“Fort Alamo” de Fabrice Caro : la mort, cette absurdité absolue par l’auteur de “Zaï Zaï Zaï Zaï”
Comme souvent chez Fabrice Caro, tout démarre – et dérape – sur une scène banale : à la caisse du supermarché, le narrateur interloqué se fait piquer sa place par un malotru. Lequel s’écroule au sol, foudroyé. Le narrateur s’interroge : aurait-il malgré lui acquis le super-pouvoir d’éliminer celles et ceux qui l’irritent ?
Un quotidien soudain bouleversé par une situation à la fois loufoque et angoissante, l’auteur en a fait sa signature. Que ce soit dans ses romans ou ses BD, comme le désormais culte Zaï Zaï Zaï Zaï (Six pieds sous terre, 2015), il excelle à plonger ses héros·oïnes dans d’inattendues tragédies. Ici, le narrateur, jeune prof de lycée, va multiplier les gaffes dans sa terreur de décimer collègues, voisin·es, belle-sœur, autant de personnages archétypaux campés avec beaucoup d’humour. Mais à travers cette histoire absurde, l’auteur nous parle comme toujours de nos angoisses contemporaines : ses anti-héros·oïnes se retrouvent invariablement face à un monde où ils et elles ne maîtrisent plus rien.
Fabrice Caro n’est pas pour autant dans la répétition, et ce nouveau livre est marqué par une tonalité particulière. La mort est ici une thématique travaillée à plusieurs niveaux, car le narrateur doit aller vider la maison de sa mère décédée, et ne s’y résout pas. Une situation déstabilisante dont il ne peut parler à ses proches, et qui donne à ce roman très drôle une couleur infiniment mélancolique.
Fort Alamo de Fabrice Caro (Gallimard /“Sygne”), 200 p., 19,50 €. En librairie le 3 octobre.