moderne, tendre, féministe, insensible aux manières de bouledogue d’Axel Foley) s’auto-neutralise assez rapidement : le film ne lui accorde pas de place véritable et consiste essentiellement à regarder Murphy faire son numéro d’embobineur supposément génial, sous les regards passablement lassés de ses partenaires – et désormais des nôtres.

Le Flic de Beverly Hills : Axel F depuis le 3 juillet sur Netflix.

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