Rencontre avec Magali Alliod : « Je suis maman et guerrière de la Spartan Race »

À 39 ans, Magali Alliod est un véritable phœnix. Rien ne prédestinait cette mère de deux enfants à faire partie aujourd’hui des athlètes les plus performants de la Spartan Race (leader mondial des courses à obstacles). En 2018, la Lyonnaise pesait presque 120 kg et a décidé de dire « stop ». Entre perte de poids, cancer et Covid, voici le récit d’une guerrière. PROPOS RECUEILLIS PAR RUBEN DIAS. Extrait du Women Sports N°31.

WOMEN SPORTS : MAGALI, VOTRE PARCOURS INSPIRE LE RESPECT, POUVEZ-VOUS NOUS LE RACONTER PLUS EN DÉTAILS ?

MAGALI ALLIOD : Ma vie a commencé très tôt. J’ai été maman très jeune, à 16 ans. Il a fallu être efficace. Mais aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu des problèmes de surpoids. Je suis une ancienne chef de cuisine. J’aimais manger. Et c’est en 2018 que je suis rentrée dans une transforma- tion physique à travers le sport et l’alimentation. Après cela, il est arrivé un cancer en 2019, qui m’a stoppée dans mon élan. J’ai dû mettre plusieurs projets entre parenthèses entre la maladie et le Covid. Cette période a duré six mois difficiles. Pendant cette période, on n’a pas cessé de me dire que je n’y arriverai pas, que je ne retrouverai pas mon niveau, donc il fallait que je revoie mes priorités. Je n’ai jamais été aussi motivée, performante et déterminée que depuis mon cancer. J’ai enfin pu participer à ma première course en 2021, à Morzine. Je traîne quand même un lymphœdème. Ce qui fait de chaque ligne d’arrivée, une victoire.

AVANT D’ATTAQUER VOTRE AMOUR POUR LA SPARTAN RACE, COMMENT AVEZ-VOUS ORGANISÉ VOTRE PERTE DE POIDS ?

J’ai essayé des dizaines de régimes dans ma vie. Rien ne fonctionnait parce que c’était ou trop strict ou mal encadré. Puis, un jour, je me suis lancée dans un petit challenge. J’avais aussi eu ce déclic mental peut-être. Il fallait perdre 7 kilos en six semaines. J’en ai perdu 9. C’était la première fois que j’avais un vrai résultat de perte de poids. Puis je me suis très bien entourée. Des coachs exceptionnels m’ont transmis la passion du sport, et m’ont appris l’hygiène de vie.

C’EST IMPORTANT D’ÊTRE BIEN ENTOURÉE DANS UN TEL PROJET ?

Nous ne sommes pas gros sans raisons. Il y a une partie de gènes, des problèmes hormonaux, mais il y a aussi un facteur psychologique. Forcément, on comble quelque chose à travers l’alimentation. Les kilos émotionnels n’arrivent pas par hasard. Être encadré psychologiquement, c’est important. Ensuite, c’est aussi bien de s’entourer, soit de coachs sportifs pour vous motiver, soit de coachs plus spécialisés dans la nutrition, pour que cela dure dans le temps. Sinon, la plupart du temps, oui, tu vas perdre du poids, mais tu vas reprendre très vite derrière. Depuis 2018 je n’ai pas rebu une goutte de soda et je vis très bien sans. Il y a plein de choses que je ne mange plus, comme les gâteaux et les plats industriels.

LA SPARTAN RACE A FAIT OFFICE DE GRAAL, D’OBJECTIF DE VIE…

Oui car, même si petite j’étais ronde, cela n’était pas un complexe. J’ai toujours fait de mon physique une force parce que je suis grande, costaude. Mais en plus d’une passion pour le sport, c’est le dépassement de soi qui m’a beaucoup plu. Pendant ma transformation, je voyais sur les réseaux sociaux passer des vidéos de Spartan : j’étais impressionnée. En 2018 je me suis dit ‘Un jour ce sera moi sur ces vidéos, je participerai à une Spartan Race’. Beaucoup de gens de mon entourage m’ont pris pour une folle. Ils ne cessaient de me répéter ‘Tu ne te rends pas compte des efforts que cela demande’…

ET JUSTEMENT, QUELS EFFORTS ?

Il y a une partie trail, sur un terrain difficile, avec entre 20 et 30 obstacles à passer. Cela peut être des obstacles en suspension comme des montées à la corde, du ramping sous des barbelés, il y a des choses à soulever et on peut être lesté par des poids. Après il y a d’autres formats. Par exemple, récemment, j’ai participé à une course d’endurance extrême. Cela a été très difficile. C’est la première fois que je flirté autant avec mes limites. J’ai enchaîné les trois formats : 4h d’endurance, 1h de pause, 12h d’endurance, puis 5h de pause avant les 24h d’endurance extrême. Mais j’ai encore un autre objectif : La Death Race (la course de la mort, NDLR). C’est une course ou tu acceptes de pouvoir mourir pour la faire… Pour l’instant, aucun Français n’est parvenu à la terminer. Au départ, il y a de l’excitation. Tu es contente. Après, souvent, il y a un petit passage à vide, à mi-parcours. Souvent je me demande ce que je fais ici, pourquoi je m’impose cela (rires). Puis cette sensation de réussir à passer un obstacle, et de voir la médaille se rapprocher, l’excitation et la dopamine reviennent. Il y a une satisfaction qui est intense. Je n’ai pas les mots pour la décrire.

AUJOURD’HUI, VOUS ÊTES L’UNE DES ATHLÈTES LES PLUS DÉTERMINÉES ET LES PLUS INSPIRANTES…

J’ai pratiquement 50 courses terminées en environ deux ans. J’ai perdu plus de 40 kilos. Je pense que la clé est de toujours s’écouter soi. Si j’avais écouté les gens, je n’aurais rien fait. Je n’aurais pas maigri, je n’aurais pas fait de sport… je ne serais même pas devenue chef d’entreprise. Il faut apprendre à se connaître, se fixer des objectifs, et quoi qu’il arrive, tout faire pour les atteindre. Aujourd’hui, ma motivation est intacte aussi parce que je partage tout cela en famille. Quand mon fils passe la ligne d’arrivée et qu’on lui passe sa médaille, c’est un sentiment fort. On progresse ensemble. J’en suis très fière.

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